Au-Dedans : Le livre de Will McPhail

Nick vivote de son métier d’illustrateur. Le spleen est son quotidien. Il passe son temps, seul, à arpenter les différents cafés de son quartier (aux noms savoureux ou contemplatifs), un carnet de croquis à la main, à observer les autres et à se dire qu’il manque quelque chose à sa vie. Ce quelque chose est le manque de communication. Nick n’ose pas parler et dire ce qu’il a sur le cœur, que ce soit avec ses voisins, sa sœur, sa mère ou Wren la jeune femme qu’il vient de rencontrer. Mais un jour, au moment où il comprend qu’il va perdre sa mère, il se lance et va découvrir un autre monde, un monde où les vraies relations sont possibles, où les vrais sentiments ont le droit d’exister. C’est un très beau roman graphique où l’intime est convoqué. Ce regard sur autrui, ce fossé qui nous sépare des autres prennent ici une dimension drôle et tragique en même temps. L’humour n’est pas absent de ce récit mais son thème important reste surtout le besoin de paroles authentiques et la communication avec autrui : arrêter les bla-bla, se confier, se montrer vulnérable et baisser les masques. C’est un album peu bavard, aux planches souvent muettes, aux dessins très purs et peu chargés, en noir et blanc, sauf quand Nick arrive à entrer en communication avec les autres, les dessins à ce moment-là se chargent de couleurs et d’un environnement onirique. Un très beau premier roman graphique de Will McPhail, épuré et émouvant.

La page de couverture illustre bien le propos : Nick, jeune citadin, illustrateur, porte un regard sur le monde qui l'entoure. Et cela passe par plusieurs rencontres. Que ce soit sa propre famille avec sa mère dont il a du mal à édifier une vraie conversation, Wren, une oncologue qu'il croise par hasard dans un bar ou d'autres personnes croisées ici et là... Je ne peux pas dire que j'ai été emballée par cette lecture malgré la mise en avant à Angoulême, qui m'avait donné envie de le découvrir. Au final, c'est assez long à mon goût. Un jeune homme qui ne regarde pas vraiment les gens, ne les voit pas tel qu'ils sont. Les visites chez sa mère sont les plus difficiles à mon sens car il y a une abyme entre les deux protagonistes qui préfèrent se parler de moulures et de peinture plutôt que d'eux-même. Des longueurs, avec une fin assez triste. Je suis passée à côté.

Une BD excellente : le dessin épuré, les expressions du visage parfaites, les dialogues souvent hilarants, et l'histoire juste ert touchante de cet homme désœuvré en quête d'accord avec les âmes qu'il rencontre, un artiste qui cherche à entrapercevoir leur moi réel derrière la coquille de l'animal social. Une perle !

C'est tragique mais c'est subtil, intelligent, juste et même doux je dirais. La réflexion sur les émotions et les liens envers les autres me restera longtemps. Le rendu est si simple et limpide dans le roman graphique et pourtant ça m'a ouvert les yeux et bouleversé. Du génie!