Classes préparatoires : Le livre de Muriel Darmon

Poche

La Découverte

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Qui sait ce qui se passe réellement aujourd'hui derrière les murs des classes préparatoires ? Accusées de tous les maux – fabriquer des crétins ou désespérer leur jeunesse – ou célébrées comme formation d'" élite " – dans l'oubli de sa contribution à la reproduction sociale –, les " prépas " sont en réalité très mal connues. Cette première enquête ethnographique sur les classes préparatoires vient donc combler un manque et remettre en question nombre d'idées reçues.
Au travers d'une analyse très originale de l'" institution préparatoire ", Muriel Darmon nous montre quels types de sujets y sont " fabriqués ". Elle met ainsi au jour les dispositifs de pouvoir qui s'y exercent, la manière dont l'institution produit une certaine forme de violence envers les élèves tout en étant soucieuse de leur bien-être, comment elle opère en individualisant à l'extrême plutôt qu'en homogénéisant et comment, ce faisant, elle renforce sa prise sur les individus.

De (auteur) : Muriel Darmon

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Expérience de lecture

Avis des libraires

Qu'elles soient taxées de vastes entreprises de formatage intellectuel ou de centrifugeuse des élites françaises, les classes préparatoires, spécificité culturelle et institutionnelle nationale, nourrissent un imaginaire fécond. C'est pour déconstruire les idées reçues à leur sujet que Muriel Darmon, chercheuse au CNRS, s'est lancée dans une étude ethnographique de plusieurs classes prépa pendant deux ans. En s'intéressant bien sûr au rôle de ces "institutions contrôlantes" dans la structuration des élites, mais en observant aussi le mode de socialisation des élèves dans ces classes. L'auteure analyse l'impact de la prépa sur la vie scolaire, sociale, familiale et sentimentale de ses élèves. Tous les mécanismes de violence symbolique intégrés par les élèves et appliqués par le personnel de cette institution sont détaillés, ainsi que les différentes stratégies de soumission, d'évitement ou de rébellion. Loin d'avoir une approche monolithique, l'ouvrage distingue les différents habitus développés par les élèves selon les filières, et leurs différents modes de socialisation suivant leur origine sociale. Forte de ce travail de terrain, l'auteure s'autorise une conclusion plus générale sur le rapport de force entre les différents types de capital culturel mobilisés selon les filières, remarquant que le capital plus pragmatique et entrepreneurial détenu par les élèves de prépa économique est en passe de prendre le pas sur le capital culturel plus scolaire et classique des élèves littéraires et scientifiques.|Barthélémy Gaillard
Alternatives économiques
Beaucoup d'heures de cours, des contrôles de connaissances fréquents, des délais serrés... Mais qu'apprend-on vraiment en prépa ? Directrice de recherche au CNRS, Muriel Darmon a décidé de lever le voile. Elle a donc passé deux ans dans un "grand lycée de province", suivant ses sections économiques et scientifiques. Publié à la rentrée 2013, son livre, Classes préparatoires. La fabrique d'une jeunesse dominante, montre comment les élèves sont plongés dans un univers régi par un "mode d'avance rapide".|Aurélie Djavadi
Challenge
Avec des effectifs en hausse constante, les classes préparatoires suscitent régulièrement des critiques quant à leur élitisme, leur coût et leur inadaptation au marché du travail. Muriel Darmon a passé plus de deux ans dans un grand lycée de province, et observé la vie des étudiants de classes préparatoires scientifiques et commerciales, dominée principalement par l'étude. Plus qu'une orientation, la classe prépa est un choix de vie : le rythme intense du travail commande à l'ensemble de l'existence scolaire, sociale et amoureuse des étudiants. Certains s'y font, d'autres moins. Hormis le tempérament personnel, quelles sont les conditions de la réussite en prépa ? Pour le dire autrement, " de quelle façon les classes préparatoires forment-elles et transforment-elles leurs élèves ? " Les classes prépas marquent les élèves de leur emprise au point de les transformer. Pour autant, il ne s'agit pas de nier leur singularité mais au contraire de les révéler à eux-mêmes, dans leur réaction face à l'urgence et au stress. Accepter les règles, gérer la masse de travail, intégrer en permanence de nouvelles connaissances ne suffit pas. Il faut faire preuve de réflexivité face à ces apprentissages, d'inventivité même afin de ne pas en rester à un niveau purement scolaire. C'est donc bien une socialisation qui est ici à l'œuvre, inculquant un sens de l'obéissance tout autant qu'un esprit de décision et de responsabilité.|Thierry Jobard
Sciences Humaines
Les classes prépa, spécialité française, sont devenues un mythe national. Longtemps célébrées comme des symboles d'excellence, elles affrontent aujourd'hui, plus que les grandes écoles auxquelles elles préparent, la montée des critiques : on les accuse d'être des " bagnes ", des fabriques d'esprits conformistes et surtout d'illustrer et d'amplifier les inégalités de notre système scolaire. Ces griefs ont été renforcés par l'étrange mesure finalement retirée par Vincent Peillon, visant à prendre aux " riches " profs de prépas pour donner aux " pauvres " profs de ZEP : rien de plus efficace pour créer hostilité et méfiance entre ces deux pôles, également utiles et respectables, de notre monde enseignant.Quelles ambitions ? Peu avant que n'éclate cette querelle, une sociologue publiait un livre consacré à ces fameuses prépas. Non pas pour pousser un énième gémissement sur leur caractère socialement inégalitaire, qu'elle rappelle d'emblée (plus de la moitié de leurs élèves sont issus de milieux qui ne représentent que 16 % de la population active), mais pour les étudier " de l'intérieur " : comment fonctionnent-elles ? Quelles sont leurs ambitions ? Qu'y apprend-on ? Elle s'est immergée deux ans dans un " grand lycée de province " pour suivre quatre classes préparatoires – deux économiques, deux scientifiques. Elle y a mené une centaine d'entretiens avec des élèves, des professeurs, des cadres administratifs, assisté à des cours et à des conseils de classe... Le résultat est un livre riche et subtil, qu'on suit avec curiosité même si sa lecture est rendue parfois ardue par l'emploi du vocabulaire technique de la sociologie. [...] S'il rompt avec certains mythes, ce portrait sur le vif n'est nullement complaisant. Il rappelle sans ménagement la " fonction sociale " des prépas : " Sélectionner une fraction des jeunes des classes supérieures pour leur apprendre à devenir ce qu'ils sont destinés à être. " Sur ce thème, on aurait pu évoquer aussi la montée des prépas privées, ou encore la fracture de plus en plus nette entre les filières des grandes écoles et l'université. Mais une bonne enquête sociologique doit savoir circonscrire son sujet.|Gérard Moatti
Les Echos
C'est l'antichambre de la reproduction sociale, le symbole de la pression scolaire, la fabrique nationale d'une élite suffisante et détachée des réalités de ce monde. Telles sont les images qui traversent l'inconscient collectif lorsqu'on évoque les grandes écoles et les classes préparatoires qui y mènent. Muriel Darmon, elle-même ancienne élève de l'Ecole normale supérieure, sociologue et directrice de recherche au CNRS dans le Centre européen de sociologie et de science politique (Paris 1), s'est livrée à une enquête ethnographique sur les classes préparatoires. Elle y confirme des a priori, mais tord aussi le cou à quelques idées reçues sur ces lieux d'excellence scolaire. Pour cela, la chercheuse a préféré le témoignage à la démonstration, l'analyse à l'incantation. Ce livre propose une approche originale, à la fois concrète et complexe, de la réalité de ces classes où se forme la jeunesse dominante de ce pays. Elle parvient ainsi à démystifier cette institution qui ne sert pas qu'à produire "d'intelligents crétins", mais surtout à leur permettre de s'adapter aux nouvelles exigences du monde du travail et d'y occuper une position élevée.|Bruno Béziat
Sud Ouest
Cette étude ethnographique parmi les élèves de prépa d'un grand lycée bat en brèche certaines idées reçues sur l'institution préparationnaire. Elle montre notamment comment l'on y travaille - durement - à maîtriser le temps, cette denrée rare des sociétés modernes. Comment la prépa façonne, autant qu'elle sélectionne socialement, ceux qui la fréquentent.|Gilles Bastin
Le Monde des livres
Sociologue des processus de construction de l'individu - elle a publié Devenir anorexique, en 2003 -, Muriel Darmon s'attaque ici au vaste sujet, souvent décrié, toujours débattu, des " prépas ". Elle connaît intimement la question puisqu'elle en est elle-même issue. Le recrutement de cette formation aussi sélective qu'élitiste, " loin de s'être démocratisé depuis la Seconde Guerre mondiale, révèle au contraire une accentuation des inégalités d'accès ", observe-t-elle dans le fil des travaux des sociologues Monique de Saint-Martin et, surtout, Pierre Bourdieu. Dès 1989, dans La Noblesse d'Etat celui-ci s'intéressait à la fonction sociale des classes préparatoires, le mérite intellectuel consacrant le privilège social. Le processus d'autoreproduction sociale par la réussite scolaire permet néanmoins à des élèves de milieux moins favorisés d'accéder aux grandes écoles ou du moins d'être formés dans des cursus d'excellence, au prix parfois de grandes souffrances pour les intéressés. De ces expériences extrêmes sont nées des légendes " noires " ou " dorées " que relève Muriel Darmon et qu'elle souhaite dépasser afin de porter l'enquête, non plus seulement sur la fonction sociale mais aussi sur la fonction technique des " prépas ", ce qu'elle nomme " les processus de la socialisation institutionnelle préparatoire ". On pourrait la désigner plus simplement comme l'apprentissage d'un éthos qui ne se limite pas aux qualités scolaires et qui forge une identité sociale.|Vincent Duclert
La Recherche
quoi préparent les classes prépas ? Sont-elles une école de docilité et un moule pour la reproduction sociale des élites ou ont-elles d'autres fonctions ? Pour l'auteure, sociologue et ancienne élève de l'ENS, les prépas, par la mise sous pression permanente des élèves, apprennent notamment à gérer l'urgence, à économiser son temps et à devenir dominant. Avant même le bourrage de crâne, les classes préparatoires... préparent des "maîtres du temps" qui ont appris à le rentabiliser: un atout majeur ensuite pour les entreprises.
Entreprises et carrières
Savoir gérer l'urgence et maîtriser le temps est un des bénéfices du passage par les classes préparatoires. Muriel Darmon, sociologue au CNRS, ancienne élève de l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm, a décidé de plonger dans la vie de quatre classes préparatoires aux grandes écoles, deux scientifiques et deux économiques, d'un grand lycée de province. Pendant deux ans, elle a assisté à la sélection des "bons dossiers" et aux réunions de professeurs. Elle a suivi les conseils de classe et observé le déroulement des cours, des devoirs surveillés, des colles, jusqu'aux résultats des concours. Son enquête, les Classes préparatoires. La fabrique d'une jeunesse dominante, s'appuie sur une centaine d'entretiens.|Isabelle Rey-Lefebvre
Le Monde Eco et Entreprise
L'ouvrage offre une vision résolument empirique des classes préparatoires, qui se distingue radicalement de la manière dont elles sont dépeintes dans le débat public. Sa démarche méthodologique est exigeante, et chaque affirmation est appuyée et nuancée par des données riches ; cette richesse est aussi celle de la variété des thèmes abordés. L'enquête creuse ainsi un sillon relativement délaissé par la sociologie de l'éducation des élites. Alors que la littérature retient surtout le Bourdieu sociologue de la reproduction, Muriel Darmon insiste sur une autre dimension de son travail, la " socio-genèse des habitus ". Économe en références, elle n'en produit pas moins une discussion serrée et particulièrement fertile des thèses de Foucault et Goffman sur l'institution, ou encore de Becker et Merton sur la socialisation. Il en résulte une approche originale de la fabrication et de la transformation des individus dont les leçons excèdent largement le seul cadre des classes préparatoires.|Samuel Coavoux
Liens socio

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L'auteur

Muriel Darmon

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13,00 € Poche 328 pages