Journal sous dictature : Le livre de Dmitry Glukhovsky
" Depuis quand la Russie est-elle possédée par un démon qui la pousse à piquer des crises, proférer des malédictions inintelligibles et des accusations absurdes, se jeter, écume aux lèvres, sur ses voisins pour tenter de leur arracher la gorge ? "
Telle est la question que pose Dmitry Glukhovsky dans ce témoignage littéraire saisissant, essayant de comprendre comment une société, qui a tenté de se reconstruire après les années noires du communisme, a fait marche arrière pour franchir volontairement les portes de la dictature.
À travers une décennie d'histoire russe, l'auteur dissèque les rouages du basculement : le culte de Staline renaissant, la guerre en Ukraine, la mainmise croissante du pouvoir sur les médias, la transformation de l'Église orthodoxe en alliée inconditionnelle du pouvoir, les protestations étouffées de la population, l'annexion de la Crimée... Chaque étape éclaire une trajectoire implacable vers le régime autoritaire de Vladimir Poutine.
Portrait poignant d'un peuple qui ne semble plus pouvoir échapper à son destin, ce document exceptionnel rédigé entre 2012 et 2023 révèle la mécanique qui pousse une société vers le totalitarisme, et nous invite à une réflexion profonde et actuelle sur les dangers de nos servitudes volontaires.
De (auteur) : Dmitry Glukhovsky
Traduit par : Raphaëlle Pache
Expérience de lecture
Avis Babelio
Talec0904
• Il y a 1 mois
« Doit-on obligatoirement avaler quand on suce ?». C’est le genre de remarques ,dans le style de l’humour populaire russe, que l’on trouve dans ce livre (cette dernière à propos de l’intelligentsia russe) D. A. Glukhovsky est né en 1979 à Moscou. Après avoir fréquenté l'Université de Jérusalem. (son père était juif de ‘nationalité’)il a travaillé pour une chaîne d'information basée en France,puis est retourné dans son pays pour travailler comme correspondant d’une télévision russe. Il y a cessé de croire que « le pouvoir était sacré ». Dans ce cadre il participe à la couverture de la catastrophe de Tchernobyl et montre aux russes la réalité d'une ville empoisonnée par les radiations. Un thème qui imprègne son roman « Métro » avec lequel il devient auteur de science-fiction post-apocalyptique, traduit en plusieurs langues. Depuis janvier 2022 il vit en exil en Europe .En 2023 il est condamné par contumace à huit ans de prison pour « diffusion de fausses informations » sur les réseaux sociaux, pour avoir posté sur son compte Instagram ces mots : « Non à la guerre en Ukraine. Admettez que c’est une véritable guerre contre l’ensemble du peuple ukrainien et arrêtez-la ! » Ici,il reprend des articles écrits et publiés par lui dans divers journaux (russes et occidentaux) entre 2012 et 2023. Chaque chapitre correspond à une date et porte sur un événement de la société russe qu’il contextualise pour le lecteur occidental, analyse l’article d'origine et le commente avec le recul dont il dispose aujourd'hui. Bien sur son pays y est décrit comme une République ‘bananière’ où l’État a inclus dans ses services ,la religion, toute la presse et la mafia. Mais on voit aussi le portrait d’un homme amené à lever ses illusions.N’hésitant pas à montrer ses erreurs d’appréciations,il montre une humilité pas si fréquente chez les analystes contemporains . Étape par étape,Il montre une « chute dans un trou noir » : les années où le peuple russe a fini par « revenir de lui-même se placer sous la surveillance de ses gardes-chiourmes » en acceptant d’entrer dans le monde « de mensonge et d’illusion » bâti par le régime de Poutine. Lui aussi, il s’est « dégonflé » tandis que le pouvoir durcissait la répression. Nous nous sommes « bornés à jouer à la révolution »dit-il .Il est rare que Glukhovsky se reproche un excès de pessimisme. Ironie russe bien sur, mais aussi émotion face au grand ‘gâchis’ de la guerre contre l’Ukraine. Écoutons la voix de ce jeune russe qui n’a pas vraiment connu l’Union Soviétique : --sur la guerre, --sur les rapport avec l’Occident, --voire avec Trump.
Reginalda
• Il y a 1 mois
Je connaissais Dmitri Glukhovsky pour avoir lu « Métro 2033 » et « Sumerki », autrement dit comme un bon auteur de science-fiction post-apocalyptique. C’est donc avec surprise que j’ai découvert « Journal sous dictature », qui est un recueil d’articles. Dmitri Glukhovsky y a réuni tout ce qu’il a publié à propos de la société russe dans divers journaux entre 2012 et 2023. Ainsi, il va réfléchir sur l’influence croissante de l’église orthodoxe sur le milieu politique russe, les manifestations de 2012, l’annexion de la Crimée en 2014… pour en arriver à la guerre en Ukraine, la mort de Navalny et son propre exil forcé, puisqu’il a été jugé par contumace et estampillé « agent de l’étranger ». Outre le caractère toujours percutant de ses analyses, leur style vif, riche et élégant, j’ai particulièrement apprécié le parti-pris qu’il a choisi de revenir a posteriori sur ses écrits du passé avec le regard du présent. Autant le dire, il est rare que Dmitri Glukhovsky se reproche un excès de pessimisme. Au contraire, il se reproche souvent d’avoir pêché par optimisme et l’ouvrage dans son ensemble ne contribue guère à rassurer le lecteur quant à l’avenir. N’empêche, si, comme moi, on cherche à regarder autant que possible la vérité en face, la lecture de « Journal sous dictature » est absolument indispensable. Ce livre nous aide à apprendre et à décrypter les processus à l’œuvre en Russie, exposés par une plume remarquable.
Missef
• Il y a 1 mois
On ne présente plus Dimitry Glukhovsky, auteur des romans à succès Métro 2023, 34, 35... Il nous revient cette fois non pas avec de la fiction, mais un recueil d'articles journalistiques écrits et publiés par lui dans divers journaux entre 2012 et 2023. Chaque chapitre correspond à une date et porte sur un événement ou une évolution de la société russe que l'auteur contextualise pour le lecteur occidental d'aujourd'hui, analyse son article d'origine et le commente avec le recul dont il dispose maintenant. Aussi surprenant que ce soit pour un texte de cette nature, j'ai été vraiment émue et touchée. D'une part, parce que les événements présentés sont suffisamment récents pour que leur souvenir soit encore vif et donc trouve un écho dans ma vie de citoyenne du monde. D'autre part, parce que le dispositif choisi par l'auteur témoigne à la fois d'une grande perspicacité et d'une humilité pas si fréquente chez les analystes de la société contemporaine. Il n'hésite pas à présenter ses erreurs d'appréciation, à souligner ce qui, dans tel ou tel article, relevait d'une influence de la propagande. Bref, en même temps qu'un portrait de la Russie, j'ai eu l'impression de voir se dessiner en creux le portrait d'un homme qui ne cesse de chercher à lever le voile des illusions que tout un chacun peut se faire. Alors oui, le constat est amer, l'avenir fort probablement sombre, mais Dimitry Glukhovsky a le grand mérite d'essayer de nous ouvrir les yeux.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Actualités et Société , Biographie Témoignage Mémoire
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- EAN
- 9782221278376
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 464
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- Dimensions
- 217 x 139 mm
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22,90 € Grand format 464 pages