La Fracture : Le livre de Nina Allan

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Le jour où Julie réapparaît, 20 ans après sa mystérieuse disparition, l'histoire qu'elle raconte semble impossible...

Le 16 juillet 1994 dans la région de Manchester, Julie Rouane, dix-sept ans, prétexte un rendez-vous avec une copine pour s'absenter du domicile familial... et disparaît pendant plus de vingt ans.
Longtemps après l'abandon de l'enquête par la police, son père, Raymond Rouane, continue à explorer seul toutes les pistes possibles. En vain. La mère de Julie et sa soeur cadette, Selena, tentent elles aussi de faire front, chacune à sa manière.
Puis un soir, 20 ans après, une femme qui prétend être Julie contacte Selena. Alors qu'on avait soupçonné que l'adolescente ait pu être enlevée et assassinée - un homme de la région ayant avoué plusieurs meurtres de femmes -, l'histoire que Julie raconte à sa sœur est tout à fait différente, extravagante, impossible...

" Nina Allan nous entraîne de surprise en surprise. " Grazia
" Nina Allan éclate notre foi de lecteur. C'est perturbant et brillant. " Le Figaro
" Un roman ensorcelant et vertigineux. " Voici


Traduit de l'anglais par Bernard Sigaud

De (auteur) : Nina Allan
Traduit par : Bernard Sigaud

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Expérience de lecture

Avis Babelio

SebastienFritsch

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Etrange mélange ! Commencé comme un roman policier, avec la disparition d'une lycéenne, puis son retour 20 ans après, le récit bascule subitement dans l'étrange (science-fiction ? rêve ? délire ? Allez savoir !). Dans la forme aussi, l'autrice choisit d'offrir un cocktail déstabilisant... mais intéressant : narration à la troisième personne, notes pour un travail scolaire, courriers, rapports de police, coupures de presse, extraits de journaux intimes de diverses personnes, chapitres de romans lus ou écrits par des personnages, carnet de voyage (très très très très lointain), fiches encyclopédiques sur... des poissons. C'est très curieux de naviguer entre ces différents éléments... mais néanmoins prenant. On s'attache aux personnages, on tremble pour certains, on se désole pour d'autres, on en craint quelques-uns, mais, surtout, on a envie de comprendre ce qui est arrivé à Julie, ce qu'elle a vécu pendant ses 20 ans d'absence, comment sa sœur, Selena, va encaisser son retour (et ses explications), et comment tous les documents présentés par l'autrice vont finir par se fondre entre eux et avec le récit central pour donner quelque chose de cohérent... à défaut de réponses complètes. Car, sans divulguer aucun secret, je peux dire que tous les mystères ne disparaissent à l'arrivée du point final. Et c'est sans doute aussi un point positif de ce roman, qui ne rentre définitivement dans aucune case et surtout pas celle du polar dans lequel le flic plus malin que tout le monde disserte dans les trois dernières pages pour confondre le coupable et éclairer chaque détail. Les autres qualités du texte sont le réalisme des dialogues, des attitudes et de l'environnement global (même dans les situations les plus extravagantes), ainsi que la manière dont, finalement, le réseau d'informations parvient à se consolider (même en prenant en compte les passages les plus extravagants). Enfin, les thèmes qui traversent ce livre invitent à des interrogations profondes, sur les liens de famille, déjà, et le poids des attitudes, des actions ou du silence des parents sur l'évolution comportementale et psychologique des enfants. Autre thème, logique, les multiples manières de continuer à vivre à la suite d'un traumatisme, en l'occurrence une disparition. Résignation figée pour certains, tandis que d'autres restent dans l'attente du retour, ou entretiennent un espoir acharné et hyperactif pour retrouver la disparue. A côté de cela, l'autrice évoque aussi le besoin viscéral de comprendre cette absence, les raisons et les conditions dans lesquelles Julie s'est volatilisée. Et comment faire son deuil sans corps ni explications. A l'opposé de ces qualités, j'ai relevé un point négatif, une réaction de l'un des personnages, qui m'a semblé décalée (plus que les parties un peu "délirantes"). Mais c'est un souci mineur. Un dernier élément qui m'a marqué (même si je m'en suis rendu compte plusieurs jours après avoir fini ma lecture), c'est l'absence des hommes. Non pas qu'il n'y ait aucun homme dans le roman, ils sont même très nombreux, mais ils sont tous éloignés, écartés du récit central : l'un est en prison, deux autres sont morts, un quatrième est continuellement en "voyage d'affaires", un cinquième, parti travailler au bout du monde (et sa compagne a refusé de partir avec lui). Ce n'est pas juste pour donner les premiers rôle aux femmes, mais c'est un parti pris délibéré, pour créer un monde sans hommes, puisque, de toute façon, ils sont soient un danger, soit un poids, pour Julie, Selena... et beaucoup d'autres femmes, dans le roman et dans le monde réel. Cette démarche de l'autrice est une tentative (bien solitaire) de faire contrepoids aux innombrables romans où ce sont les femmes qui sont réduites à la portion congrue. C'est étonnant. Et suffisamment subtil pour que je ne m'en rende compte que quelques jours après avoir refermé le livre. De la même manière qu'on ne se rend pas compte, en lisant tous les autres romans, que ce sont les femmes qui sont écartées, éloignées, réduites à la portion congrue. En cela, ce texte, même s'il refuse délibérément toute étiquette, est au moins un roman féministe. PS : Ce qui m'a amusé (alors que le livre est loin d'être drôle), c'est de me promener dans des coins liés au personnage central de mon roman en cours d'écriture, Ernest Rutherford, le père de la physique nucléaire (oui, c'est une biographie romancée). L'intrigue de La Fracture est effectivement située dans le sud de Manchester, là où Rutherford a travaillé et vécu de 1907 à 1919. Les noms de quartiers et de rues me faisaient donc sourire à chaque fois que je les lisais ; et surtout quand Julie va dans un restau indien situé sur "Curry Mile", nom officieux d'une partie de "Wilmslow Road", la rue où se trouvait, un peu plus au sud, le domicile de Rutherford, dans le village de Withington. Cette petite maison en briques a été renumérotée (de 17 à 409, pour ceux et celles qui voudraient le savoir), entièrement refaite en 2013 (mais en respectant le modèle du bâtiment de l'époque) et baptisée "Rutherford Lodge". Elle porte une plaque bleue mentionnant son illustre occupant du début du siècle dernier (fin de la parenthèse historique).

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782264078414
  • Collection ou Série
    Littérature étrangère
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    456
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

Nina Allan

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9,50 € Poche 456 pages