Mourir au monde : Le livre de Claire Conruyt

Qu'y a-t-il de plus beau que de s'immoler, mourir au monde pour l'amour du divin, pour l'amour du monde et de la Création ? Véritable mystère que celui des religieux qui s'enferment, obéissent à d'autres règles, se choisissent un époux invisible et pourtant omniprésent. Mystère que Soeur Anne a embrassé, il y a 20 ans. Mystère que Jeanne embrasse, dans toute la fougue de sa jeunesse. C'est un roman en poésie, en finesse, en pudeur, en retenue. Jeanne, pétillante, lumineuse, pleine de désir de mourir au monde, est un concentré de joie, ce que la foi peut faire de plus abandonné. À l'inverse, Soeur Anne est le portrait de ce que Jeanne pourrait devenir, si la foi venait à s'éteindre : Anne est un personnage malade selon ses paires, devrait-on dire désabusée, désireuse du monde qu'elle a quitté. Après le décès de son père, tout semble lui revenir et alors deux chemins s'offrent : rester ou partir. Deux portraits, unis par un besoin: celui d'aimer, d'être aimé. C'est une très bonne lecture, un très bon roman, ni too much ni superficiel, où l'amour est traité avec énormément de douceur, sans que cela ne tombe dans le pathos ou le déplacé. L'amour qui unit Jeanne et Anne, à l'abri de la nuit, de la chapelle, au son du violoncelle, se développe petit à petit, exclusif, mélange d'admiration et de soulagement. Jusqu'à ce qu'il faille faire un choix. Une très bonne découverte, qui m'a plongée dans le silence du cloître et la beauté du contemplatif, une pause bienvenue.