Pyramides : Le livre de Romain Benassaya

La Terre est devenue inhabitable. Pour survivre, l'Humanité envoie des vaisseaux peuplés de personnes en stase en direction de la planète Sinisyys. Mais quand Eric est réveillé par le Capitaine du vaisseau, il comprend très vite que quelque chose ne va pas : ils ne sont pas là où ils devraient se trouver...Tout l'enjeu va être de survivre tout en explorant les environs pour comprendre ce qui leur est arrivé et où ils se trouvent et peut-être aussi, trouver un endroit où s'installer durablement. J'ai adoré ce roman très bien écrit dont l'histoire, bien menée et intrigante, se déroule sur un temps long, ça permet de jouer à l'ascenseur émotionnel avec les personnages auxquels je me suis beaucoup attachée. J'ai eu le temps de les aimer, d'être en phase avec leur façon de voir les choses, d'être en total désaccord avec eux et de finir par les comprendre. Les relations humaines sont très bien traitées dans ce roman. Sans oublier les Jardiniers, des personnages dont je ne peux rien dire pour éviter les spoils mais que j'ai trouvé très attachants et que j'ai beaucoup aimé voir évoluer. L'univers créé par l'auteur est dingue, j'aurais d'ailleurs aimé en apprendre plus tellement je l'ai trouvé renversant. Bref, c'est un excellent roman de science-fiction et c'est avec plaisir que je vais lire d'autres ouvrages de cet auteur.

Coup de coeur™ Avant toute chose, un petit pitch s'impose : Les passagers d'une arche spatiale en route vers Sinisyys, une autre planète bleue, se réveillent de leur stase pour découvrir avec stupeur que leur vaisseau n'a pas atteint sa destination. À la place, ils se retrouvent échoués sur un monde obscur, dont la surface crayeuse semble s'étendre à l'infini dans toutes les directions. Comment sont-ils arrivés là ? Combien de temps leur stase a-t-elle duré ? Où se trouve la sortie ? Autant de questions posées dès les premières pages du roman, et qui nous happeront pendant les 624 suivantes. Et bon sang, ça va secouer là-dedans. Si, au cours des cinquante, voire cent premières pages, mon avis était encore partagé, il a basculé du tout au tout par la suite. J'ai donc choisi d'écrire cette chronique de manière « chronologique », pour mieux retranscrire cette montée en puissance. Dès les premiers chapitres, l'ambiance s'installe avec efficacité : le mystère est palpable, la menace sous-jacente. Pourtant, à ce stade, quelques points me chiffonnent. Les personnages me semblent un peu fades, les dialogues manquent de relief, et certains fondements scientifiques sont pour le moins discutables (un critère souvent décisif dans mon appréciation d'un récit de science-fiction). Malgré tout, la tension horrifique et le style fluide de l'auteur me poussent à poursuivre ma lecture. Et heureusement ! Peu à peu, l'histoire finit par me happer complètement. le cocktail "chapitres courts + cliffhangers + révélations savamment distillées" fonctionne à merveille sur moi. Mais ce n'est pas tout : les personnages, qui m'avaient semblé creux au premier abord, gagnent en profondeur. Leurs motivations s'éclaircissent, des tensions émergent, des alliances se forment. Tout cela avec une cohérence qui force l'admiration. Et c'est là que M. Benassaya déconstruit un à un tous mes a priori. En particulier sur les antagonistes, qui, au départ, m'avaient paru caricaturaux — de ceux qui s'opposent aux héros par pure opposition, quoi qu'il arrive. Mais progressivement, ils se révèlent bien plus complexes. Certains deviennent même attachants. Non, mémorables. C'est ainsi qu'à la moitié du roman, une évidence s'impose : celui-ci va rejoindre la liste de mes plus grands coups de coeur. L'intrigue ne cesse de se densifier, multipliant les revirements émotionnels et les jeux de manipulation. Les théories s'enchaînent, se contredisent, explosent en plein vol. Des complots naissent, puis s'effondrent. Des personnages s'aiment, se trahissent, puis se retrouvent. Et pourtant, jamais je ne ressens d'incohérence ou de lourdeur. Certes, certains aspects scientifiques restent discutables, mais l'histoire m'a happé sans que je m'en rende compte, de pages en pages… jusqu'à une fin brutale. Justement, parlons de cette fin (sans divulgâcher, bien sûr). J'ai pu lire ici et là que certains l'avaient trouvée bâclée. Ce n'est pas mon cas. D'une part, je vois Pyramides comme le premier opus d'un univers que l'auteur développe à travers d'autres ouvrages, et je ne m'attendais donc pas à obtenir toutes les réponses. Beaucoup de questions restent en suspens, certes, mais chaque personnage suit un arc narratif satisfaisant, à la manière du premier tome d'une saga. D'autre part, cette conclusion m'a profondément ému. J'ai dévoré les dix derniers chapitres avec une boule dans la gorge, pour finalement refermer le livre avec ce fameux sentiment de vide. Celui qui vous laisse perdu, à vous demander ce que vous allez bien pouvoir lire par la suite. Bref, un coup de coeur. Un roman pas exempt de défaux, mais qui vous marque durablement.

Premier roman de Romain Benassaya que je lis. C’était vraiment excellent, je suis pas loin de dire que c’est un chef d’œuvre. Tout est bien ficelé, les personnages sont attachants, l’intrigue est prenante, dynamique, on est vraiment plongé dans l’histoire et j’ai dévoré les chapitres comme des épisodes d’une série. J’ai tellement adoré ce livre que j’ai lu les presque 600 pages en trois jours en passant par pleins d’émotions. La seule petite ombre à mon goût c’est la fin qui arrive vraiment vite et qui ne donne pas assez de réponses aux questions que l’on se pose à travers la lecture. Ce ressenti vient peut-être simplement de l’intérêt développer pour l’histoire du roman et la tristesse d’en arriver au bout. Je vais aller dévorer les autres livre de cet auteur, il semble que l’un d’eux se passe dans le même univers, peut-être que mes questions trouveront des réponses dedans ! En tout cas, un roman vraiment exceptionnel que je recommande chaudement.

Je considérais il y a encore une semaine que l’ère bénie des grandes épopées de science fiction à la dimension de Fondation d’Isaac Asimov, de Hypérion de Dan Simmons ou du cycle de La Culture de Iain M Banks, était révolue : j’avais tort. Et c’est un auteur Français qui m’a détrompé . Il existait déjà bien des oeuvres romanesques ayant pour point de départ une expédition de colonisation vers un nouveau monde, et pas des moindres par exemple avec Rama de Arthur C .Clarke. On s’attend donc aux péripéties (presque !) ordinaires des colons dans l’exploration de leur environnement extra-terrestre : mais le roman est bien plus que cela. Il s’agit en effet d’un voyage époustouflant aux confins de l’imagination, d’une créativité somptueuse ; l’auteur s’inspire de la physique et de la biologie dans des développements dont la validité scientifique est certes invérifiable mais qui ne choquent pas par une incohérence flagrante avec l’état actuel des connaissances d’un non-spécialiste. Plus profondément, le roman est une réflexion sur les sociétés humaines et les conflits politiques qui les traversent immanquablement, par rapport aux volontés opposées de la sédentarisation et de la sécurité d’un côté et de celles inversement de l’exploration et de la découverte pour le bord opposé. En filigrane, on perçoit aussi le caractère constant d’une préoccupation écologique pour l’économie des ressources forcément très limitées dans les milieux de survie rencontrés, très éloignés de l’abondance terrestre. Dans le cadre prodigieux de cette odyssée aux confins de l’espace-temps et de la rationalité, on suit les destins exceptionnels des personnages principaux, qui sont humains pour la plupart, mais d’autr également qui appartiennent à des espèces aussi variées que des sortes de baleines, des insectes emplis de sagesse, ou des virus omniscients. Les surprises déconcertantes se succèdent sans ralentir jusqu’aux derniers rebondissements qui nous ramènent au regard neuf et candide d’un enfant, donnant ainsi à l’épilogue une structure parfaitement maîtrisée. Au final, la lecture de Pyramides a été pour moi un grand moment de rêve et de bonheur. Comme les autres commentateurs, j’espère vivement une suite !