Une execution : Le livre de Danya Kukafka

Voilà un livre qui me laisse un peu déçu et avec un avis mitigé. Pourtant ce Prix NVDP est un gage de qualité et c'est la première fois que je ne suis pas totalement convaincu. Peut-être aurez-vous un avis différent, ça m'intéresserait. Ansel Packer est un tueur en série. Il est dans le couloir de la mort et il lui reste 12h à vivre. On est bien sûr aux USA. Et en attendant d'être exécuté, il ne pense qu'à deux choses : la parution à la face du monde de sa Théorie, son livre, l'œuvre de sa vie, ceci grâce à la complicité de l'une de ses geôlières, et son projet d'évasion lors de son dernier transfert. Shawna la matonne est amoureuse de lui et il compte bien s'en servir. La mort, il n'y pense pas vraiment, c'est une possibilité lointaine puisque, il en est certain, il va s'évader. Parallèlement, Danya Kukafka nous retrace la vie d'Ansel depuis sa naissance, son enfance perturbée, ses parents très particuliers (entre une mère enfant et un père violent et radin dans une ferme loin de tout) et.. les femmes de sa vie. Celles qu'il a côtoyées, aimées (?) et.. tuées. "Le tueur de gamines", c'est son surnom dans la presse, a fait 4 victimes. Tout au long de cette histoire, on remonte depuis le passé lointain années après années, puis heure par heure vers ce moment redouté : l'exécution. On suit les femmes, leurs rapports plus ou moins lointains avec Ansel et c'est là que se trouve l'originalité. Il n'est pas question d'enquête, ou si peu. On suit des femmes. Victimes ou pas, amies ou épouse, famille et camarades. L'enquête qui va le mener en prison ne m'a pas passionné. L'astuce qui permet à l'auteure de le faire identifier m'a semblée un peu grosse et la coïncidence assez discutable. Le léger suspense tient à la possible évasion.. c'est un peu court. Les heures passent, la mort approche et Ansel ne regrette rien, ne ressent rien. Un vrai de vrai psychopathe. Alors, la forme est originale (et je pense que c'est cela qui a guidé les votes), le texte plutôt bien écrit, on n'est pas dans le format multi-répété tuerie-enquête-capture ni dans le gore, on est plus dans le social et la psychologie mais.. bof.. J'ai trouvé cela long et je me suis un peu ennuyé à vrai dire. Peut-être n'étais-je pas dans de bonnes dispositions. Peut-être aurais-je préféré son concurrent finaliste La dernière maison avant la forêt, de Catriona Ward dont j'avais beaucoup aimé Mirror Bay. Il faudra d'ailleurs que je lise cette Maison avant la forêt..

Ouvrage récompensé du Prix Edgar Allan Poe en 2023, le scénario se concentre sur un serial killer Ansel Packer qui attend sont exécution dans le couloir de la mort. Dans ce récit exceptionnelle, provocateur, Danya Kukafka suit un compte un rebours avec effroi de cette mise à mort institutionnalisée, elle donne aussi la parole aux familles, un récit puissant et malaisant, une plume qui fait place à plusieurs temporalités, une réflexion hors du commun, confession, parole des femmes, histoire captivante, la plume de l'autrice est neutre en ne prenant pas partie.

Douze heures avant l’injection létale, Ansel Packer attend dans le couloir de la mort et remonte le temps, se souvenant de son enfance, de ses parents, de son petit frère, de sa femme… De ce qui l’a conduit là aussi… Son récit est complété par ceux de Lavender, sa mère, qui l’a abandonné, d’Hazel, sa belle-soeur, d’abord fascinée puis hostile, avec raison, à celui qui devient le mari de sa jumelle, et de Saffy, une enquêtrice, qui a croisé Ansel dans une famille d’accueil, durant l’enfance, puis, adulte, l’a traqué, convaincue de sa culpabilité dans des affaires de meurtres non résolus… Mon second coup de cœur de 2025 !!! Un thriller magistralement écrit, une voix d’homme, trois voix de femmes, sur plusieurs temporalités, pour une construction difficile mais parfaitement maîtrisée !!! L’intrigue repose d’abord sur la personnalité d’Ansel, entre inné et acquis, sa psychologie travaillée avec finesse, sans concession. Une réussite de la part de l’auteur, puisqu’elle parvient à nous faire ressentir un réel dégoût pour le tueur en série froid qu’il est, mais aussi de la pitié pour l’enfant fracassé qu’il fut… Sur le même plan, les personnages de femmes, malheureuse, persévérante, intuitive, sont tout aussi achevés… Le récit dévoile l’histoire d’Ansel de manière très progressive, d’une plume captivante, qui nous entraîne à sa suite, sans jamais pouvoir nous arrêter, alimentant cette espèce de fascination morbide que l’on peut parfois avoir pour les déviances de l’être humain. Pourtant le rythme n’est pas virevoltant, mais l’intérêt ne réside pas dans d’éventuels rebondissements, ou un dénouement surprenant… Non ! C’est un roman puissant, qui questionne sur l’anonymat des victimes, le bien et le mal, sur la rédemption ou le pardon, la peine de mort aussi… J’ai adoré !

Roman singulier et très intéressant. Ce n'est clairement pas le thriller habituel qui distille du suspens et ménage un twist final. Il est plus question ici d'une interrogation générale sur un tueur, la fascination qu'il peut exercer et les conséquences de ses actes sur les victimes et leurs proches. J'ai beaucoup apprécié l'élégance de l'écriture et la tendresse de l'auteur pour les victimes. Sa façon de montrer qu'un tueur n'est pas un monstre particulier sans pour autant tout excuser même si le passé et ce qui a construit ce tueur relève du traumatique. Un vrai bon roman noir avec une narration de qualité des personnages.