Je suis une île : Le livre de Tamsin Calidas

Quelle perle ! Dans ce roman autobiographique sensible et délicat, Tamsin Calidas nous raconte son installation dans une fermette sur une île des Hebrides, dans les highlands ecossais. Tout ne se passe pas comme prévu et l'actrice devra composer avec la solitude, le courage d'être soi, dans un environnement pas toujours clément. C'est sauvage, avec des descriptions d'une rare beauté, je suis ravie par cette lecture de fin d'année pour clore 2024.

Je suis une île/ I am an island 2020 Tamsin Calidas récit Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Caroline Bouet 2022 Dalva, 361p Ce récit happe, il interroge, il remet en question, il vous habite, et une fois fermé il vous habite encore et vous fait réfléchir à la manière dont vous faites les choses. Tamsin Calidas raconte ce qu’elle a vécu pendant 14 ans dans un croft, une ferme, dans une île des Hébrides écossaises, pluies, vents, tempêtes assurés.. L’endroit est impressionnant, et les gens guère accueillants, même si la tradition dans cette île, veut que chaque maison reste ouverte. Précisons que Tamsin est de père asiatique, sa peau brune ne l’aide pas. Tamsin Calidas a un passif : petite fille, elle a été maltraitée par son père sous les yeux de sa mère qui ne disait rien. Son ressenti la brûle encore. Jeune femme, elle a subi un accident de voiture qui a beaucoup lésé son corps et sans doute lui a interdit de mettre au monde un enfant. Avec son compagnon, ils ont essayé tant et plus d’avoir un enfant, en vain, d’où beaucoup de chagrin et de souffrances. Elle est cadre, elle voyage énormément pour son métier, elle gagne beaucoup d’argent. Deux choses importantes lui arrivent : elle a un grave accident de voiture alors qu’elle se trouve dans un taxi justement pour se rendre à l’aéroport, et elle rencontre Rab qui deviendra son compagnon. Londres ne les emballe plus autant qu’avant, et quand ils découvrent un croft à vendre, ils foncent, ils l’achètent sur un coup de cœur. La vie est dure pour ces néo-ruraux, la maison est à refaire entièrement, il faut acheter vaches, agneaux, ils vendront les vaches, il vaut mieux ne s’occuper que des seuls moutons. La vie est rude, épuisante, mais l’île est si belle, elle donne de l’énergie. Cependant l’argent vient à manquer, Rab se lasse d’une vie aussi austère, et le plaisir d’avoir un enfant leur est refusé. Rab la trompe, la quitte, elle reste seule, et pour comble de malchance, elle se casse les deux mains. Seule, pas tout à fait. Elle est l’amie de Cristal qui ne se remet pas de la mort de son mari. Il lui faut un courage monstre pour supporter la douleur physique et la douleur du cœur. Alors elle s’identifie à la nature, et chaque jour, va nager dans la mer gelante pour mieux percevoir les éléments naturels. Récit impressionnant, que de luttes à livrer pour vivre la vie qu’on a librement choisie, et quel bonheur de faire corps avec la nature tourmentée et terriblement vivante. Des photos prises par l’auteure accompagnent chaque chapitre, sont rassemblées à la fin du livre, l’une d’entre elles illustre la couverture et le titre. Ce livre ne peut pas laisser indifférent. On souhaite à l’autrice la chance d’adopter un enfant.

J’ai adoré lire ce livre. Malgré la difficulté de l’histoire racontée par l’auteur, c’est surprenant d’y trouver autant de beauté. Je me suis demandée pourquoi j’avais si hâte de reprendre ma lecture chaque soir alors que j’allais sans doute continuer à découvrir la cruauté de la vie qu’à traversé cette femme. Elle révèle un secret dont j’avais déjà entendu parlé mais qui est plus clair dans ce récit, comment la difficulté et l’adversité peuvent aussi permettre de trouver du sens et de la beauté dans notre vie. Peut être que le bonheur ne tient pas qu’au confort matériel, qui n’est qu’une illusion. Ce récit est magnifique. Il m’a passionnée à chaque page, je ne peux que le recommander.