La Légende de Gilgamesh : Le livre de Gérard Chaliand

L’épopée de Gilgamesh est retranscrite et présentée ici par Gérard Chaliand. Ce texte dont des fragments incomplets ont été retrouvés puis réassemblés constitue le premier récit de l’humanité transcrit dans des mots. C’est une légende sumérienne vieille de près de cinq mille ans, seuls 2000 vers sur les 3000 de la version initiale ont été retrouvés sur des fragments d’argile, datant de plusieurs époques et en plusieurs langues dont le sumérien, l’akkadien et le hittite. Gilgamesh est le fils présumé du souverain d’Uruk et d’une génisse sauvage déifiée. Il est celui qui a édifié les remparts d’Uruk dont il est maintenant le despote. Gilgamesh est jeune et invincible, régnant en tyran sur ses sujets et fortement guidé par ses pulsions sexuelles. Rares sont ceux, jeunes hommes ou femmes, qui échappent à ses appétits insatiables. Afin de le canaliser, les dieux créent un magnifique berger au physique colossal, un ensauvagé nommé Enkidu. On lui envoie une courtisane pour ‘l’humaniser’, le séduire et le conduire à Uruk où il doit rencontrer Gilgamesh. Lorsque les deux hommes se rencontrent, ils s’affrontent puis à l’issue du combat ils deviennent amis et amants comme Achille et Patrocle. Tous les deux partent affronter le géant Humbaba, gardien de la forêt de cèdres dont le bois fait défaut à Uruk. Dès qu’ils ont abattu le géant, la déesse Ishtar apparaît à Gilgamesh et lui propose de l’épouser, mais celui-ci refuse son offre et l’humilie davantage encore en tuant avec Enkidu le taureau céleste qui devait la venger. Les dieux choisissent alors Enkidu comme victime pour restaurer l’honneur bafoué de la déesse Ishtar, et Enkidu meurt peu après jetant Gilgamesh dans un désespoir profond qui lui enlève tout goût de la vie et l’envoie errer sur les chemins bravant tous les monstres et tous les dangers pour gagner en vain l’immortalité et retrouver l’ombre de son compagnon. Voilà en quelques, lignes le résumé de l’épopée de Gilgamesh, mais le court texte que nous livre Gérard Chaliand est bien plus riche et bien plus poétique. Dans la dernière partie, après l’épopée faite d’affrontements face à des forces colossales, le texte est presque métaphysique et devient une réflexion sur la mort et l’après. Un texte court, dont la richesse étonne, qui n’est pas sans rappeler tantôt le Beowulf, tantôt certaines légendes grecques, ou encore certains passages de la bible avec notamment le déluge. Un récit fondateur donc, qui a traversé les âges et probablement influencé d’autres textes remarquables de l’humanité.