Rapatriement : Le livre de Eve Guerra

Annabella fait des études de lettres à Lyon lorsqu'elle apprend la mort de son père. Elle se rend à Royan et retrouve la famille paternelle. La question du rapatriement se pose, le père étant mort en Afrique. Lui revient alors en mémoire son enfance passée en Afrique avec son père. Enfance chaotique auprès d'un père aimant mais imprévisible, alcoolique. J'ai trouvé tout cela confus, brouillon, à l'image d'Annabella qui ne ma pas été des plus sympathique. L'écriture, les enchaînements, la vie d'Annabella, tout est chaotique. J'ai eu du mal à trouver ma place dans ce roman autobiographique.

Un livre coup de poing. dont l'écriture m’a emportée comme un torrent. La narratrice est une jeune femme de 23 ans étudiante en Lettres à Lyon. Elle apprend la mort brutale (et mystérieuse) de son père au Cameroun où elle a passé son enfance. Commence un combat pour rapatrier le corps. Dans le torrent de la narration, sont charriés dans le désordre passé et présent : sa rupture avec son père (elle est enfin libre mais inconsolable), une rupture amoureuse, son enfance chaotique, son père brutal, alcoolique et adoré, le chagrin, la colère, la vie d’expats pauvres, sa jeune mère camerounaise disparue et qui refait surface, la famille de son père lourde et lointaine à la fois, ses cheveux de métisse, un amant de passage, la maison de feu sa grand-mère...

Quelques dizaines de pages et je me suis laissée emportée par ce roman sombre au style de légèrement décousu mais qui nous entraîne rapidement vers un destin hors du commun. L'histoire d'une jeune femme qui s'efforce de rester elle-même dans un monde qui la malmene... Belle découverte...

C’est un livre qui m’a réconfortée. C’est la première fois que je lisais une autrice congolaise de Brazza (et non de la RDC), comme moi. Alors ça m’a fait chaud au cœur. Mais c’est bien le contenu du livre qui m’a touchée, au-delà des origines partagées. J’ai aimé suivre le parcours d’Annabella, son évolution et son introspection. Ce que je trouve super et assez rare pour être soulignée, c’est que le fait de ne pas apprécier la protagoniste ne m’a pas empêchée d’aimer ce roman. Dit comme ça, ça peut être dur mais j’ai vraiment eu du mal avec le caractère et le comportement d’Annabella, qui a tant de mal à se décentrer et à se remettre en question. Toutefois, elle sait faire preuve d’une lucidité envers elle-même et prendre assez de recul pour reconnaître ses failles et ses (nombreux) travers. C’est une belle démarche et l’on comprend aisément pourquoi c’est si compliqué pour elle d’être autrement, au regard de son parcours semé d’embûches. Ce parcours émouvant, la narratrice nous en fait part et nous touche, sans s’apitoyer sur son sort pour autant. L’autre force du récit réside dans la plume de l’autrice. Elle est particulière mais sa fluidité m’a permis de rentrer dans le récit. Le ton colle parfaitement à la personnalité parfois instable d’Annabella, et s’il peut paraître décousu, je n’en ai pas perdu le fil. Ses pensées qui fusent ont contribué au dynamisme du récit et à son authenticité, qui se retranscrivent notamment dans les dialogues, dont on peut souvent reprocher le manque de naturel en littérature. En définitive, j’ai aimé cette histoire et les mots délicatement choisis pour l’autrice pour la raconter à sa façon, qui me semble être une formule qui marche.