Ségou - tome 1 Les murailles de terre : Le livre de Maryse Condé

Ce roman historique est l’occasion de découvrir l’histoire précoloniale de l’Afrique, des années 1790 aux années 1860. Ségou était la capitale aux murs de terre du royaume bambara dans l'actuel Mali. Une famille élargie est suivie sur trois générations. Le patriarche Dousika Traoré a des enfants avec trois épouses et deux esclaves. Il siège au conseil du mansa, le prince régnant. Dans la tradition africaine, ils sont polythéistes et fétichistes. Ils croient que les esprits de leurs ancêtres résident dans un figuier. À la deuxième génération, [masquer]quatre de ses fils ont déménagé à l’étranger, où ils ont changé de prénom et se sont convertis à l’islam ou au christianisme[/masquer]. À Tombouctou, Fès, Recife et au royaume des Ashanti, ils se retrouvent impliqués dans divers conflits et histoires d'amour. Ségou est menacée par l'expansion de l'islam et par la traite négrière. Maryse Condé est née en Guadeloupe, mais s'est imprégnée de l'histoire de l'Afrique. Elle donne une image nuancée et réaliste du choc entre les religions et les cultures. Des incidents passionnants, drôles et émouvants le maintiennent captivant jusqu'à la dernière page.

Si j’ai eu un peu de mal à m’embarquer dans Segou, une fois le train en marche je n’ai pas cessé de lire et (peut être surtout) de penser à ce livre lorsque je ne le lisais pas. Ayant peu l’habitude de lire des romans qui se passent dans l’Afrique coloniale, j’ai éprouvé un vif intérêt en découvrant des pans d’une histoire que je ne maîtrise pas forcément. Ce fut aussi un plaisir de me remémorer au fil des pages les images du Sénégal et du Benin que j’ai eu la chance de visiter. Il y’a beaucoup de personnages et la généalogie peut parfois être difficile à suivre, mais cela ne doit pas décourager le lecteur. À travers la famille Traoré on se rappelle l’horreur de la colonisation (pour ceux qui en douteraient), la confrontation entre l’islam et les religions polythéistes, la condition des femmes dans les sociétés patriarcales et bien d’autres choses encore. Un roman dense donc dont il me tarde de lire la seconde partie.

C'est un récit riche, dense et foisonnant dans lequel on suit une famille de Ségou de la fin du XVIIIe siècle au milieu du XIXe, entre vie selon les rites bambaras ancestraux à la concession, et diaspora des fils. Ségou est l'histoire d'une famille, mais surtout d'un peuple à la croisée des chemins, ce qu'illustre bien chacun des hommes auquel s'attache le récit. Tous fils d'une société fétichiste et patriarcale, l'un est capturé et vendu comme esclave au Brésil, un autre se convertit à l'islam, religion de l'avenir, un autre encore devient séminariste anglican. Les femmes, épouses et concubines, mères et filles, ont aussi leur rôle à jouer dans l'éducation qu'elles transmettent et les liens qu'elles créent par leurs unions avec les hommes. Les histoires des uns et des autres deviennent ensuite des panneaux d'une fresque beaucoup plus sociale et religieuse, où les oppositions mènent inexorablement à la guerre, quand les coutumes et les murailles de terre de Ségou semblaient en faire un lieu protégé et hors d'atteinte. J'ai beaucoup aimé cette lecture vraiment prenante, même si le nombre des personnages et leurs noms souvent proches ont pu parfois être un frein. Je lirai sans doute le tome 2, mais pas tout de suite.

Pas seulement une auteure dotée d’un prix Nobel dont j’ignorais tout mais aussi suite au conseil de Leïla Slimani et me voilà embarquée en Afrique, au temps proche de l’abolition de l’esclavage 1848. C’est un déferlement de personnages avec des liens généalogiques reliés à de nombreuses communautés. Les religions se font la guerre, les hommes se défient, les femmes de toutes conditions depuis la reine jusqu’à l’esclave sont les rouages des tempéraments, des décisions. Même si je me suis noyée dans ce méli-mélo, j’ai tenu bon et compris les raisons profondes des conversions pour l’Islam, les tenants et aboutissants des guerres de confréries, les tractations politiques, les turpitudes de l’amour. On voyage aussi au Brésil en Afrique. Tout est si bien décrit la vie, les lieux, les sentiments. Plus de 700 pages dont je suis ressortie fatiguée. Vais-je aborder le tome 2 ? Si oui, ce sera pour ne pas perdre le fil ce sera par curiosité mais je pense que je vais opter pour la lecture en diagonale comme on prend un raccourci suite à une trop longue marche même si la longue route est magnifique.