Le Festin du serpent : Le livre de Ghislain Gilberti

Cécile Sanchez, commissaire de police spécialisée en criminologie, traque les criminels les plus dangereux qui sévissent dans l’Hexagone. A la tête de l’Office central pour la répression des violences aux personnes, elle est confrontée à un tueur particulièrement brutal, qui éviscère ses victimes avant d’emporter leurs organes. Ange-Marie Barthélemy, figure légendaire de l’antiterrorisme, traque un groupuscule islamiste radical et violent, qui parcourt les grandes villes d’Europe, les membres d’An-Naziate, les "Anges qui arrachent les âmes", ne laissent dans leur sillage que mort et chaos.Ces deux affaires apparemment sans rapport, vont pourtant se croiser et plonger les enquêteurs dans la plus grande confusion. Il va falloir percer ces ténèbres pour découvrir la sinistre vérité... Ce premier thriller qui aborde le terrorisme se distingue par une documentation pointue et une dimension psychologique fouillée. L'histoire tient en haleine de bout en bout, servit par une écriture limpide d'une grande justesse. Gilberti se révèle être un auteur talentueux et prometteur. Un thriller chirurgical qui répond à tout les codes du genre. La documentation est solide. L’intrigue dépasse le stade du plausible pour marcher dans les plates-bandes de la réalité "augmentée". La violence est réaliste et sans surdosage. Sans oublier des personnages à forts caractères. Très efficace.

Mon premier constat est simple : je ne sais pas si j’ai aimé ou non ce roman. Je sais simplement qu’aux alentours de la page 339 (le roman en comporte 691 en édition de poche), j’ai dû faire une pause, je ne parvenais plus à lire ce livre. C’était ou changer de livres, ou ne plus lire tout court. Le choix a été vite fait. Ce n’est pas non plus que je n’ai pas aimé les personnages. Encore que… Je suis un peu dubitative sur les extraordinaires talents de profileuse de Cécile, qui passe son temps à analyser le moindre mouvement de la personne qui se trouve en face d’elle, en déduisant ainsi (par exemple) la véracité de ce qu’elle dit, ou la capacité, au contraire, de se plonger dans son imaginaire pour inventer un mensonge. Oui, Cécile Sanchez a reçu une très bonne formation, oui, elle avait déjà un talent pour cela dès le départ, et pourtant, ce genre de personnage, qui est capable de se plonger dans les méandres des esprits tourmentés des auteurs de crimes sériels, ont plutôt tendance à m’angoisser qu’à me réjouir. Cécile s’en oublie elle-même, plonge dans des abîmes dont elle peine à se sortir. Certes, elle est pleine d’empathie pour les victimes, c’est pour elles qu’elle agit. Je ne suis pourtant pas sûre d’avoir envie de croiser Cécile à nouveau. Ange-Marie est tout aussi fragile, lui le policier intègre de l’anti-terrorisme, qui doit faire face à ce que l’humain est capable de faire de pire, au nom de la foi. Il est humain, très humain, mais n’oublie jamais pourquoi il oeuvre, pourquoi il enquête, pourquoi lui et les policiers qui sont sous ses ordres travaillent autant, sacrifiant à peu près tout. Lui n’a plus de vie privée depuis la mort de sa femme, et je dois dire que c’est le personnage qui m’a le plus intéressé dans cette oeuvre – et je ne suis pas sûre de le retrouver dans une autre enquête. L’enquête… elle est dure, perturbante, que ce soit celle qui concerne les attentats en préparation, ou celle qui nous parle de ce tueur qui n’hésite pas à massacrer des femmes. Même si nous avons droit à des détails très précis sur ce qu’elles ont subi, sur la manière dont le tueur les a privés de leur humanité, ce n’est jamais de manière froide, détachée : le récit tend à redonner une humanité, une personnalité, à ses femmes qui sont mortes, elles ne sont jamais des numéros, elles ne sont jamais des prétextes à construire une intrigue horrifique. Elles ont été, elles ont vécu, et l’équipe de Cécile Sanchez a deux buts : leur rendre justice, et arrêter le massacre. De ce point de vue, c’est une réussite. A vous de voir si vous avez envie de découvrir cet auteur et son enquêtrice.