Moi, proviseur...- Journal impertinent d'une cheffe d'établissement combative : Le livre de Mahi Traoré

ce livre ne bénéficiant à l'heure actuelle que d'une seule critique, il m'a semblé nécessaire de lui donner un peu de vsibilité dans notre communauté de lecteurs, à ma modeste échelle. Des proviseurs de lycée, j'en ai croisé une bonne quinzaine au cours de mes années à servir l'éducation nationale en tant que professeur documentaliste. Des proviseures, quelques-unes, y compris dans les plus grands établissements où j'ai servi, et y compris dans les lycées polyvalents comme celui que dirige Madame Traoré depuis 2020 (un petit lycée parisien sur deux sites, qui dispense l'un des formations "de prestige" comme Vitrailliste, et l'autre prépare aux bacs pro industriels et BTS "enveloppe du bâtiment" c'est-à-dire vérandas, fenêtre, etc. ). Je n'ai par contre jamais croisé de femme proviseure d'origine malienne, et Mahi Traoré ne manque de faire savoir qu'elle est la première femme noire à accéder à cette haute fonction. Elle nous présente d'abord brièvement son parcours personnel et professionnel, lequel sera évidemment plus compliqué que pour un homme, et à fortiori un homme blanc, puis nous invite à la suivre tout au long d'une année scolaire dans son lycée "Lucas-de-Nehou", lors des temps forts qui la rythment : la rentrée bien sûr, qu'on prépare dès le mois de février précédent, les réunions avec les parents, les élections de délégués aux différents comités, la journée de la laïcité, la journée internationale des droits des femmes, les conseils de classe, les examens de fin d'année... Grâce à cet ouvrage, j'ai découvert un peu l'autre côté du miroir, celui que je connais peu en tant que prof, celui de la personne qui tient les rênes et est confronté sans arrêt à des prises de décisions parfois mûrement réfléchies, mais parfois aussi à prendre dans l'urgence. de multiples exemples "vécus" illustrent les aspects souvent méconnus de la fonction de chef d'établissement, qui doit veiller à la bonne marche de son vaisseau, en évitant les heurts avec les différents protagonistes (personnels, parents, élèves, hiérarchie...). Madame Traoré prône une attitude très ferme, très "carrée", pour ne pas laisser prise aux accusations de non-professionnalisme auxquelles elle se sait sans doute particulièrement exposée. Ce livre, présenté comme "le journal impertinent d'une cheffe d'établissement combative", est écrit à la première personne du singulier, ce qui lui donne une tonalité que j'ai trouvée trop auto-centrée. Il n'y a pas vraiment de place pour une autre opinion que celle de l'auteure, et quand quelqu'un n'est pas d'accord avec elle, la réplique est souvent cinglante, même sous couvert d'une grande tolérance. Bien sûr, difficile de désapprouver ses positions à l'égard des problématiques évoquées (notamment sur le harcèlement, le non-respect de la laïcité, l'intrusion croissante de certains parents dans les décisions prises par le corps enseignant), mais quand même, je l'ai trouvée assez fermée au dialogue et un peu trop convaincue de sa toute-puissance. Je suis sûre que si elle me lit, ce que j'espère, elle sera choquée de cette opinion, mais c'est néanmoins ce que son écriture laisse transparaître. Je ne suis qu'une modeste prof-doc, contractuelle de surcroît, et ne peux prétendre me comparer à une personne qui a franchi tant d'obstacles pour parvenir à occuper une fonction qu'elle mérite assurément (et qu'elle aime, cela transparaît dans tout le livre !). Mais je tenais à exprimer mon ressenti, même si, je n'en doute pas, je serais sans doute ravie de travailler à Lucas-de-Nehou !