Le coeur à rire et à pleurer : Le livre de Maryse Condé

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La Guadeloupe des années cinquante. Contre des parents qui semblent surtout soudés par le mensonge, contre une mère aussi dure avec les autres qu'avec elle-même, contre un père timoré, la petite Maryse prend le chemin de la rébellion. La soif de connaissance, les rêves d'autonomie et de liberté la guident vers son destin d'écrivain.
Mais peu à peu les épreuves de la vie appellent l'indulgence, la nostalgie de l'âme caraïbe restitue certains bonheurs de l'enfance.
Et Maryse se souvient alors de cet instant qui lui redonna l'amour des siens, de cette ultime nuit où " roulée en boule contre son flanc, dans son odeur d'âge et d'arnica, dans sa chaleur ", elle retrouva sa mère en la perdant.

De (auteur) : Maryse Condé

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Expérience de lecture

Avis Babelio

ManouB

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 semaine

Nous sommes à Pointe-à-Pitre dans les années 50. Benjamine d'une famille nombreuse (Trois filles et quatre garçons à sa naissance) la petite Maryse née tardivement en 1937, se sent seule et incomprise. Elle se distingue très vite de sa fratrie en se révoltant face à l'autorité et en obtenant de mauvais résultats scolaires. Pourtant elle a soif d'apprendre toujours plus, et elle partage avec son frère Sandrino dont elle est très proche, ses lectures et ses questions, mais elle fait le désespoir de sa mère et de son entourage par ses excès. Ses parents sont instruits et fiers d'être français. Entre eux, ils abandonnent le créole pour ne parler que le français, d'ailleurs ils passent le plus de temps possible à Paris et apprécient la vie de la ville et sa richesse culturelle. La mère est une des premières institutrices noires. Rigide, elle est aussi dure envers elle-même qu'avec les autres et ses propres enfants. Ainsi elle reniera Thérèse, la sœur ainée, lors de son divorce, cet échec nuisant à la réputation familiale. Tout problème doit être tu, voilà tout. Le père est décrit comme un vaniteux qui n'accepte pas de vieillir. Il est commerçant, il créera avec d'autres commerçants la Banque antillaise. Tous deux sont fiers de leur condition et se montrent souvent méprisants non seulement envers les autres antillais mais aussi envers les français, dont ils parlent mieux la langue, ce que la petite fille ne comprend pas. Elle ne les trouve jamais "naturels" comme coincés dans un carcan qu'ils se sont eux-mêmes imposé. Ses parents se doivent de lui donner une certaine éducation car ils n'ont qu'un seul objectif dans leur vie, appartenir à la "bourgeoisie noire", prendre l'ascenseur social pour se sortir de leur milieu. Elle sera souvent vivement réprimandée pour ce qui lui apparait n'être que des broutilles et c'est plus tard, une fois devenue adulte, qu'elle comprendra ses parents et leurs désirs, donc l'importance de l'éducation qu'ils lui ont donné. Ainsi enfant, elle sera souvent punie pour sa franchise, elle n'hésite pas en effet à dire ce qu'elle pense tant sur les gens que sur les événements (cf la rédaction qu'elle écrit à propos de sa meilleure amie Yvelise, ou le portrait de sa mère écrit pour lui souhaiter un bon anniversaire qui sera fort mal perçu par toute la famille...). Après le bac, elle poursuit ses études à Paris. La jeune Maryse a du mal à trouver sa place ne se sentant ni d'ici ni de là-bas. Ce sont les lectures des auteurs créoles qui lui permettent de découvrir la vraie vie des habitants des Antilles, ce qu'elle ne pouvait pas du tout découvrir par elle-même lorsqu'elle vivait là-bas. Mais le temps passe et la vie la ramènera vers son enfance, vers ses souvenirs, et elle fera des recherches sur sa propre grand-mère et comprendra les raisons qui ont poussé sa mère à devenir celle qu'elle était. Elle retournera alors vers les siens dans une scène finale émouvante. Voilà un court récit très agréable à découvrir quand on veut connaître la vie de Maryse Condé disparue en 2024 et dont j'ai relu récemment "Moi, Tituba sorcière" présenté ICI sur mon blog. Dans ce récit autobiographique dont le sous-titre sur la couverture est "Souvenirs de mon enfance" Maryse Condé nous donne à voir une autre facette de la Guadeloupe des années 40/50. Le livre est paru précédemment en 1999 et a comme véritable sous-titre "Contes vrais de mon enfance", sous-titre que l'on retrouve dans la présente édition sur la page de garde. Ce qui est intéressant dans ce récit, au delà des souvenirs qui sont propres à l'autrice et qui permettent au lecteur de mieux connaître la vie en Guadeloupe mais aussi la vie à Paris lorsqu'on est guadeloupéen dans les années 50, c'est de voir poindre derrière la fillette, l'adolescente et la jeune femme en pleine construction personnelle, l'écrivaine qu'elle deviendra, engagée, forte de ses convictions. En ce temps-là, ne l'oublions pas en lisant ce livre, la Guadeloupe était encore une colonie française, les préjugés raciaux et les inégalités sociales encore plus marquées qu'aujourd'hui. Il était difficile pour elle de trouver sa juste place et ce récit est donc aussi une quête d'identité. Bien entendu, dans ce genre de récit autobiographique, les souvenirs sont réécrits en fonction de l'adulte qu'elle est devenue, de son vécu, de ce qu'elle a compris de la vie de ses parents. Les chapitres sont courts et traitent tous d'un sujet différent. Le livre lui-même ne fait que 155 pages et se lit très vite. L'autrice a reçu en 1999, le Prix Marguerite Yourcenar pour ce récit autobiographique. Un beau portrait de femme, à découvrir bien entendu !

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clo76

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

C'était un cadeau et c'est une jolie découverte. On replonge dans l'enfance de cette guadeloupéenne dans les années 50. Des visites à Paris, régulières, des parents qui souhaitent se différencier des autres et ont même du mépris pour leur semblable, encensant la culture de la métropole, niant leurs origines. Surprenant et très intéressant.

Leabeaup

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Ce récit, à la fois intime et universel, est une ode à l’enfance et à la résilience. Maryse Condé y offre une réflexion fine sur les contradictions de la société antillaise et l’héritage culturel. Un ouvrage touchant et lumineux, qui se lit comme une conversation avec une amie chère.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Français
  • EAN
    9782266098687
  • Collection ou Série
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    160
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

Maryse Condé

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6,00 € Poche 160 pages