De l'autre côté du temps (1939-1968) - Mémoires : Le livre de Jean-Yves Tadié

Grand format

Plon

0 personnes ont réagi

Les mémoires d'un grand professeur et critique littéraire, monument de la culture française.

" Pendant de longues années, j'ai parlé des autres. Dans mes cours et dans mes livres. Le jour où j'ai renoncé à être romancier ou poète pour devenir critique littéraire, j'ai aussi renoncé à parler de moi. Naturellement, j'ai secrètement espéré que les portraits des écrivains que je présentais refléteraient l'âme du peintre. Mais si discrète était la confession ! Si neutre le style...
Comme le clavier d'un piano, la mémoire est faite de blanc et de noir. Je n'ai pas cherché à reconstituer ces blancs, à les combler par une connaissance historique, c'est-à-dire extérieure.
Qu'est-ce qu'être un enfant durant la Seconde Guerre mondiale ? Un adolescent d'autrefois ? L'élève d'un collège de jésuites pendant la guerre ? Qu'étaient le Cameroun ou l'Égypte des années 1960 ? Nous avons voulu, comme Raymond Radiguet, "chasser les mouches du passé'. Tant d'êtres, tant de passages...
Je compte ici, à partir de quelques vieux souvenirs, vieux amis, vieux ennemis, rebâtir une sorte de moi. "
Jean-Yves Tadié

Professeur et critique de la littérature éminent qui a su transmettre l'oeuvre de Marcel Proust à des générations de lecteurs, Jean-Yves Tadié, à travers ses mémoires passionnants, ses goûts littéraires et sa bibliothèque idéale, nous plonge dans la vie culturelle, politique et intellectuelle de l'après-guerre française.

De (auteur) : Jean-Yves Tadié

Fermer
 

Expérience de lecture

Avis Babelio

Newwavebac

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

J’adore l’érudition de Jean-Yves Tadié, il fait partie des grands intellectuels français, trop sous exploité à mon goût. Quand j’ai vu qu’il sortait une autobiographie je me suis précipité dessus. Et je n’ai pas été déçu, c’est intelligent, assez bien mené, suffisamment personnel pour être intéressant. On découvre les coulisses de nos universités françaises et de la coopération et c’est assez réjouissant. Ce qui est dommage en revanche c’est d’avoir coupé le livre en deux (voire plus?) car on s’arrête pile au moment où Jean-Yves Tadié devient un intellectuel précisément, en 1968. Et puis, pour un livre d’un sans doute futur académicien français, que de fautes de frappes et de non relectures (ainsi entre la page 212 et la page 220, répéter deux fois la même anecdote, la première fois pour nous dire qu’il a noté sur un cahier le nom de ses élèves au Cameroun, la seconde pour nous dire qu’il n’a pas oublié les noms de ces élèves…ben oui, tu viens de nous dire que tu les avais notés sur un cahier…). Sans compter les erreurs de frappes qui pullulent trop pour un livre d’un docteur es lettres…Plon a fait des économies de correcteurs? Ou alors j’ai acheté une version non destinée à la vente. J’espère que le tome 2 ne souffrira pas d’autant de négligences.

Signaler

marchenry

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Je le croise de temps à autre dans mon quartier. Nous ne devons pas être très nombreux à savoir qui il est. C'est un vieux et un immense monsieur. Il a consacré sa vie de professeur, d'éditeur et de biographe à la lecture de grands livres écrits par de grands écrivains, et sans doute au plus grand d'entre eux, Marcel Proust. Il écrit aujourd'hui, à quatre-vingts ans passés, un grand livre sur sa vie de grand lecteur de grands livres - ce sont ses Mémoires et c'est un pur bonheur. Dans ces pages tenues, sensibles, d'une justesse et d'une élégance absolues, rien de boursouflé, rien de factice, rien de rageur : une traversée du demi-siècle, de la guerre de 39 au mai de 68, et du monde, de Paris 16 à Paris 6 et du Cameroun à l'Égypte en passant par la Grèce, pour réaliser que ce n'était ni mieux, ni pire avant (des choses mieux, des choses pires), qu'il y a plus grand que l'homme, disons l'Art, la Beauté, le mystère et des valeurs telles que la gratitude, l'admiration, l'amour, l'étude, la justice. Lire le premier tome des Mémoires de Jean-Yves Tadié, c'est de fait se tenir de l'Autre Côté du Temps, renouer avec l'essentiel, oublier le temps qui passe et lasse pour ne conserver, pour continuer de vivre, que le temps proustien, celui qui dure. Un livre magnifique.

Signaler

Christophe_bj

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

« Une autobiographie a quelque chose d'impoli. » #9679; Quel régal que ce premier tome de l'autobiographie du grand universitaire Jean-Yves Tadié, qui nous raconte les trente-deux premières années de sa vie, de sa naissance en 1936 à l'année-charnière 1968. #9679; Il n'est pas facile de rendre un récit de vie passionnant ; pourtant Jean-Yves Tadié y parvient. Son écriture simple, précise, limpide, classique m'a renvoyé à des années que je n'ai pas connues mais qui m'ont été racontées par mes parents ou des gens de cette génération, nés dans l'immédiat avant-guerre ou pendant la guerre. #9679; Il a le don de narrer sans ennuyer, de rendre intéressants les petits faits d'une vie, de susciter la nostalgie sans appuyer, dans l'évocation sensible et non dans le vain regret du « c'était mieux avant ». #9679; Son récit commence classiquement par la petite enfance et les années de guerre ; il évoque aussi ses parents, ses grands-parents, même ses arrière-grands-parents, et sa parentèle plus éloignée, oncles, tantes, cousins, ainsi que des amis de la famille. Mais jamais il ne s'appesantit, jamais il n'est ennuyeux. Au contraire, il brosse en quelques phrases enlevées et savoureuses les portraits de ces gens. #9679; Il nous raconte ensuite ses études, du primaire à l'Ecole Normale Supérieure, y compris le harcèlement dont il fut longtemps victime, et aussi les nombreuses maladies qui l'affectèrent. Il est très habile à restituer ce qui fait le propre de la formation intellectuelle d'un jeune homme de ces années, né et habitant du bon côté de Paris (boulevard Suchet), dans une famille sans grande fortune – mais pas sans relations. Ainsi sa mère, traductrice de l'anglais, donne-t-elle par exemple des cours à Madeleine de Gaulle, belle-soeur du général. #9679; J'ai vraiment beaucoup apprécié la sincérité et la simplicité avec lesquelles il se met en scène ; on retrouve dans son autobiographie les qualités qui sont celles de l'universitaire, de l'essayiste ou encore de l'éditeur de Proust. J'ai apprécié là le même ton que celui de ses causeries, brillantes mais sans ostentation. #9679; Bien entendu, tout son parcours scolaire et universitaire se double des lectures qu'il a faites, et Proust n'est jamais bien loin, et cela, dès le titre et l'exergue : « Nous serions obligés de dire qui nous étions de l'autre côté du Temps, nos dernières années étant comme un pays inconnu où nous débarquons, et où ceux qui l'habitent n'ont jamais entendu prononcer notre nom. » (Esquisse l'du Temps retrouvé). #9679; Il fait parfois des confidences intimes : « Au fond, ma vie se déroulait sous le signe de la crainte ; je pense même qu'elle ne m'ait jamais quitté ; il suffit de peu pour qu'elle reparaisse, cette incommode compagne, à l'occasion d'une rencontre, d'un événement, d'une lecture. » Il se sent mis à l'écart : « ‘Solitude, ô ma patrie !' Mes camarades de classe ne m'ont pas invité une seule fois, non, pas une seule fois, de toute cette période de l'enseignement primaire. » « Dans des moments de mélancolie, je suis incapable de lire un roman qui ne finit pas bien et il m'arrive de m'en assurer en consultant la dernière page. » #9679; Il fut sans doute toute sa vie victime de son faciès, particulier et très allongé : il lui donne un air sévère et hautain qui n'est absolument pas le reflet de son caractère. « J'entendis plus tard le père Thomas, notre professeur de philosophie, réagir lui aussi à mon faciès : ‘Voilà la tête sinistre de Jean-Yves Tadié.' Des décennies après, ayant été invité par Antoine Compagnon à parler de Proust au Collège de France, je commis l'erreur de regarder les réactions sur Internet, et tombai sur la phrase : ‘On m'avait dit qu'il ressemblait à Nosferatu le Vampire, et c'est tout à fait vrai.' On ne choisit pas son visage, on n'en est pas responsable […] » J'ai moi-même entendu des gens le juger sur la base de son visage atypique, sans même l'avoir lu : quelle stupidité ! #9679; Dans cette autobiographie, il dit des choses très justes sur certains auteurs, sur ses études, sur l'ENS ou sur l'agrégation, comme : « Je n'avais pas encore compris que le concours portait, non sur un savoir encyclopédique, mais sur la méthode, telle au moins que le jury la concevait. » #9679; Il regrette l'abandon de la chronologie dans les études secondaires : « cette mort de la chronologie dans la pédagogie actuelle, conséquence d'un structuralisme mal compris, a introduit le désordre dans la pensée et les lacunes dans la culture. » #9679; Je termine par une dernière citation sur l'importance de la lecture : « Que si l'on m'objecte qu'il y avait peu d'événements dans ma vie, je répondrais qu'une lecture profonde est un événement capital, qui ébranle le cerveau, l'inconscient, le système d'idées, la vue sur le monde. » #9679; Ce premier tome m'a enchanté, et j'attends avec impatience le deuxième, qui va sans aucun doute nous raconter la brillante carrière de Jean-Yves Tadié et l'écriture de ses livres.

Signaler

Livres du même auteur

Les livres de la même maison

Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Biographies Littéraires
  • EAN
    9782259320443
  • Collection ou Série
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    256
  • Dimensions
    226 x 142 mm

L'auteur

Jean-Yves Tadié

Découvrir l'auteur

Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

22,00 € Grand format 256 pages