Le gardien de Téhéran : Le livre de Stéphanie Perez

CHRONIQUE LECTURE TERMINÉE #128218;#10024; #127470;#127479; le gardien de Téhéran #128466;#65039; 230 pages #9999;#65039; @perezzstefanie @editions_pocket #11088;#65039; 4,75/5 Résumé #8617;#65039; Printemps 1979, la révolution islamique met les rues de la capitale à feu et à sang. #129656; Les mollah brûlent tout ce qui représente le modèle occidental vanté par le chah déchu, désormais en exil. #129323; Cyrus, le gardien du musée, trouve refuge parmi les tableaux convoités, qui représentent ce que le pays ne souhaite pas voir (nudité, homosexualité, culture), et se fera un point d’honneur à les protéger. #128444;#65039; Mon avis #9997;#127996; Ce roman est une véritable claque, j’avais très peur de le lire, car le résumé m’a semblé un peu complexe. Mais il s’est avéré être une pépite immense. #129782;#127996; J’aime énormément les romans qui parlent de l’art, et ce livre met en avant toutes les grandes figures artistiques, telles que Gauguin, Monet, Picasso, ou encore Andy Warhol, qui vont avoir une place prédominante dans ce récit. #10084;#65039; Je n’ai pas mis 5/5, car ma connaissance de la situation politique n’était pas assez développée pour en saisir toutes les nuances, mais l’autrice nous facilite la tâche en nous proposant un récit fluide, extrêmement facile à comprendre, et à lire, même en ayant une faible connaissance du sujet comme moi. #129782;#127996; L’histoire de Cyrus, ce protecteur du musée m’a beaucoup touchée, car il s’engage à protéger les œuvres que veulent détruire les mollahs, l’art représente en effet ce que le pays ne souhaite pas voir, mais en même temps c’est l’histoire et la culture que certains souhaitent transmettre à leurs enfants et c’est cela tout le paradoxe de l’histoire. #128103;#127996; On aborde également la position des femmes, on parle de leur liberté, et du manque de liberté. Cela fait écho à l’actualité et c’était passionnant à lire. #128214; Ce roman est une mine d’or, pour ceux qui aiment l’art, l’histoire, et les sujets d’actualité. Je le conseille à tous. #10084;#65039;#8205;#128293; Est ce que je t’ai donné envie de lire ce roman? #128522;

Un roman prenant et passionnant qui raconte la vie du gardien du musée de Téhéran de l'Iran d'avant, de pendant et d'après la révolution de 1979. De régime totalitaire en régime totalitaire, comment résister grâce à l'art ? Basé sur des faits historiques et sur l'histoire du véritable gardien de musée, ce roman fait écho aux évènements actuels et nous tient en haleine du début à la fin.

La révolution française en Orient ! 1977, le Shah d'Iran (dynastie Pahlavi) règne en maitre sur l'ancienne Perse. Grace aux accords de 1954 avec les Etats-Unis et l'Angleterre, le royaume récupère 50% de bénéfice de son industrie pétrolière (non précisé dans le livre). Le dernier Shah d'Iran pro-occidental, applique des réformes désireux d'ouvrir son pays à la modernité et d'en faire une grande puissance régionale. La culture américaine (cinéma, tenue vestimentaire, théâtres, restaurants...) domine la vie des iraniens confrontés aux conservateurs et aux vieilles traditions. La police secrète fondée en 1957, la Savak espionne et torture, l'opposition est tue, les écarts dans la société se creusent davantage. Pourtant, en 1966, près de 11 millions d’Iraniens ont bénéficié de ces réformes. Dans ce contexte, l'impératrice Farah Diba appelée 'l'impératrice des arts" s'attèle à son grand projet, celui d'ouvrir un musée d'art contemporain regroupant des œuvres occidentales et iraniennes grâce à l'argent du pétrole. Cette collection est estimée, de nos jours à 3 milliards de dollars. Mais, poussée par l'extrême gauche d'un côté et par Ayatollah Khomeiny exilé et soutenu par la France de l'autre, le peuple s'embrase et fait sa révolution dans un désir et un espoir perdu de liberté et de démocratie. Cyrus, employé du musée comme chauffeur livreur devient, malgré lui, le gardien et le défenseur des tableaux cachés dans l'ombre du sous-sol du musée. Ils y resteront. Il saura les préservés des Mollahs qui ont pris le pouvoir, le Shah s'étant exilé jusqu'aux Etats-Unis. Un bon roman expliquant les ravages de l'obscurantisme islamique, sa haine de l'occident et en particulier des USA ; son mépris de la liberté, des femmes, en particulier qui perdent peu à peu leurs droits, imposant leur vision du Coran dictant sa Loi contre la décadence occidentale : chant, musique, culture sont proscris. Le règne des idiots et des ignares a sonné. Un roman expliquant cette révolution de 1978 (renversement de la dynastie Pahlavi) corrompant le peuple (manipulation) en sous main dans les universités et les mosquées grâce à une idéologie islamique. Ayatollah Khomeiny fut élu par référendum à 98%. Un roman défendant l'art, étant universel et le principe du musée, décrivant certaines œuvres découvertes à travers ses lignes et la recherche Google. Un roman terni par une écriture plate, un manque de neutralité et un versement dans le pathos.

1967 : Cyrus entre dans l’adolescence lorsque le Roi et la Reine d'Iran deviennent Empereur et Impératrice. Ses yeux fascinés brillent presque autant que les ors impériaux qu'il découvre à la télévision. 1977 : Cyrus entre au service du musée de l'Impératrice. Cette dernière brigue une place de choix dans le monde de l'art international. Elle a missionné son cousin, Kamran Diba, pour constituer la meilleure collection d'art moderne et contemporain du monde, espérant ainsi relier l'Occident et le Moyen-Orient à travers l'Art. Mais le peuple gronde en constatant les dérives du pouvoir et les dépenses insensées faites au détriment de la population. 1979 : L'empire est reversé par le révolutionnaire islamiste Khomeiny. De chauffeur-livreur-manutentionnaire, Cyrus devient conservateur des oeuvres impies, au sens noble du terme. Il fera tout son possible pour protéger les toiles considérées comme dangereuses par le nouveau régime. J'ai été intriguée par l'histoire de ce gamin des bas quartiers qui réussit à s'élever culturellement, intellectuellement et spirituellement grâce à une collection d'oeuvres d'Art aussi fabuleuse que déraisonnable. Ce musée qui l'a accueilli un peu par hasard deviendra son refuge dans cette époque si troublée. J'ai beaucoup appris sur l'Iran et le Moyen-Orient des années 1970 (je pars de très loin à ce sujet). Le faste de l'empire auquel succède la morosité de l'islamisme est déconcertant. D'autant que dans tous les cas, ce sont les populations les plus modestes qui en pâtissent inévitablement... Malheureusement, j'ai été un peu déçue par le style et le rythme du roman. Le style d'abord : l'écriture journalistique très factuelle a le mérite de présenter clairement le contexte de la création du musée puis de la dissimulation forcée des oeuvres. Autre avantage : la simplicité du style en fait une lecture plaisante et rapide malgré les horreurs traversées. En revanche, ce phrasé ne laisse pas beaucoup de place à l'émotion. Malgré quelques tentatives fugaces de prose plus littéraire, voire poétique, je n'ai pas été emportée par l'écriture autant que je l'espérais. Je suis restée à distance des personnages pourtant exceptionnels (Cyrus, mais aussi Lauren, Donna Stein et Azadeh), qui m'ont semblé un peu factices malgré leur réalisme objectif. Le rythme ensuite : l'autrice s'attarde sur certains moments et passe très rapidement sur d'autres, "sautant" plusieurs années entre deux chapitres (surtout à la fin). Il s'agit certes de choix éditoriaux, mais cela a renforcé mon sentiment de "mise à distance". Il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'un récit important, qui témoigne d'une époque clé dans les événements internationaux qui suivront. Stéphanie Perez nous livre sa vision de reporter occidentale du XXIieme siècle sur la situation Iranienne de la fin XXième siècle. Les bouleversements culturels et religieux successifs sont aussi déstabilisants que troublants du point de vue de l'impie occidentale que je suis. Stéphanie Perez, en excellente journaliste-reporter, a travaillé son sujet tant sur la forme que sur le fond pour nous proposer un ouvrage très instructif. Je ressors de cette lecture enrichie de quelques connaissances artistiques et culturelles, qui m'aident à mieux comprendre cette partie du monde.