La garde blanche : Le livre de Mikhaïl Bulgakov
Kiev, décembre 1918. Sur fond de guerre civile russe, Boulgakov raconte la fin de l'Ukraine tsariste à travers la destinée de la famille Tourbine, inspirée de sa propre famille. Si la mort sévit partout, chez les Tourbine, autour de la table familiale où éclatent la blancheur de la nappe et le chatoiement de la porcelaine, le temps est suspendu. Jusqu'à ce que les troupes ukrainiennes, dirigées par Simon Petlioura, déferlent sur Kiev. Plongés dans la tourmente, tous les hommes de la famille rejoignent alors la Garde blanche pour arrêter l'avancée des bolcheviks...
Écrit en 1923-1924, ce premier grand roman de l'auteur du Maître et Marguerite était, disait-on, le livre préféré de Staline car il montrait, mieux que tout autre, le bouleversement apporté par le communisme à la Russie. Ce livre où Boulgakov a mis toute sa nostalgie lui aurait, non sans paradoxe, sauvé la vie.
" Grande – grande et terrible – fut cette année-là, mil neuf cent dix-huitième depuis la naissance du Christ, et seconde depuis le début de la Révolution. " Mikhaïl Boulgakov
De (auteur) : Mikhaïl Bulgakov
Traduit par : Claude Ligny, Laure Troubetzkoy
Expérience de lecture
Avis Babelio
Melpomene125
• Il y a 1 mois
« Tout passera. Les souffrances, les tourments, le sang, la faim et la peste. Le glaive disparaîtra, et seules les étoiles demeureront, quand il n'y aura plus trace sur la terre de nos corps et de nos efforts. Il n'est personne au monde qui ne sache cela. Alors, pourquoi ne voulons-nous pas tourner nos regards vers elles ? Pourquoi ? » (Traduction Claude Ligny) Ainsi se termine La Garde blanche, en forme de méditation poétique et philosophique sur le caractère tragique de la condition humaine, marquée par l'inéluctable finitude. J'ai beaucoup aimé cette fin qui a été une source d'inspiration voire de méditation pour moi. C'est ce que j'attends d'un livre. L'histoire de celui-ci débute à la fin de l'année 1918, dans une famille russe, les Tourbine, qui habite à Kiev, où des milliers de personnes se sont réfugiées, en pleine guerre civile. Que reste-t-il aujourd'hui des « corps » et des « efforts » de ces êtres humains, à part le travail d'un écrivain, Boulgakov, qui est le témoin de cette époque lointaine et la rend à nouveau vivante, réelle, comme les étoiles dans le ciel, grâce à sa plume ? 1918 marque un tournant dans la Première Guerre mondiale. Après la révolution de 1917, les bolcheviques signent un traité avec l'Allemagne et ne participent plus à cette guerre qui a laissé la population exsangue. D'autres guerres commencent : celle entre les bolcheviques et les nostalgiques de l'ancienne Russie tsariste, celle entre les Ukrainiens qui veulent leur indépendance et ceux qui ne partagent pas cette conception, divers chefs, groupes et factions politiques dont la trace, à part pour les spécialistes de cette période, s'est bel et bien effacée. Ce roman m'a fait découvrir ce contexte historique méconnu mais ce n'est pas ce qui m'a plu, intéressée. J'ai aimé le choix de Boulgakov de nous faire vivre ce moment, non sur les champs de bataille, mais à travers le regard des membres de la famille Tourbine qui assistent, impuissants, à la disparition inéluctable d'un monde ancien dont ils sont nostalgiques. Alexis, Hélène et Nikolka étaient enfants, jeunes hommes, étudiants, jeune fille, heureux dans le foyer familial et cette harmonie a été remplacée par la mort, le chaos, l'instabilité et la peur de lendemains inconnus. le roman débute avec la mort de la Maman, un an après le mariage d'Hélène : la plus dure des épreuves au moment où Alexis rentre enfin à la maison. Et cette question presque métaphysique : « Maman, radieuse reine, où es-tu ? » L'écriture est belle, avec des références à Dostoïevski Les Possédés, Pouchkine Eugène Oneguine et j'ai aimé passer un moment avec Alexis, Hélène, Nikolka et leurs amis, entre joie de la jeunesse, tourments et angoisses de cette nouvelle guerre qui semble s'annoncer mais qui n'aura peut-être pas lieu, à laquelle tout le monde se prépare. Les Tourbine ne sont pas des bolcheviques. Que faire ? Que va-t-il se passer ? le lycée s'est transformé en QG militaire. le lycée où Tourbine et ses amis ont étudié pendant huit ans : que de moments de joie, de tristesse aussi parfois... Les souvenirs reviennent, ces sentiments sont intemporels et touchants. Vont-ils vivre ? Vont-ils mourir ? La guerre, ce sont aussi les pogroms : dans la nuit du 2 au 3 février, un homme qui a le malheur d'être Juif verra son destin définitivement scellé. Quant aux Tourbine… D'après Laure Troubetzkoy, traductrice de Boulgakov, La Garde blanche aurait dû être une trilogie mais les circonstances en ont décidé autrement. J'ai beaucoup lu Dostoïevski et Tolstoï mais jamais Boulgakov. C'est grâce à des chroniques de mes amis lecteurs de Babelio que je l'ai découvert et j'ai bien l'intention de poursuivre avec son oeuvre majeure le Maître et Marguerite.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782221202364
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- Collection ou Série
- Pavillons Poche
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 528
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- Dimensions
- 184 x 124 mm
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11,50 € Poche 528 pages