Après le virage, c'est chez moi - " C'est où, chez vous ? Est-ce le lieu où vous habitez ?" : Le livre de Marie Kock

Qu'est-ce qui nous fait reconnaître un lieu comme étant le nôtre? Notre "chez soi" est-il l'endroit où l'on habite, celui où l'on a grandi, celui que l'on imagine, celui où l'on se sent à sa place? Dans Après le virage, c'est chez moi, la journaliste Marie Kock – dont on se souvient notamment du livre Yoga, une histoire-monde (2019) interroge de manière sensible notre rapport au lieu, à la propriété, aux paysages... et démontre que la quête de l'endroit rêvé n'est pas qu'une simple question géographique. |Ségolène Barbé

Marie Kock abat ses cartes. Entendez les cartes des multiples lieux où elle a vécu, les routes fréquentées et les maisons habitées successivement lors d'une vie ordinaire. C'est l'espace qui la passionne, et son essai enchaîne ville-campagne-quartier-rue-ruelle-banlieue-couloir-jardin jusqu'à plus soif. Reconnaitre les dimensions physiques et les émotions, repérer ce qu'habiter veut dire (...) Avec ses deux parrains, Gaston Bachelard (La poétique de l'espace) et Georges Perec (Espèces d'espaces), Marie Kock nous entraine dans sa vie d'enfant, d'étudiante, de journaliste, de voyageuse, et nous fait toucher du doigt ce que veut dire un espace familier, où l'on peut se retrouver " soi-même " dans une certaine continuité. Un espace si familier qu'on ne le voit pas, si commun qu'on n'y pense pas, si banal qu'on en parle peu.|Jean-François Laé

On passe parfois sa vie à chercher le lieu qui nous correspond : la ville idéale, le bon quartier, le biotope adéquat, condition de notre épanouissement ou mirage sans fin. La journaliste sur notre besoin d'ancrage conjugué à nos envies d'ailleurs, égrenant souvenirs d'enfance en Auvergne, appartements transitoires à Saint-Étienne, Lille, Paris ou Marseille... L'autrice de constate que " le lieu où l'on habite n'est pas toujours celui où l'on se sent chez soi ", point de départ d'une réflexion subtile sur les maisons hantées, les lieux refuges, la fracture Paris-province, la " tentation de la campagne ", le fantasme d'un " bunker personnel " - ou comment tracer le juste périmètre de sa vie

Que signifie avoir trouvé son chez-soi ? Cela recoupe-t-il le lieu où l'on habite effectivement ? Alors qu'elle s'apprête à faire de nouveau ses cartons, la journaliste et essayiste Marie Kock interroge la possibilité et la pertinence de s'approprier un lieu, de façon affective ou en devenant légalement propriétaire d'une maison, d'un bout de terrain. Qu'est-ce qui se joue derrière le désir de posséder les murs derrière lesquels on dort, les chemins que l'on arpente quotidiennement ? Est-ce par simple besoin de sécurité, de stabilité, ou quelque chose d'autre se joue-t-il, de l'ordre du rapport au temps, voire à la mort ?|Victorine de Oliveira