Le Départ du professeur Martens : Le livre de Jaan Kross

Poche

Robert Laffont

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Un roman inédit en poche par l'auteur estonien le plus traduit de tous les temps avec Le Fou du Tzar.

Au matin d'un voyage qui sera pour lui le dernier, Frédéric Frommhold de Martens, juriste d'origine estonienne de renommée mondiale, expert en droit international, conseiller et serviteur de trois tsars, dresse le bilan de sa vie.
Amère méditation ! Si la carrière du professeur Martens est en apparence une réussite - estimé par les grands de ce monde, il a tiré la Russie de plus d'un mauvais pas et la postérité gardera le souvenir de son nom -, a-t-il jamais, sur la scène de l'Histoire, joué autre chose que les utilités ?
Auteur emblématique de son pays, souvent cité comme lauréat possible du prix Nobel de littérature, Jaan Kross (1920-2007) raconte ici, à travers le destin du professeur Martens, l'Estonie de la seconde moitié du XIXe siècle.

" Vénéré en Estonie, Jaan Kross est aussi l'un des plus grands écrivains d'Europe. " L'Express

De (auteur) : Jaan Kross
Traduit par : Jean-Luc Moreau

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Etsionbouquinait

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

J’avais lu et beaucoup apprécié il y a quelques années Le fou du tzar, de l’écrivain estonien Jaan Kross (1920 – 2007), et je profite de la Rentrée à l’Est organisée par Sacha pour chroniquer aujourd’hui un autre roman historique de cet auteur, Le départ du professeur Martens, qui se déroule lui aussi dans la Russie tsariste. « Combien existe-t-il d’hommes qui puissent dire de bonne foi : telle fut mon intention et c’est ainsi que je l’ai exécutée ? ». Dans Le fou du tzar, le personnage principal, le baron Timotheus von Bock, assumait ses idées libérales qui lui valurent la disgrâce du tzar et l’emprisonnement. Le rapport aux régimes autocrates et la façon de s’y opposer ou de s’y conformer animent l’oeuvre de Jaan Kross. Dans Le départ du professeur Martens, le professeur Friedrich Martens, juriste, consultant permanent auprès du Ministère des Affaires Etrangères russes, évoque sa vie lors d’un voyage reliant Pärnu, en Estonie, à St Pétersbourg. Issu d’un milieu modeste (père cordonnier), orphelin dès l’âge de 10 ans, il fait preuve de dons exceptionnels. A 28 ans, à la demande du ministère des Affaires Etrangères, on lui demande de travailler sur un recueil de traités et conventions conclus par la Russie avec les puissances étrangères. Il devient rapidement une autorité en matière droit international. Néanmoins, contrairement au von Bock de Le fou du tzar, notre homme, qui a désormais passé la soixantaine, est conscient des compromis qui entourent sa carrière. Son voyage s’apparente le plus souvent à un monologue intérieur, où il évoque des événements historiques ayant jalonné sa carrière (défaite contre le Japon en 1905, signature d’accords avec le roi Edouard VII) et dans lesquels il joua un rôle important ; il s’adresse librement à sa femme à laquelle il promet désormais plus de franchise, ou encore évoque ses infidélités. Le professeur mentionne plusieurs fois un autre Martens, Georg Friedrich, né 89 ans plus tôt, et dont le parcours dans l’époque napoléonienne fut très semblable au sien. Il parle même de réincarnation. Aussi, même si le livre est ancré dans la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle, il est aisé de faire des transgressions temporelles et des extrapolations à l’époque où vécut l’auteur lui-même. Les interrogations de Martens sont valables pour tout Etat autoritaire, comme l’Union soviétique. Le rythme du livre est assez lent, c’était également le cas du Fou du tzar. On est dès le début charmé par le style qui nous emmène dans les pensées de Martens avec empathie et incite à des interrogations au caractère universel (libre arbitre, reconnaissance personnelle, importance du droit…). C’est un voyage qui est aussi l’occasion de découvrir les oeuvres, artistes estoniens de l’époque, comme l’écrivaine Hella Wuolijoki, les compositeurs Arthur Kapp et Aleksander Kunileid. Si vous n’avez encore jamais lu Kross, je vous recommande vivement de le faire, avec une préférence pour Le fou du tzar, même si Le départ du professeur Martens constitue également un très bon moment de lecture.

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Carteroutiere

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Ce n’est pas un livre récent, il date de 1984, et il a été écrit par un Estonien. L’histoire est simple : un spécialiste du droit international, reconnu mondialement et conseiller du Tsar (l’histoire se passe en 1909), fait un long voyage en train depuis sa ville en Estonie jusqu’à Saint Pétersbourg où il doit participer à une réunion. La distance et la vitesse du train lui laisse un long moment pour méditer, rebalayer son passé et revisiter ce qui lui est arrivé de bien ou de mal. Le style d’écriture est adapté à la vitesse du tortillard et, au début, on a du mal à y entrer pare que c’est lent. Mais très vite, vous vous prenez au jeu et vous appréciez l’histoire ou plutôt les histoires. Le contexte est important aussi à prendre en compte. L’Estonie est un petit pays (1,1 millions d’habitants) sur la Baltique, entouré de la Lettonie et de la Russie et face à la Finlande. Sa langue est de la même famille linguistique que celles de la Finlande et du Hongrois, et donc distincte de celle de ses voisins. Compte tenu de sa situation et de sa taille, il a été occupé très longtemps par les Allemands, les Suédois, les Russes, et n’a acquis son indépendance que depuis peu : une brève période entre les deux guerres mondiales et depuis 1991, après la chute du communisme. C’est donc un livre publié sous emprise communiste. Le héros, enfant issu d’une famille pauvre et orphelin très tôt, a eu la chance d’être remarqué à l’orphelinat et de faire des études de droit qui vont le conduire à occuper une place très importante dans la négociation des traités internationaux. Une place importante et reconnu, mais secondaire. En effet, n’étant ni noble, ni Russe, il ne peut accéder à de hautes fonctions officielles (ministre, ambassadeur, …). Le personnage de Fiodor Martens (1845-1909) a réellement existé et je ne sais quelle est la part de l’histoire et du roman. J’en retiens trois choses : D’abord, un éloge et un hommage à la survie de la culture Estonienne qui a survécu dans un environnement où vous alliez à l’école et à l’église soit chez les Allemands, soit chez les Russes. Le héros, multilingue, tout en servant le Tsar, n’oublie pas sa cuture. Livre écrit un peu avant l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev, c’est courageux. Ensuite, sa longue méditation sur sa vie en particulier en générale. L’auteur écrit : « ce qui est décisif, ce n’est pas d’où vous venez, mais avec quoi vous venez, de quel cœur vous le cultivez, et dans quel but vous le faites. » Il ajoute à cela un paramètre important : la chance. Enfin dans une situation où il est toujours dépassé par des gens mieux « nés » que lui, il apprend à accepter les injustices et les remarques injustifiés avec une philosophie que nous devrions tous appliquer : « Sur le chapitre des injures, j’ai pris l’habitude de m’en tenir à une philosophie élémentaire : une offense ou bien me touche si elle est justifiée, ou bien ne me touche pas si elle ne l’est pas. Si elle est justifiée, je n’ai pas à m’en formaliser, mais à me corriger. Si elle ne l’est pas, si donc elle ne me touche pas, pourquoi devrais-je me sentir outragé ? » Des leçons à méditer.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782221260586
  • Collection ou Série
    Pavillons Poche
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    432
  • Dimensions
    184 x 124 mm

L'auteur

Jaan Kross

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11,00 € Poche 432 pages