Il faut beaucoup aimer les gens : Le livre de Solène Bakowski

Ce livre fait découvrir la vie retracée d'une femme qui va faire rejoindre d’autres parcours, d’autres souvenirs partagés. Comme un puzzle qui s'assemble au fur et à mesure, les morceaux s'assemblent. Du décès d'une anonyme, un homme se met en quête de remettre du sens et de l’humain à ce qui n’en avait pas. Redonner de la dignité et une histoire à cette personne devenue invisible pour se réinjecter lui même un peu de vivant dans sa propre vie. Cet ouvrage rappelle à chacun de nous que le parcours de vie d’une personne ne peut se résumer à ce que l’on peut percevoir d’elle à une période donnée. La somme des tranches de vie et autres embûches de tous ordres peuvent changer le parcours de quiconque. Et quand chacun de nous évite le regard d’une personne qui vit dans la rue lorsque l’on passe à proximité, il est essentiel de se rappeler que cette absence de regard entraine une déshumanisation de chacun de nous... (petite pensée pour Camel).

J'ai été happée par le titre, qui m'avait intriguée, puis par le résumé en 4ième de couverture. Ce livre a tenu ses promesses, j'ai eu plaisir à retrouver vite la suite de l'histoire dès que j'avais un moment. Si lit facilement, l'écriture est fluide. Au cours de ma lecture j'ai envisagé plein de fins possibles et j'avais vu venir peut-être un peu trop facilement le dénouement. J'aurais voulu une conclusion plus positive, peut être un petit chapitre "quelques années plus tard"... C'est mon premier livre de l'auteure et cela m'a donné envie de découvrir les autres.

Il faut beaucoup aimer les gens pour entrapercevoir ce qu’ils sont vraiment et surtout ce qu’ils s’évertuent à cacher aux autres. J’ai aimé cette intrusion dans l’intime, ce sentiment d’urgence à savoir, à rendre à l’autre ce qu’il a été, cette sensibilité à s’évertuer à voir au delà des apparences. Un roman émouvant sur la vie avec des existences qui se télescopent, qui se croisent et qui s’ignorent, des liens invisibles et de l’amour. Une histoire qui nous touche grâce à la justesse de ses personnages qui sont doux, réalistes et attachants. Effectivement, il faut beaucoup aimer les gens pour savoir les décrire si parfaitement.

Tous les cris, les sos des terriens en détresse, des invisibles qui font partie du monde, le font même tourner et leur solitude qui s’accroche à celles des autres. On se sent bien mieux à la vivre à plusieurs. Il y a un gosse de 11 ans et le corps sans vie d’une SDF. Il y a un photomaton. Il y a Eddy devenu adulte , un deuil, des traumatismes. Il y a une luciole qui éclaire les nuits des paumés comme lui. Il y a un magnétophone, une quête. Il y a enfin un nom, Rosa qui chante la vie en rose. Les rencontres mènent à Rosa ou plutôt Rosa mène aux rencontres. Un petit bout de femme qui tend encore la main dans la mort quand elle a toujours dit n’avoir rien à offrir, pour toujours une lumière dans la nuit. On peut tourner la page du passé mais on ne l’efface pas et encore moins les gens qui l’ont peuplé. Une mélodie de la vie vibrante, hommage à ceux qu’on ne voit plus et qui pourtant comptent. Une magnifique découverte!