Une fille j'ai embrassée : Le livre de Emma Donoghue
Août 1805. Au pensionnat de King's Manor, dans le Yorkshire, Eliza Raine, fille d'un médecin de la Compagnie des Indes orientales et de son " épouse de campagne " indienne, se lie avec une nouvelle élève, Anne Lister. Si la jeune orpheline fait de son mieux pour passer inaperçue, Lister – comme elle aime à se faire appeler –, issue de la petite noblesse, se plie plus difficilement aux conventions de l'époque. Téméraire, le verbe haut, la jeune femme aux allures de garçon revendique son esprit d'indépendance. L'amitié naissante entre les deux élèves laisse rapidement place à autre chose. Mais cette passion secrète va bientôt être mise à l'épreuve.
Dix ans plus tard, Eliza écrit à son amante depuis l'asile où elle est internée...
Inspirée par la correspondance inachevée d'Eliza Raine et le journal intime d'Anne Lister, femme de lettres et exploratrice anglaise devenue figure de proue du lesbianisme, l'histoire d'un premier amour sur fond de colonialisme et d'émancipation féminine.
Née en 1969 en Irlande, Emma Donoghue vit aujourd'hui au Canada. Elle a fait sensation avec son roman
Room, best-seller international en 2011 et adapté au cinéma. Après
Le Pavillon des combattantes (Les Presses de la Cité, 2021), elle publie ici son septième roman traduit en français.
De (auteur) : Emma Donoghue
Traduit par : Chloé Royer
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Punkygev
• Il y a 1 mois
Quelle belle découverte, c'est un roman qui me faisait de l'oeil depuis sa sortie. Ce roman est tiré de faits réels, l'amour entre Eliza Raine, jeune métisse et Anne Lister. L'histoire d'amour de ces 2 adolescentes de 14 et 15ans dans la région du Yorkshire au début du 19ème siècle. Le roman est découpé entre des lettres écrites par Eliza et leurs vies à King's manir, une école de jeunes filles. J'ai été subjuguée par cette histoire, cet amour pur, la découverte des corps. Tout est écrit avec poésie, tendresse. Même si la partie où on suit le quotidien de ces jeunes filles peut paraître ennuyeux, pour ma part j'ai trouvé cela intéressant, cela donnait un rythme, leurs rythmes. Ça ne devait pas être drôle tous les jours, même les leçons avaient l'air d'être soporifiques. Cette amitié amoureuse est décrite avec une telle justesse, une tendresse, une sensualité, que ce fût agréable de la vivre à travers ces pages, une très belle histoire émouvante. Les lettres d'Eliza atteinte de folie sont puissantes, touchantes ; ces mots tendres parfois assassins, durs, alternant souffrance et passion. De plus, l'autrice à la fin du roman nous dévoile toutes ses recherches, tout le travail, les trouvailles au sujet de ces 2 femmes et c'est hyper intéressant. Je vais peut-être me laisser tenter par la série Gentleman Jack qui retrace l'histoire d'Anne Lister presque 20ans après les faits décrits dans ce roman.
Milllie
• Il y a 2 mois
1805. Dans le très strict pensionnat de King's Manor à York, Eliza se fait toute petite. Orpheline et métisse, née aux Indes d'un père anglais et d'une mère indienne, elle sent bien qu'elle n'est pas vraiment acceptée dans la bonne société anglaise et qu'elle doit faire oublier ses origines. Alors quand arrive la flamboyante Anne Lister (ou Lister comme elle préfère se faire appeler), Eliza est subjuguée. Lister n'a que faire des règles et de la bienséance, n'hésite pas à dire ce qu'elle pense et à poser les questions qui fâchent. Les deux jeunes filles deviendront vite amies puis beaucoup plus... mais un grand amour est-il vraiment éternel ? Moi qui lis assez peu de romans historiques, n'étant pas vraiment amatrice du genre, j'ai admiré le talent avec lequel Emma Donoghue nous plonge immédiatement dans l'Angleterre et la bonne société de ce début du XIXe siècle vue à travers le prisme d'un pensionnat de jeunes filles. A travers les yeux d'Eliza, débarquée tout juste quelques années plus tôt de son Inde natale dans ce pays dont elle ignore tout à part que c'était celui de son père, nous découvrons les règles strictes du pensionnat, les rivalités qui règnent entre les filles et la manière dont la hiérarchie interne reflète finalement celle du dehors, une société totalement codifiée et patriarcale où les jeunes filles bien nées et fortunées sont destinées à faire un beau mariage tandis que les autres doivent essayer d'attirer au plus vite l'attention d'un bon parti. le racisme ne se cache pas et quand on est métisse comme Eliza il est difficile de se faire accepter. Toute cette description de cette petite communauté de jeunes filles est passionnante et j'ai beaucoup apprécié le style vivant et riche avec lequel l'autrice nous la décrit. L'arrivée de Lister vient mettre un peu d'animation dans le pensionnat et là aussi son portrait sonne juste : une jeune fille qui a décidé avant l'heure d'être libre et de ne pas se conformer aux règles étriquées qui régissent le monde des femmes à cette époque, un garçon manqué qui préfère courir prés et champs avec ses frères que tenir son rôle de sage jeune fille, bref un vrai électron libre qui va subjuguer la sage Eliza. Mais paradoxalement alors que les scènes s'enchaînent et que le portrait gagne en intensité, j'ai trouvé que le roman patinait un peu. le lecteur sait déjà que l'amitié entre Eliza et Lister va se transformer en un grand amour et l'autrice intercale entre les différents chapitres les lettres qu'écrit Eliza dix années plus tard, depuis l'asile où elle est enfermée. Je m'attendais donc à un peu plus de tragique ou à tout le moins à une folle passion qui s'est mal terminée et j'ai trouvé que le roman se trainait un peu trop et ne nous faisait pas assez ressentir la force des sentiments adolescents des 2 jeunes filles. Mon intérêt s'est hélas un peu émoussé au fil des chapitres que j'ai trouvé parfois longuets dans leur volonté de décrire toutes les menues péripéties qui rapprochent petit à petit les deux héroïnes. L'internement d'Eliza est à peine expliqué même si on en comprend les grandes lignes et je suis finalement un peu restée sur ma faim en ayant eu l'impression que l'histoire n'avait jamais vraiment démarré. Une fille j'ai embrassée vaut surtout pour cette minutie et cette fidélité à restituer une époque révolue et à en dénoncer l'hypocrisie et les maux. L'autrice décrit parfaitement l'enfermement et l'absence de choix des femmes de l'époque et j'ai adoré sa manière de construire son récit à partir de petits riens qui en disent tant. Il m'a par contre manqué une vraie intrigue ou peut-être un peu plus de tension narrative dans ce roman qui a fini par devenir un peu fade et que j'ai refermé avec une légère impression que l'autrice avait été impressionnée par son sujet (inspiré de la vraie vie de Anne Lister et de ses correspondances) et était un peu restée en deçà de son modèle.
traversay
• Il y a 2 mois
Emma Donoghue a beau se montrer éclectique dans le choix de ses sujets (Room, Frog Music, Le pavillon des combattantes), elle réussit à chaque fois le tour de force de nous passionner, sans doute par son style, faussement simple, mais aussi grâce à la qualité des portraits de ses différents personnages. S'il en est de même dans Une fille j'ai embrassée, l'on trouvera dans la postface du roman une raison supplémentaire de lui donner crédit, celle d'avoir imaginé une fiction crédible à partir des éléments biographiques qu'elle possédait sur ses deux héroïnes, dans leur adolescence, et notamment sur Anne Lister, cette femme de lettres et exploratrice anglaise du XIXe siècle, qualifiée souvent de "première lesbienne moderne" (célèbre, serait-on tenté d'ajouter), si tant est que cette appellation ne soit pas teintée d'une légère misogynie. L'autrice est brillante pour créer un univers et elle y excelle encore ici, dans la description d'un pensionnat de jeunes filles de York, alors que l'Angleterre est en guerre contre contre ce diable de Napoléon. Emma Donoghue nous fait rencontrer une Anne Lister adolescente, déjà très sûre d'elle, éprise de liberté et d'aventures qu'elle vivra effectivement dans sa vie d'adulte. Mais si l'histoire d'amour de Une fille j'ai embrassée est touchante, c'est d'abord à cause de l'autre demoiselle, Eliza Raine, réservée et quelque peu timide, issue d'un métissage dans les Indes, qui la complexe à cause de sa peau brune. Ce n'est pas un secret de révéler qu'elle passa une grande partie de sa vie future en asile psychiatrique et ce premier amour y fut naturellement pour beaucoup. Ann Lister l'a t'elle manipulée ou éprouva t-elle des sentiments d'une totale réciprocité, c'est à chaque lecteur d'en décider, dans ce récit qui prend son temps, parfois un peu trop, mais qui confirme le talent de la romancière pour nous immerger en des temps et en un lieu, admirablement dépeints.
Lesbotheque
• Il y a 2 mois
Je l'attendais avec impatience ce livre D'Emma Donoghue qui m'avait fascinée avec Room. Et je m'y suis promenée avec beaucoup de plaisir même si l'ouvrage me semble plus classique que ce à quoi m'avait habituée l'autrice. Les fans de Sarah Waters y trouveront leur compte. Il y a dans "Une fille j'ai embrassée" beaucoup de similitudes : une époque ancienne (1800), des jeunes femmes malmenées par une société qui fait d'elles d'éternelles mineures, la guerre. On y trouve aussi des différences, plus d'audace et de poésie dans la manière de décrire deux jeunes filles découvrant l'amour. Elles sont décrites avec beaucoup d'originalité, beaucoup de passion aussi. Elles sont très belles. Le contenu y est aussi moins dense et c'est probablement là, un des défauts du livre. On reste sur sa faim. C'est trop court, il n'y a pas assez de Raine et de Lister à mon goût. J'aurais voulu en lire bien plus notamment sur leur vie post pensionnat qui n'est qu'effleurée. J'ai même espéré un second tome (c'est plus ou moins ce que j'espère de tous les livres que j'aime : qu'ils ne se finissent jamais). L'histoire romancé de ces deux jeunes femmes est portée par une écriture très poétique, les lettres [masquer] jetées du haut de son asile par Raine dans l'espoir qu'elles parviennent jusqu'à son amour perdue [/masquer] m'ont presque arraché une larme. La folie qu'évoque l'autrice est l'autre sujet de ce livre. La frontière flou où l'on ne sait si l'on est véritablement folle où si l'on fait simplement taire une personnalité qui dérange est amené avec beaucoup de subtilité bien que comme d’autres aspects j’aurais aimé en lire plus.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782258207554
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 448
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- Dimensions
- 211 x 138 mm
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23,00 € Grand format 448 pages