7 octobre, année zéro : Le livre de Guillaume Auda

Lire ce livre était une évidence dans ma recherche de compréhension du Conflit israélo-palestinien, qui a atteint son paroxysme le 7 octobre 2023 ; évidence parce que je respecte tout autant le grand reporter qu’est Guillaume AUDA, aux décryptages toujours pertinents et éclairants que l’écrivain de « Jeunes à Crever ». Le 7 octobre a été un cataclysme pour le peuple Israélien : Dans un pays où la moitié de la population a moins de trente ans, la journée sanglante du 7 Octobre ( dont le massacre des jeunes raveurs à la Super Nova) a eu pour effet de « reconnecter toute une génération au traumatisme de ses anciens, presque oublié et à réactiver l’idée qu’une nouvelle Shoah était possible ». A ce massacre, filmé tant par les victimes que par les assassins (!), le gouvernement Israélien a amené une réponse féroce « pire que la Nakba », en menant une guerre dévastatrice, les victimes étant pour l’essentiel des enfants et des femmes. Après le 7 octobre, « qui a renversé la table et redistribué les cartes », quel pourra être le futur des israéliens et des Palestiniens et surtout de leur jeunesse ? Guillaume AUDA au travers du regard croisé de Palestiniens et d’Israéliens tentent de répondre à cette interrogation. Quel avenir est il possible lorsque la colère est si vivace de part et d’autre et que l’empathie a disparu tant « la souffrance est là partout, inaudible pour les uns quand elle est exprimée par les autres » ? Comment ne pas retomber dans les mêmes écueils, lorsque toute la population gazaoui est plongée dans le désespoir par des conditions de vie au delà du précaire : « l’humiliation est un venin, elle offense tout autant qu’elle est subie, elle dévaste durablement les hommes et le coeur des homme, les femmes et leur dignité. L’humiliation est une blessure, elle gifle la fierté, elle aplatit, elle ruine l’estime de soi, elle fait taire celui qui parle ». La force de ce livre tient à ce que l’auteur n’élude rien, sans manichéisme. Un récit passionnant, documenté, au cœur de l’humain, qui livre des pistes pour l’avenir. ; les unes plus optimistes que les autres. Ce livre s’achève sur la citation glaçante et très actuelle de Georges Bernanos « Le monde est mûr pour toute forme de cruauté, comme pour toute forme de fanatisme ou de superstition» Glacée, je le suis et, en définitive, très pessimiste sur l’avenir de ces deux peuples, mais avec l’espoir chevillé au coeur « La plus haute forme de l’espérance, c’est le désespoir surmonté » Bernanos