A l'ombre de Winnicott : Le livre de Christian Niemiec, Ludovic Manchette

Un manoir hanté dans le Sussex des années 30, un enfant handicapé et une préceptrice un peu étrange, j'ai longuement hésité à me plonger dans ce troisième roman du duo Manchette/Niemec. J'avais beaucoup apprécié Alabama 1963 et passé un bon moment dans les Etats-Unis des années 70 avec America(s). J'avais envie de lire celui-ci, qui a fait sensation les premières semaines de sa sortie. Le hic ? Je suis très très flippée et je déteste les histoires effrayantes de revenants. J'ai fini par me laisser convaincre par la bibliothécaire : "les fantômes sont secondaires, ce qui compte, c'est le reste !" Me voilà alors plongée dans ce récit de 500 pages où Viviane Lombard commence l'éducation de George, jeune enfant sur-protégé des Montgomery. Très vite, tous comprennent que des choses étranges se déroulent dans ce manoir. Est-il hanté ? J'ai aimé l'écriture des auteurs, on sent leur alchimie dans le récit et j'ai beaucoup apprécié les petites notes des auteurs, cherchant à piéger les lecteurs dans leurs stéréotypes et biais cognitifs. C'est un roman multichoral, ce qui m'a permis d'être touchée par les personnages principaux, notamment Viviane, George et Lucille. Cependant, je dois l'avouer, je n'ai pas été enchantée totalement par ce roman en dehors des personnages sympathiques. Ok, il y a des manifestations de fantômes, mais ça dure, ça dure... trop longtemps pour moi. Le dénouement arrive bien tard et est bien trop rapide. Je n'ai pas saisi où exactement le lecteur devait être emmené et le lecture m'a paru parfois longue, j'avais hâte de le terminer. Ce n'est pas une déception totale, bien sûr, je suis contente de l'avoir lu et d'avoir découvert ces personnages et cette histoire, mais ce n'est pas non plus un roman qui restera dans mon esprit longtemps.

Sussex, Angleterre, 1934. Dans un vieux manoir vivent Archibald et Lucille Montgomery, leur fils George mal voyant ainsi que leurs domestiques. Vivianne Lombard, une préceptrice française est engagée pour s’occuper de l’éducation du jeune homme. Alors que George et Vivianne apprenne à se connaître mutuellement, le manoir devient le théâtre d’étranges manifestations…une présence invisible ne rôderait-elle pas entre les murs de la vieille bâtisse ? Je suis assez mitigée concernant cette lecture. Tout d’abord, je ne peux que souligner la qualité de l’écriture des deux auteurs : l’histoire est fluide, les pages se tournent toutes seules… c’est vraiment très agréable à lire. L’ambiance est le réel point fort de ce roman : on est véritablement plongé dans une ambiance fantomatique et on imagine aisément ce manoir hanté au fin fond du Sussex avec le brouillard, le plancher en bois qui craque, les pièces sombres, le silence qui fait plus peur que le bruit…. On se croirait presque dans le film “Les autres” avec Nicole Kidman. Les personnages sont également attachants, notamment celui de la préceptrice que j’ai beaucoup aimée. Et sa relation avec George est vraiment précieuse. Néanmoins, je trouve que les auteurs auraient pu aller plus loin avec le thème (peut être sur la vie après la mort ?) et pousser un peu plus l’histoire qui est restée en surface. A la fin de la lecture, j’avais du mal à déterminer où les auteurs voulaient nous emmener. Concernant la fin, elle est très belle… mais je m’attendais à une fin qui ressemblerait plus à celle d’un thriller. Bien évidemment, cela ne reste que mon avis et le meilleur avis reste encore le vôtre !

Dans le Sussex des années 30 en Angleterre, un manoir, Winnicott Hall, abrite la famille Montgomery. Archie, le propriétaire , archéologue, qui part régulièrement en campagne de fouilles en Irak; Lucille , la maîtresse de maison un brin anxieuse et stressée, occupée par un club de lecture composée de gentes dames bien nées du voisinage. Il y a enfin George, le jeune fils aveugle. Cette famille est aidée par un majordome (Mr Talbott, raide , distant, mais néanmoins touchant et très dévoué) et une équipe de cuisinières et quelques dames pour l’entretien de la maison et du domaine. Viviane, une nouvelle préceptrice française est embauchée pour assurer l’instruction du jeune George. Très vite, d’étranges phénomènes se produisent, des bruits de pas dans les étages, des meubles qui se déplacent, les tableaux des ancêtres de la famille animés par une danse, des silhouettes dans le parc. Les tensions montent et se propagent dans tout le domaine. Même le retour d’Archie ne parvient pas à faire taire les angoisses, les questions et les difficultés qu’elles engendrent dans la vie au quotidien du manoir. Ce roman de presque 500 pages a un charme fou du presque huis clos d’un groupe de personnes, presque une famille qui doit faire face aux difficultés liées à l’évolution de ce jeune garçon atteint de cécité mais pétri de sensibilité et d’intelligence qui n’aspire qu’à une chose: être autonome, et rompre son isolement. Lucille se bagarre entre sa culpabilité, sa vulnérabilité et sa solitude. Viviane, la préceptrice qui est cash dans ses relations vient pimenter ce petit monde ouaté et bousculé un quotidien bien huilé depuis des temps immémoriaux. On est un peu dans Rebecca ou dans la saga familiale des Jalna. On a envie de savoir ce qu’il va advenir de ces phénomènes et de ces visions. A l’extérieur, gronde la guerre qui se construit. Le style des auteurs est irrésistible, précis, rythmé, truffé de références et de drôleries. Certains échanges sont même désopilants. On a le son et l’image, on entend respirer le vent dans les feuilles du parc lors des promenades. On perçoit ces bruits de pas alors que le noir est plongé dans le calme. Nous aussi on finit par tendre l’oreille! On échafaude mille scénarii d’une issue qu’on redoute. Au bout, il faut avoir gardé son âme d’enfant ou une âme particulièrement ouverte. Il faut croire à l’âme des lieux, aux signes de l’au-dela, aux présences occultes. On retiendra quelques formules inoubliables et les épisodes où parfois, le narrateur sort de la page pour s’adresser directement au lecteur , comme si on était au spectacle du déroulement de cette histoire. Du charme, encore du charme vous dis-je dans ce livre! A la fin, on est bouleversés mais profondément heureux. Que du bonheur!

Après avoir aperçu ce livre à maintes reprises, j'ai cédé à la tentation sans en connaître le sujet, et j'ai été véritablement enchantée. Nous découvrons le manoir Winnicott Hall en 1934, avec Archibald et Lucie Montgomery, ses propriétaires, Viviane, une Française un peu vieillotte, au franc-parler déconcertant, qui s'occupe de leur fils Georges, aveugle, et des autres domestiques. J'ai été touchée par l'amitié pure entre Viviane et Georges. Les deux sœurs femmes de ménage, la cuisinière et le majordome m'ont également beaucoup plu. L'histoire se déroule au manoir, où des événements étranges, de plus en plus fréquents et violents, surviennent sans explication véritable. Une suspicion générale règne, mais personne n'ose en parler de crainte d'être considéré comme fou. J'ai apprécié tous les personnages de ce roman. L'écoute était si agréable qu'à la fin, j'ai ressenti une certaine mélancolie. Je ne m'attendais pas à une thématique impliquant des fantômes, genre que je n'affectionne pas habituellement. Or, j'ai été agréablement surprise. La légèreté et la subtilité font de ce roman tout son charme. Je prévois de lire « Alabama 1963 » prochainement.