Cabane : Le livre de Abel Quentin, Pierre-François Garel

Un livre intéressant, qui s’inspire du rapport « Les Limites à la croissance » pour brosser le portrait imaginatif de ses quatre auteurs et de leurs vies après la publication du rapport. Je m’attendais à un contenu fortement écologique, mais en réalité, l’écologie sert plutôt de cadre de référence qui conditionne les quatre vies, sans véritablement que le livre approfondisse les différentes questions. J’ai apprécié que le livre pose plusieurs questions sans donner de « bonne » réponse, mais en suggérant plusieurs possibilités. Conscients de courir vers le désastre, comment en informer le monde ? Que faire pour l’éviter ? Quels compromis, par rapport à la violence ou au contrôle de la population par exemple, faut-il concéder ? Malgré ses qualités, j’ai trouvé la narration un peu plate, surtout dans la première partie. On pense un peu au film « Up », où un astéroïde s’approche de la Terre et personne ne s’en soucie – il y a plein d’anecdotes amusantes, que l’on peut supposer réelles ou très proches de la réalité, sur l’insouciance voire l’inconscience des « puissants » du monde face aux risques de la croissance illimitée.

Quel livre! Une finesse d'écriture remarquable! Beaucoup d'humour voire parfois un zest de causticité! Tout ce que j'adore! Le scénario est passionnant! On s'attache aux personnages...bref, tout ce que j'aime dans un livre! Un vrai petit bijou qui se déguste chaque soir dans son lit.

Nous avons tous déjà entendu parler du rapport Meadows de 1972, cette alerte écologique portée par quatre scientifiques qui annonçaient l’effondrement de notre monde, prévu par eux pour le milieu du 21em siècle, si l’Homme ne ralentissait pas immédiatement sa croissance démographique et dans le même temps sa surconsommation. Un rapport qui a eu un retentissement mondial colossal… ne débouchant sur rien. Abel Quentin s’en empare férocement et fictionnalise les quatre auteurs du rapport : le couple Dundee d’abord, le français Quérillot ensuite et enfin, le norvégien Gudsonn qui devient le centre de la quête du narrateur, un journaliste tenace et cynique, un personnage comme on les aime chez Abel Quentin, à l’image de Jean Roscoff. Et le lecteur se régale. L’art du portrait et l’humour caustique d’Abel Quentin, que j’avais déjà tant appréciés dans le voyant d’Étampes, m’ont de nouveau emportée dans cette lecture fouillée, dense et aussi éclairante qu’elle est jubilatoire. Et, avouons-le, les dérapages irrésistibles de l’auteur sont autant de moments d’allégresse dans cette folie meurtrière de l’Homme contre sa propre civilisation. Je résiste ici à l’envie d’en citer quelques-unes mais je vous laisse la délectation de les découvrir vous-mêmes. Un très grand roman de cette rentrée littéraire, à lire absolument !

Un très beau livre évolutif dans le scénario et le style pour maintenir notre attention. L'histoire, fictive mais terriblement réaliste, manie les époques et les narrations avec brio pour éveiller notre présent et réveler tout le paradoxe humain face à la fatalité inévitablement créée. À découvrir !