À prendre ou à laisser : Le livre de Lionel Shriver

Kay a accompagné son père tout au long de la maladie d'Alzheimer. Au bout de dix ans de souffrance, Kay se sent plus soulagée que triste du décès de son père. Elle n'a que 50 ans, mais suite à une conversation avec Cyril, son mari, ils décident que le jour des 80 ans de Kay ils partiront ensemble. Depuis sa parution ce livre me tenté de par son thème : la maladie, la souffrance et la fin de vie dont on devrait plus parler... J'ai réussi à le lire entièrement mais il y est question des périodes covid et brexit. Le texte est redondant, il y a 12 solutions possibles pour la fin, il y a donc toujours un moment où l on en revient au même point. Enfin, les dialogues eux m'ont semblés peu crédible. Je vous souhaite une meilleure lecture qu'à moi si le thème du choix de la fin de vie vous intéresse.

Idée originale, mais j'ai du mal avec les variations autour d'une même trame. J'ai l'impression de lire une succession de brouillons sans que l'auteur se soit donné la peine de développer suffisamment une version pour en faire une version "officielle". Du coup je n'arrive jamais à entrer dedans. J'ai par conséquent du mal à faire une critique objective de ce livre. Je pense quand même que 12 variantes, c'est trop, surtout quand le sujet est lourd à la base.12 nouvelles différentes toutes autour de la fin de vie auraient peut-être été plus pertinentes.

Quand l'âge est là, tout un cortège d'ennuis attend derrière la porte. Quand le grand âge arrive, ils se sont bien installés et entraînent d'autres ennuis pour la famille, les enfants notamment. Lionel Shriver nous décrit à la perfection ces soucis d'un couple qui, ayant vu décliner leurs parents, ne veut pas représenter le même fardeau, physique et moral, pour leurs enfants. Ils décident donc de se suicider à 80 ans. Mais, il y a un 'mais' d'importance : comme le destin joue avec les humains, on n'arrive pas à prévoir avec exactitude son avenir ! Ici, Lionel Shriver s'amuse en inventant une douzaine de possibilités, de la plus réaliste à la plus fantaisiste, de la plus jubilatoire à la plus tragique. Et elle le fait avec dérision, tendresse, férocité et humour. Elle s'essaie même à la science-fiction en projetant ce couple dans un futur proche puis nettement plus éloigné. L'auteure joue avec des éléments et des situations récurrents, elle les travestit en leur donnant un rôle plus ou moins important selon les situations, et c'est ça qui est aussi hilarant. A part les longues envolées sur le Brexit et la politique britannique, j'ai adoré ce roman qui nous questionne subrepticement sur notre propre vieillesse, le sens de notre vie et...de notre mort.

Il y a des livres qui marquent une vie. Au risque d’en oublier un paquet, je pourrais me risquer à en citer quelques-uns (et à ce petit jeu, j’attends vos contributions en commentaire !...). Une de mes premières claques fut la série Epouvante chez Gérard de Villiers où Serge Brussolo est peut-être au sommet de son art (de Cauchemar à louer à, disons, Les inhumains, dix romans cultes pour moi). Le premier siècle après Béatrice d’Amin Maalouf. Les Belles âmes de Lydie Salvayre. Cris de Laurent Gaude. Retour à Killybegs de Sorj Chalandon. Veuf de Jean-Louis Fournier. Naissance d'un pont de Maylis de Kerangal. L’art français de la guerre d’Alexis Jenni. Plus récemment la baffe Marianna Enriquez et Emilienne Malfatto. J’en oublie plein. Et puis fin 2022, deux énormes mandales. Histoires de la nuit de Laurent Mauvignier, que j’appréciais déjà beaucoup mais qui nous livre un authentique chef d’œuvre. Et ce roman de Lionel Shriver qui trainait dans ma pile depuis plusieurs années, parce que littérature américaine et pavé, deux bons prétextes pour repousser la lecture de Il faut qu’on parle de Kevin, qui s’avère être monumental. Alors lire un nouveau roman de Lionel Shriver, c’est à la fois extrêmement attirant et presque angoissant de peur d’être déçu. Parce que, fin du suspense (#abregefrere), A prendre ou à laisser n’est pas mesurable au bijou sus cité. Il n’en reste pas moins que c’est un excellent roman, extrêmement inventif dans sa construction (j’ai bien failli être dérouté dès l’entame), avec toujours cette profondeur des personnages mais agrémenté d’une dérision littéraire fort bien venue. Il me reste à dépoussiérer Quatre heures, vingt deux minutes et dix huit secondes mais ça devrait le faire, il y est question de course à pied.