L'Amour et autres mensonges : Le livre de Laetitia de Luca

Un premier roman envoûtant qui nous embarque entre les années 70 et notre époque, qui nous fait voyager entre Montevideo et Lille. L'adultère se "transmet-il" de mère en fille ? Si le roman débute sur cette réflexion que se fait Lucie et surtout l'idée qu'elle ne veut en aucun cas reproduire ce que sa mère a fait, Laetitia de Luca nous offre un texte d'une grande richesse. Les personnages sont brillamment construits. La grande Histoire vient flirter avec celle plus intime de Mathilde et Luis. Une écriture fluide, intelligente, et qui évite bon nombre de clichés. Une vraie belle découverte.

Un premier roman réussi et bouleversant, parfaitement bien structuré pour notre plus grand plaisir de lecteur. L'amour est partout, dans ses mensonges et ses non-dits, dans le récit de la liberté et dans les coeurs meurtris. Un voyage dans l'intime mais également un regard sur nos contradictions face à l'envie d'être ou pas aimé. Lucie et Mathilde ont des histoires bien différentes, mais elles ont en commun une détermination réelle, un héritage lourd à porter et une furieuse envie de ne jamais renoncer à la vie. Voici un joli texte qui vous fera voyager dans le temps mais également en Uruguay, alors que la dictature baîllonne et qu'il faut se battre pour ne pas mourir.

Adultère de mère en fille. Lucie constate mi-déconcertée mi-amusée qu’elle se lance dans une aventure immorale mais si romanesque, celle qu’elle a reprochée à sa mère. Doit-on laisser filer le grand amour au nom des conventions ? Ce roman débute sur un ton léger, quelques travellings sur les rues désertes de Paris au printemps du confinement. Bleuette ? Pas tout à fait. Sur fond de dictature uruguayenne des années 1970 et sur le thème de l’exil, le roman raconte le grand amour de la mère de la narratrice. Ce qui change des romances de gare est l’angle féministe sous lequel il envisage la nature de la relation. Il remet dans son contexte le statut de la femme des années 1970 et le jette dans les bras du fantasme du grand amour. Ça reste tout de même assez convenu mais la plume est jolie et je n’ai pu m’empêcher d’admirer la confiance naïve de Mathilde, « née pour le bonheur ». Une parenthèse bienvenue entre deux lectures casse-tête :D

Toutes les histoires d’amour se ressemblent. Tous les mensonges aussi. En 2020, alors que le monde est condamné à des sorties masquées et limitées, la narratrice entame une liaison avec un homme, un lui jamais nommé, qu’elle croise chaque jour à la même heure. “Je me demande si, pour ma mère, ça s’est passé comme ça aussi. Une rencontre, le hasard et cette sensation d’irréversible.” Le récit nous entraîne alors dans le passé. En 1996, à Lille, lorsque Mathilde dévoile à sa fille de vingt ans, la narratrice, sa grande vérité, son grand mensonge, son grand amour. Puis en 1974, en Uruguay, auprès d’un certain Luis condamné à fuir sa famille et son pays au bord du chaos. On apprend beaucoup sur la situation politique d’alors, une terrible dictature. À son arrivée en France, Luis est accueilli par Mathilde. Ils tombent amoureux, malgré la situation, lui Uruguayen, elle Française, lui docteur, elle secrétaire, lui marié, elle aussi, lui déjà père, elle toute jeune mère. Entre eux, “c’est un immense amour, et une toute petite histoire.” “N’apprend-on donc rien d’une génération à l’autre ?” À plusieurs décennies d’écart, d’un exil à une pandémie, est-ce vraiment la même histoire qui se répète ? Un amour dissimulé, imparfait, rongé par la culpabilité, sans doute condamné, ou pire, fantasmé ? Chaque chapitre s’ouvre sur une citation de Pablo Neruda. “En ma terre déserte tu es l’ultime rose” par exemple. Mensonger ou pas, il faut bien reconnaître que l’amour, quand il s’écrit, est bien joli.