Bonjour tristesse : Le livre de Françoise Sagan

Un livre court qui exprime une langueur, la jeunesse lors d’un long été dans le sud, mais ici une jeune fille souhaite conserver son train de vie tranquille avec son père et l’empêche de construire une relation avec une nouvelle femme. Ce livre illustre justement ce sentiment de jalousie injuste et presque puéril, ce refus de changer coute que coute, le tout dans la tête d’une adolescente. Une ambiance pas sans rappeler Call me by your name mélangé à The Bell Jar.

C’est l’histoire d’une jeune fille qui joue avec les sentiments des adultes. Le fond de l’histoire peut être considéré aujourd’hui comme « mignonne ». Il ne ferait plus scandale. Cependant, à l’aune des années 1950, je comprends que ce roman ait fait parler de lui sur tous les tons. L’éducation laxiste et le comportement choquant de la narratrice et de son père m’évoqueraient davantage la fin des années 1960. Ce que je trouve remarquable à 70 ans de recul est la finesse de la psychologie des personnages et une écriture élégante qui séduit d’autant plus que l’autrice n’avait que 18 ans lorsqu’elle a écrit ce roman. Bref, j’ai été agréablement surprise.

Bonjour tristesse a choqué l'opinion à sa sortie en 1954. Aujourd'hui, il est devenu un classique, étudié au lycée. Je me rappelle l'avoir beaucoup aimé jadis, adolescente. J'ai voulu retenter l'expérience. Cécile a dix-sept ans. Elle mène une vie facile. Son père idolâtre, Ce séducteur multiplie les rencontres amoureuses. Cécile n'y voit pas d'inconvénients. Elle est totalement libre et heureuse. Aussi, elle accepte facilement la présence d'Elsa, une jeune femme de vingt-six ans, cet été-là, à Fréjus... C'est l'histoire d'un été, d'un été chaud et torride, moite et humide. L'histoire d'une jeune fille de dix-sept, d'apparence heureuse et comblée, qui ne veut pas voir sa vie changer. Qui ne veut pas se projeter dans l'avenir. Qui se joue du destin. Je me demande toujours pourquoi j'aime tant ce roman. Je n'ai pas envie de le décortiquer. Je l'aime tout d'un bloc ! Le roman est minuscule et pourtant si dense ! Il y a là toute l'insouciance de la jeunesse, cette façon de glisser sur le temps, sur ses actes et ses conséquences, de croire au présent, de rejeter l'avenir, de ne pas s'engager, de vouloir donner son avis mais de refuser de trancher, ... J'ai peut-être un peu trop l'image de l'autrice en tête. Je lis Cécile, je vois Sagan. Je l'imagine les cheveux courts.. C'est une adorable tête à claques. Je vois la villa sur la côte et une autre époque, luxueuse. Un homme à femmes, qui se vante de ses conquêtes, et s'entourent de délicieuses idiotes. Et puis, Anne, la femme fatale... Toute une époque, lointaine déjà et pourtant, c'est si actuel ! Un mélodrame qui me parle encore aujourd'hui. Je ne sais pas ce qui me plaît tant là dedans. Peut-être y retrouver un peu mon adolescence ? Entre insouciance et désenchantement. Challenge XX ème 2025 Challenge xx ème illimité Challenge plumes féminines 2025 Challenge Héroïnes 2024/2025

Bonjour tristesse raconte comment on devient femme au début des trente glorieuses dans une classe privilégiée parmi coquillages et crustacés. L'étonnante Françoise Sagan dans sa prime jeunesse ayant capté les mécanismes de manipulation et de désabusement qui en résulte. Le corps de la jeune fille va à la découverte de l'amour dans ses versants du plaisir et de la souffrance, elle parle de la violence même dans l'amour et c'est ainsi qu'elle se lance dans la vie d'adulte. Me vient à l'esprit en parallèle "Mémoire de fille" d'Annie Ernaux, déjà une autre époque, un autre milieu et une prise de conscience de comment à travers le corps de la femme encrée dans son époque et ses contradictions advient ce fameux être femme.