La Chasse : Le livre de Gabriel Bergmoser

J’aime bien lire des polars dont les intrigues reposent sur une chasse à l’homme. Les deux histoires qui avancent en parallèle dans ce roman pour au final se rapprocher n’ont pas échappé à la règle. Simon, un jeune homme de bonne famille, décide de faire un petit break. Inspiré par Jack Kerouac, il prend la route loin des sites touristiques à la recherche d’une Australie authentique. Dès les premiers jours de son road-trip, il rencontre Maggie, une jeune femme nomade, extrêmement jolie et sexy. Ils décident de faire la route ensemble à bord de son vieux break. En quête d’aventure, ils quittent la Nationale et s’enfoncent sur une piste défoncée sous la canopée du bush australien. Dans ce cul de sac, ils entendent des coups de feu. Ils tombent alors sur des chasseurs de cochons sauvages. Steve le leader de la bande leur offre l’hospitalité dans son petit village perdu au milieu de nulle part. Cela tombe d’autant mieux qu’une soirée barbecue est organisée et va réunir tous les habitants. Simon est pourtant très mal à l’aise au milieu de la fête. Il décide qu’il repartira seul dès le lendemain matin, quitte à abandonner Maggie. Elle, semble très joyeuse au milieu de la fête. Mais c’est le début de la fin. La chasse à l'homme est lancée. Une fugitive blessée décide de s’arrêter dans une station service isolée au milieu de nulle part. Elle s’effondre au pied d’une pompe à essence. Frank le propriétaire de cette petite affaire, un quinquagénaire taciturne retiré de toute vie sociale depuis de longues années, lui vient en aide. Il l’emmène discrètement dans sa maison pour panser ses blessures. Mauvaise idée. Si cette jeune fille fuit, ce n’est pas pour rien. Des primitifs à sa poursuite n'ont pas l’intention de lâcher leur proie. Et les dégâts collatéraux ne sont pas pour leur déplaire. Le snack de la station service de Frank est assiégé et malheur aux clients qui sont à l’intérieur. Puis, faute de retrouver la fugitive, les chasseurs se déplacent vers la maison de Frank où elle se cache. Et là, ils tentent de pénétrer dans cette demeure dans laquelle se trouve également Allie la petite fille de Frank. Il l'héberge temporairement. Son fils avec lequel il était en froid lui a confié l'adolescente et, ce pour la première fois depuis sa naissance. Les primitifs vont-ils parvenir à leur fin ? La tension est à son maximum. Le récit qui alterne le passé et le présent est de plus en plus prenant au fur et à mesure de son avancement jusqu’à ce que l’on comprenne qui est la femme qui a débarqué chez Frank et quelles sont ses motivations. Au final j’ai, ressenti des émotions très fortes à la lecture de ce thriller mettant en scène des chasses à l'homme comme dans les romans de Sandrine Collette « Des Nœuds d’Acier » ou encore dans celui de Céline Denjean « Le Cheptel ». Ces romans sans temps morts m’ont tenu en haleine du début à la fin.

Chronique de Flingueuse : Le billet de Chantal pour Collectif Polar Paysage rouge émaillé de vert, coupé en deux par une route sur laquelle file une voiture bleue vers une destination encore inconnue … On est déjà embarqués par la couverture de ce roman aux couleurs contrastées, un rouge qui fait penser aux pistes de latérite, un vert évoquant des bosquets épars de landes pauvres, un bleu métallisé d’une carrosserie incongrue dans ce milieu … Dès le prologue, on se retrouve dans cette voiture, et sans encore le savoir, on est en route pour l’enfer, même si, on le comprendra plus tard, l’histoire racontée est un long flash-back. Autant le dire d’emblée, on sort un peu sonné de ce récit, tant l’auteur en maîtrise et la construction et l’art du suspense ! Doucement mais sûrement, inéluctablement, la tension monte jusqu’à un final digne de La horde sauvage de Peckinpah mâtiné de Tarentino ! Lecteur, si tu n’aimes pas trop les scènes réalistes, passe ton chemin, ou … tourne vite la page ici ou là. Violence verbale, violence physique … On en a pour son comptant ! L’auteur nous fait rencontrer des personnages forts, voire hors-norme, quel que soit leur camp ! Un pompiste désabusé, Franck, perdu sur cette fameuse route qui traverse le bush australien, obligé de garder sa petite-fille qu’il connaît à peine, pompiste dont on sent vite qu’il n’aime pas trop être dérangé et que son passé pèse encore lourd ; sa petite-fille Allie, qui va être confrontée au mal absolu; un couple de citadins qui ne demandait rien d’autre qu’un peu d’essence et de quoi se restaurer, une jeune femme, Maggie, blessée ms refusant toute aide extérieure, déboulant à toute vitesse dans la station , un groupe d’habitants fort peu amènes venus d’un village perdu, hors-piste, hors du temps … Faites se rencontrer tous ces personnages, et le choc se produit, la chasse peut commencer. Et quelle chasse !! On fait connaissance petit à petit, l’auteur ayant choisi une narration alternée, « un peu plus tôt »/« maintenant »,qui permet à la fois de comprendre qui sont les personnages, avant leur rencontre, leurs motivations, et leur transformation, ou pas, dès lors que les autochtones entrent en scène. Ce roman se lit quasiment d’un trait, tant on est emporté dans la spirale des événements. L’écriture est nerveuse, les actions s’enchaînent, Franck retrouve de vieux réflexes de survie, le lecteur, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, a envie de l’avertir des dangers, car, oui, on veut qu’il s’en sorte, avec sa petite-fille Allie . On pense aux « Chasses du comte Zaroff » (film de E. Schoedsack et I. Pichel, 1932), à Cul de sac, roman de D. Kennedy. G. Bergmoser tient son lecteur de bout en bout, avec cette histoire qui n’est peut-être que la métaphore de notre monde, où violence et haine de l’autre émergent n’importe où. Un des personnages, Simon, était à la recherche d’une Australie authentique, profonde, loin des villes et de leurs artifices… Comme il existe un dark net, Simon n’a trouvé qu’une « dark »Australie … Sauvage, vous avez dit sauvage ? Aucun personnage n’en sortira indemne, s’il tant est qu’il s’en sorte ! Et moi, j’ai furieusement envie de retrouver (la fille qui) « conduisait vite, frôlait la vitesse limite. (….) Elle roula sans s’arrêter, le temps que le soleil se lève puis se couche et que le bleu du ciel devienne à nouveau sanguin et que la terre alentour paraisse prendre feu. »

Le gibier Damned ! Je m’apprêtais à lire L’héritière, nouveau thriller de Gabriel Bergmoser, grâcieusement offert par NetGalley et les éditions Sonatine, lorsque je m’aperçus qu’il s’agissait peut-être d’une suite du précédent, puisqu’on y retrouvait l’un des personnages… Et moi, vous me connaissez, je préfère (sauf exceptions !) lire les « séries » en commençant par le début ! Exit L’Héritière (remisée pour l’instant), me voici donc à La chasse ! Au milieu de nulle part, loin de l’Australie touristique, Franck tient une petite station service au bord d’une route peu fréquentée. Des pompes à essence, quelques rayonnages de produits de première nécessité : rien de mirobolant mais Franck s’en contente et rien ou presque ne vient jamais perturber sa petite routine. Ah si, j’allais oublier : depuis quelques jours il héberge Allie sa petite fille, une ado de quinze ans que ses parents, en instance de séparation, ont préféré éloigner des disputes conjugales. Le hic, c’est que grand-père et petite fille ne se connaissent pas, et que Franck a toutes les peines du monde à tenter de nouer ne serait-ce que l’esquisse d’un dialogue avec Allie qui n’y met pas vraiment du sien ! Et leur quotidien va être brutalement bouleversé par l’arrivée –en trombe- d’un véhicule : à son bord, un couple de jeunes gens, et une fille gravement blessée… Franck et les jeunes tentent de la soigner tant bien que mal mais doivent se résoudre à appeler les secours… sauf que Maggie - la blessée- s’y oppose avec véhémence ! Et elle semble terrorisée… Par quoi ? Par qui ? Pourquoi ? Si vous souhaitez des réponses à ces questions existentielles, je vous conseille très vivement la lecture de ce thriller que j’ai beaucoup aimé, un vrai roman d’action(s) qui se déroule en l’espace de quelques heures. Attendez-vous à du lourd, du sauvage ! Il y a du sang en quantité, des méchants très très méchants, et des histoires cachées qui ne sont pas faites pour les enfants. La frontière entre le bien et le mal est pour le moins fluctuante, n’espérez ni politiquement correct ni de happy end et ne vous attachez pas trop aux personnages ! C’est violent avec des scènes quelquefois un peu limite (mais ça passe dans le contexte, elles sont totalement assumées)… Brûlant, brillant, corrosif, terriblement addictif, j’en redemande (ça tombe bien, je me précipite sur L’héritière !). PS : un petit conseil si vous vous perdez sur les routes australiennes, dans le bush, faites gaffe aux raccourcis et ne prenez pas n’importe qui en stop !