L'orage qui vient : Le livre de Louise Mey

L’orage qui vient écrit par Louise Mey, un incontournable dans votre bibliothèque Louise Mey est indéniablement une excellente romancière. L’orage qui vient est, pour moi, un livre jeunesse fantastique qui dénonce les dérives de société : surconsommation, non respect de l’environnement, manque de solidarité et d’entraide… Par ailleurs, le bouquin interroge également sur la place sociale des femmes dans la société. Il subsiste beaucoup d’interrogations aussi intéressantes qu’intelligentes dans cette histoire. Pocket - En libraire le 13 mars 2025 - 7,70 € - 176 pages.

Dans le Hameau vivent Mila, 15 ans, et sa mère Ela au sein d'une petite communauté de femmes et d'enfants vivant isolé et caché, en sécurité. Tous s'entraident et vivent tranquillement, en sécurité, loin des tensions qui ont fini par provoquer la Rétractation. Jusqu'à l'arrivée d'un homme plutôt bien accueilli par toutes sauf par Mila, méfiante. Il faut dire que la jeune fille a une particularité qui la rend particulièrement intuitive... Dans ce court roman très prenant, Louise Mey imagine un monde de l'après où un petit groupe est parvenu à retrouver équilibre et harmonie au fruit de grands efforts. On ne sait exactement ce qu'il s'est passé auparavant mais on devine que la folie humaine y a atteint son paroxysme, et qu'en dépit d'une paix relative le point de bascule n'est jamais loin. La menace sera masculine, car toujours les hommes viennent prendre, piller, profiter. J'appréciais déjà beaucoup les polars de l'auteure ("Petite Sale", "La deuxième femme"...), j'ai également beaucoup aimé cette incursion dans l'imaginaire, impressionnée en particulier par ce beau personnage de Mila.

#128058;Chronique#128058; « Elle n’a connu que cela: le Hameau. Un lieu de paix, où l’on s’entraide-» Tu vois, il y a des lieux qui donnent envie d’y vivre. Parce que l’on sait qu’il y fait, justement, bon vivre. On le sait. Imaginez un lieu secret, tenu par des femmes. Rien que ça, vous savez déjà que ca va être bien. Mais si vous rencontrez en plus ces femmes, vous saurez qu’elles ont à cœur de faire preuve de solidarité, de labeur sans faille, et de plénitude à toute épreuve... Tout ceci dans la joie et la bonne humeur. Tout dans l’entraide. C’est bon, vous saisissez que ce Hameau est un havre de paix? Un lieu magique à préserver. À préserver des regards, des convoitises, des prédateurs…C’est ainsi, depuis la Rétractation, sorte de post apocalypse, qui a complètement changé le monde d’avant. Elles doivent se débrouiller seules, en ne comptant que sur elles-mêmes, et de temps en temps, elles échangent leurs Eaux… « C’est sa nuit, et elle ne va pas la gâcher à cause d’un petit homme. » Mila aime, la nuit. Mila aime la forêt, son Hameau, sa communauté bien tranquille. Mila sent le danger à des kilomètres. Et l’arrivée d’un homme, c’est tout, sauf une bonne nouvelle…Elle le sait, elle le sent, c’est instinctif. Il faut qu’il dégage du Hameau. Mais certaines ne l’entendent pas de cette oreille. Un homme, c’est bien pour aider, qu’elle entend...Un homme c’est bien pour satisfaire... Un homme tout seul, c’est pas bien dangereux...Certaines ont la mémoire courte, on dirait...Certaines ne connaissent pas le dicton, « l’homme est un loup pour l’homme » et encore plus pour la femme, on dirait, aussi…Mais quid du loup face à la maîtresse de la nuit? Il a de l’électricité dans l’air, mais L’orage qui vient, n’a qu’à bien se tenir, car l’Eau ne fait plus rien à Mila, en revanche, la Rage, si… « Quel raisonnement étrange. D’où lui vient cette idée que l’on a besoin d’eux partout, d’où vient aux hommes cette certitude d’être essentiels. » Qui viendra avec nous, avec elles, avec nos louves intérieures, hurler à la lune, que non seulement, les hommes ne sont pas essentiels, mais sans doute, sont les pires nuisibles que la terre ait jamais porté? De grâce, qu’on se méfie moins de notre nature, mais plus de ceux qui la détruisent éhontement! Louise Mey avec ce roman, nous donne à penser qu’un autre futur est possible, qu’une autre alternative écofeministe est envisageable et certainement, plus éthique que cette folie capitaliste et carnassière…Mêlant les genres et une poétique troublante, je reviens du Hameau avec un coup de cœur et l’espoir viscéral d’un avenir meilleur et sororal avec plus de sœurs de la trempe de Mila ou de celle engagée et talentueuse comme Louise Mey…Accro(c) à cette plume, je m’en vais découvrir vite fait, les thrillers précédents de cette autrice en passe de devenir ma nouvelle chouchou!

Je connaissais l’hopepunk et le solarpunk, je connaissais les cosy mystery et la cosy fantasy, le temps est-il venu pour la cosy horror post-apocalyptique#8201;? Après avoir refermé L’orage qui vient de Louise Mey, je me pose sérieusement la question, surtout en voyant les avis parlant d’histoire «#8201;brutale et organique#8201;» et de roman «#8201;brûlant et haletant#8201;» en quatrième de couverture. L’orage annoncé tient plus de la bonne averse rapide de fin de journée que de la grande tempête de fin du monde. Dans ce roman, Louise Mey nous parle d’un hameau perdu au milieu de la forêt. Là des femmes et des enfants vivent sans hommes (pas volontairement à la mode Amazone, mais plutôt les hasards de la vie…) en quasi communauté depuis la Rétractation. Tout va pour le mieux quand, un jour de retour de la ville, les commerçantes reviennent avec un homme : Nathan. Qui est-il#8201;? Qui l’envoie#8201;? Et se fera-t-il aux règles de vie du hameau#8201;? Pour Mila, 15 ans et se sentant à la marge dans la communauté comme dans son corps, l’intrus n’inspire que méfiance. Mais comment convaincre les autres#8201;? Et avec quelles conséquences#8201;? Louise Mey choisit de nous présenter son histoire uniquement du point de vue de Mila et de faire un parallèle appuyé entre la lycanthropie et le passage à l’âge adulte. Des options classiques, mais plutôt bien exploitées dans ce roman qui, à l’exception de la scène finale, n’est pas si sanglant qu’annoncé. Elle choisit également une forme courte (environ 170 pages en poche) et pourtant… l’intrigue met du temps à démarrer. Entre la présentation de l’organisation du hameau, les premiers indices sur la situation de Mila et le reste, l’élément déclencheur n’arrive qu’après un tiers du livre… Et comme tout est montré du point de vue de Mila, sauf quand les autres expriment à haute voix leurs points de vue à la toute fin du livre, la tension n’est pas si forte. Qu’une adolescente de 15 ans pense que les adultes qui l’entourent soient stupides de ne pas voir clair dans le jeu du nouveau venu, je veux bien. Mais que la façon dont le récit est construit nous le fasse également penser… agace un peu le parent ayant survécu à l’adolescence de sa progéniture en moi. Et le climax final est finalement vite expédié… Alors que moi j’aurais aimé en savoir plus : comment les autres habitantes du hameau vont réagir au retour de Mila et à sa résolution de l’affaire#8201;? Qu’est-ce que cela va changer dans la vie de la communauté#8201;? Au final, L’orage qui vient aura été pour moi l’occasion de découvrir une nouvelle plume française. Et celle-ci, à l’écriture fluide et agréable à lire, fut une bonne surprise de ce point de vue. Mais cette lecture me laisse la désagréable impression d’être passée à côté de l’histoire, car là où on m’avait promis un huis clos horrifique au fond des bois, je me retrouve avec un épisode de fable utopique sur la façon de faire communauté en acceptant les différences de chacun et en se défendant contre les intrus. C’est bien aussi, mais ce n’était pas ce que j’attendais… Et vous, qu’en avez-vous pensé#8201;?