La Colère et l'Envie : Le livre de Alice Renard, Hugues Boucher, Grétel Delattre, Alice de Lencquesaing, Michel Favory

Alice Renard, premier roman, premier coup de coeur. Il n'est pas étonnant que ce livre ait été aussi récompensé. Car s'il est bref, il n'en est pas moins dense et percutant. On y découvre Isor, une petite fille mutique, à travres les yeux démunis et pourtant aimant de ses parents. Les médecins sont formels, ce n'est pas qu'elle ne peut pas, c'est qu'elle ne VEUT pas. Entre crises de colère et rare moments d'affection, Isora grandit hors du système, hors de l'école, dans sa tête. Puis, grâce à une chaudière récalcitrante, on découvrira Lucien, le voisin, vieux septuagénaire solitaire et sa rencontre avec Isor. Ces deux-là vont s'apprivoiser et s'aimer d'une tendresse folle. Et puis Lucien fait un AVC. Et puis Isor disparait. Elle qui était mutique, voilà que ses parents reçoivent d'elle des lettres d'Italie. Ce roman en trois actes étonne par la justesse de ses personnages, dérange parfois par le discours des parents fatiguer d'essayer, attendrit par ses moments de grâce. le personnage d'Isor, à la fois central et secondaire nous entraine avec elle dans son monde et dans celui des autres. Un roman doux amer, une langue sublime, c'est un roman qui marque. Je vais surveiller cette autrice de près ! #9829;

Un petit trésor que ce roman où la poésie suinte derrière le mystère de cette fille qui ne parle pas et dont la rencontre avec son voisin de 76 ans, musicologue photographe, va la transformer. Ce sont d'abord les inquiétudes des parents qui se succèdent, puis l'amitié improbable entre deux êtres secrets avant l'épanouissement en Sicile alors que la langue se délivre et que la jeune fille se libère avec ses mots maladroits pleins d'amour et de reconnaissance.

Alice Renard est une jeune autrice à la plume distinguée et singulière. Pour un premier roman, elle s'inscrit déjà parmi les plus grands par son style et sa grande finesse d'écriture. L'autrice fait le choix d'une thématique qui fait souvent l'objet de stéréotypes légèrement déconcertants : la neurodiversité. Pourtant, c'est avec brio qu'elle parvient à faire entrer le lecteur dans l'intimité d'une famille dont la parentalité est bouleversée par les comportements de leur fille, Isor. Elle ne parle pas, elle ne lit pas, elle ne sait reconnaitre ou utiliser les codes sociaux. Camillio et Maude sont démunis. Les médecins aussi. Jusqu'au jour où, Isor rencontre Lucien, le voisin septuagénaire. Dès lors, la jeune fille laisse entrevoir des émotions, un attachement qui déconcerte plus qu'il ne réjouit. Un roman chorale qui invite le lecteur à suivre chacun des personnages dans ce voyage éprouvant de la différence. Pour autant, le texte regorge de ce qui unit une famille : l'amour. Avec l'amour, on peut tout.

22 ans quel talent, un roman qui nous plonge dans la vie vraie, loin des faux semblants. Une lecture qui nous oblige à repenser nos rapports aux autres, qui nous oblige aussi à accepter que parfois le non visible s’aligne pour créer une alchimie, c’est le cas d’Isor et de son vieux monsieur. Une évidence incomprise pour les autres mais nécessaire, vitale, nécessaire pour ceux qui le vivent. Ce premier roman nous laisse présager des merveilles futures. Merci.