Va où la rivière te porte : Le livre de Shelley Read

Octobre 1948, Iola, petite ville perdue du Colorado. Victoria Nash, 17 ans, travaille avec son père et son frère à la ferme. Leurs vergers de pêchers sont d'une grande qualité et leur permettent de subvenir à leurs besoins. La sage et docile Victoria découvre ses premiers émois avec Wilson Moon, vagabond et Indien qui a quitté les mines de charbon de Dolores. C'est la fin de l'enfance et le début des épreuves... Lire ce roman c'est être en suspension. Il faut accepter de se laisser porter par la voix d'une jeune fille qui devient femme. Malgré les drames et les épreuves, une certaine sérénité s'y dégage. La solitude et la douleur de Victoria sont tellement intenses que je me suis sentie oppressée tout au long de la lecture. Jusqu'à une scène où avec elle je me suis libérée de ce poids. Alors qu'au départ il y avait une certaine distance avec Victoria, je me suis prise d'affection pour ce bout de femme résiliente au point de ne faire qu'un avec elle sur la fin. J'étais totalement immergé dans sa tête et son ressenti. C'est un beau tour de force littéraire. L'écriture immersive et poétique y joue beaucoup. Pour son premier roman, l'autrice dresse le portrait d'une femme d'une grande sensibilité et d'une force mentale incroyable. Le texte est divisé en 3 parties. J'y ai vue symboliquement les étapes de la transformation d'une chenille en papillon, d'une jeune fille en recherche d'amour à une femme apaisée. La nature est très présente dans le texte. Parfois la spiritualité amérindienne est effleurée. Tout n'est pas parfait dans le roman. J'aurais par exemple aimé en savoir plus sur certains personnages, développer certaines situations ou en enlever quand elles ne me semblait pas essentielles. Les premières pages aussi sont maladroites. Les sentiments réciproques et immédiats entre Victoria et Wilson Moon donnent aux premiers abords un côté fleur bleu qui ne reflète pas du tout la profondeur de leur lien. Pour réellement apprécier cette histoire, il faudra donc lire plusieurs chapitres. Il se dégage une ambiance singulière, une aura littéraire qui mérite qu'on s'y attarde. Le titre est magnifique et prend tout son sens à un moment clé du roman. La métaphore bien que connue sonne tellement juste. Une belle découverte.

Je suis tellement heureuse d'avoir pu découvrir ce roman et autant de vous partager mon avis le concernant. C'est une lecture qui m'a transportée, que j'ai débuté en me disant « j'aime sa (à Shelley Read) façon de conter cette destinée de femme » et que j'ai terminé les larmes au bord des yeux. Elle est aussi tendre que sa couverture alors même que les épreuves qu'elle contient sont difficiles. Je suis à la frontière du coup de cœur, vraiment.   Victoria a 17 ans et elle a déjà beaucoup perdu. Elle vit dans la ferme familiale entourée d'hommes (son père, son frère et son oncle par alliance) peu enclins aux sentiments voire même au caractère dur et mauvais pour certains. C'est à elle qu'ils doivent la bonne tenue de la maison et l'abondance des récoltes au potager. Le père, lui, s'occupe du verger de pêchers importés par le grand-père il y a des années, un pari risqué qui s'est finalement avéré payant. Mais lorsqu'au hasard des rues de Iola, Victoria fait la rencontre furtive d'un indien, Wilson Moon, tout s'en retrouvera chamboulé. Confrontés à la haine, ils devront s'aimer en secret.   Un souffle romanesque et tragique se dégage de ce texte qui finit par nous envoûter, tantôt par les eaux calmes de la rivière, tantôt par les tumultes du torrent. Nous sommes les témoins de la passion, de la tristesse, de la colère, du courage, des regrets et des espoirs de Victoria sur une vingtaine d'années. Le texte est scindé en plusieurs parties au rythme des ans qui passent et des cycles de la nature.   L'écriture n'en fait jamais trop et arrive toujours à faire battre nos cœurs de lecteurs. Une fois l'histoire et les personnages en place, on ne peut plus s'en défaire. Une pudeur et une poésie flottent dans les mots et rapidement, nous ne cessons de vivre les maux de cette héroïne qui fera toujours de son mieux et pour laquelle nous nourrissons constamment un sincère espoir.    Le dénouement est émouvant et c'est celui que j'attendais pour cette histoire aussi douce que forte. C'est un beau roman pour qui aime les destins de femme et l'amour transcendé. Si c'est votre cas, ruez-vous sur celui-ci, vous ne serez pas déçus !

Un très beau récit, très prenant et particulièrement émouvant. Le roman prend vraiment son envol dans la deuxième partie (1949-1955). Ce n’est pas que la première partie est trop lente à démarrer, bien au contraire : mais la rencontre entre Victoria et Will arrive trop vite (au bout de 4 pages seulement). C’est peut être le seul tout petit défaut de ce premier roman. Les passages « Nature Writing » sont magnifiques et l’auteur nous propose le portrait d’une femme authentique, courageuse et résiliente. A ne pas manquer !

Quelle magnifique lecture ! Ce récit est porté par une plume superbe, poétique et douce, qui nous immerge dans les paysages du Colorado. Ici, la nature joue un rôle clé. Entre les montagnes de la Big Blue Wilderness, qui donnent autant qu'elles prennent, et la rivière Gunnison, on prend conscience que nous ne sommes qu'une partie de ce tout, et que la nature peut être notre meilleure alliée. Mais cette nature sauvage forcément l'homme veut la dompter. Et non content de la maîtriser, il s'en prend aussi à ses semblables. Un garçon à la peau si foncée ne peut qu'être dangereux, une vieille dame qui recueille les animaux errants est bien sûr folle... On a tendance à avoir peur de ce qu'on ne connaît pas alors que ce sont souvent les personnes différentes qui ont le plus à nous apprendre, quand les étrangers se révèlent être ceux qu'on croit connaître... Ce livre est une magnifique ode à la nature, à la résilience, à la tolérance à l'amour. Mon coup de cœur de ce début d'année.