Cabane : Le livre de Abel Quentin, Pierre-François Garel

Un grand livre qui m'a énormément plu tant sur le fond que sur la forme. Abel Quentin écrit bien, très bien même et lire ses textes est un régal. Sa force d'écriture mise au service des idées qu'il véhicule en fait un virtuose des mots. Ses phrases incisives, percutantes et qui font mouche me donnent le sentiment, une fois le livre refermé, de m'être enrichie. Rien que pour cela, le livre vaut la peine d'être lu. S'inspirant d'un rapport écrit en 1972 qui existe bel et bien, le roman met en scène quatre jeunes scientifiques. Avec l'aide de leur mentor, ils vont consacrer plusieurs mois de leur vie à effectuer des recherches, faire des calculs et produire un rapport sur les risques encourus à poursuivre une croissance systématique et offensive. Et les risques qui vont en ressortir font froid dans le dos, d'autant plus qu'en 2025, le rapport ne fait plus figure de prophétie (comme certains ont préféré le croire) mais bien d'un réél état des lieux imminent... Après cette expérience, chacun des protagonistes va vivre sa vie différemment. Soit en militant pour la cause soit en ignorant superbement les conclusions du travail ou encore en tombant dans une sorte de folie déjà sous jacente. J'ai beaucoup aimé suivre la destinée de ces quatres jeunes gens d'autant plus qu'en introduisant le personnage d'un jeune journaliste, le roman prend une légère tournure de polar à travers ses recherches. Bien évidemment, je ressors de cette lecture encore plus inquiète qu'avant. On ne peut pas nier que la lecture est anxiogène. Alors que penser ? Qu'il faut en profiter ? Qu'au contraire, il faut cesser d'en profiter ? A quoi bon puisque tout est déjà trop tard et que de toute façon, personne, et surtout pas ceux qui ont le pouvoir, n'est prêt à vivre comme en 1950... Un très grand livre donc mais pas rassurant.

Roman surprenant à partir de ce rapport 21, on suit la trajectoire de ses auteurs : 4 personnages bien différents ! Le dernier d’entre eux vraiment hors du commun. Le style d’Abel Quentin est léger ponctué de nombreux détails de la vie courante. Une belle découverte !

Un plume superbe. Une histoire que beaucoup devraient connaître. Mais le côté romancé fait perdre l'intérêt de la grande histoire du rapport Meadows qui prédit l'effondrement de la société thermo-industrielle pour les environs de 2030 suivant les choix écologiques, climatiques, énergétiques, de décroissance que nous ferons ou ne ferons pas. Le format roman fait perdre l'intérêt car on ne sait pas ce qui est vrai et ce qui est romancé alors que l'on aurait aimé connaître la vraie histoire du club de Rome, du MIT des années 1970.

En 1972, le rapport Meadows (« Les Limites à la croissance ») lançait une première alerte sur les limites de notre planète. Rédigé par quatre scientifiques du MIT (Institut de technologie du Massachusetts), il fit l'effet d'une bombe avant de tomber aux oubliettes. Abel Quentin imagine son pendant romanesque, le rapport 21, et retrace le parcours de quatre lanceurs d’alerte environnementaux. Comment ces quatre chercheurs peuvent vivre en dépit de la certitude acquise d'un effondrement inéluctable. Comment peuvent-ils agir quand personne ne les croit ? Ce roman, celui des désillusions, nous mène de la Californie des hippies à la France pompido-giscardienne, des années 60 à nos jours. Cette œuvre foisonnante est engagée et émouvante. Elle donne envie de reprendre des cours de maths et de lire les philosophes contemporains. Réquisitoire effroyablement cinglant au titre magnifique puisque la "Cabane" désigne le refuge intime que chacun trouve en soi pour accepter la réalité, et l'assumer.