Le Vide : Le livre de Patrick Senécal

Il y a des livres qui vous chamboulent, dont on ne sort pas indemne, Le vide fait clairement parti de cette catégorie !! Non mais wahou quel livre !! C’est incroyable !! . C’est puissant, intense, TW pour quelques scènes dont une qui m’a donné la nausée tout comme notre personnage d’ailleurs… . Nous avons Pierre, le flic, Frédéric le psychologue et Maxime, le producteur de la télé réalité d’un autre genre « Vivre au max ». Trois hommes, trois vies, trois destins qui vont finir par s’entremêler. Comment, pourquoi, je vous laisse le soin de le découvrir par vous même, si ce n’est pas déjà fait !! . Une histoire totalement dans l’air du temps, l’auteur nous dépeint une société où l’Homme fait peur, où l’Homme se contente de ce qu’il voit sur les écrans, de la violence, de ses émissions qui n’apportent pas grand chose mais que l’on regarde quand même et qui peuvent sous certaines formes nous influencer… Patrick Sénécal, visionnaire, nous a écrit ici un roman hors-norme !! . Clairement Le vide m’a totalement lessivé, je ressors totalement vidé de cette lecture et malgré la noirceur de cette histoire, et bien elle me manque…

Je découvre cet auteur en 2024 et dès les premières pages j'ai su qu'il s'agirait, à mon sens, d'un très bon livre. L'organisation originale des chapitres est très bien pensée et permet d'apporter progressivement des éléments aux lecteurs tout en ayant en tête la chronologie des évènements. J'ai beaucoup apprécié le style d'écriture de l'auteur qui n'a pas peur de faire des descriptions parfois malsaines et morbides rendant certains passages plus difficiles à lire que d'autres. Plusieurs thèmes contemporains alarmants sont abordés au travers d'un récit dynamique et de personnages très singuliers. Nous suivons, entre autres, l'histoire tragique de Maxime Lavoie, un humaniste idéaliste qui, à force de désillusions perd foi en l'humanité et devient le catalyseur d'une haine dévastatrice. Ce récit, malheureusement très réaliste, amène une vraie réflexion autour de plusieurs sujets. Tout d'abord se pose la question de la place de la morale dans une société qui va toujours plus loin dans le sensationnisme. En effet, l'émission "Vivre au Max" semble être le reflet d'une société qui n'a pas peur de franchir les limites pour divertir. La morale étant un concept définit par le groupe et rempart contre l'anarchie, il parait pourtant difficile de positionner un curseur dans ce type de société. On constate également la puissance du groupe avec la modification du comportement et de la perception de l'individu selon s'il se sent faire partie de ce groupe ou non. De la même façon, on voit le même mécanisme selon le statut et l'influence de l'interlocuteur. Le personnage de Pierre Sauvé matérialise très bien et de façon très réaliste ce changement d'état. Je poursuis ma réflexion avec cette notion de "vide" qui peut se caractériser par un ennui profond, un désintérêt pour la vie et la recherche interminable de sens à son existence. Dans le récit, on pourrait apparenter les personnes qui vivent cela à des âmes errantes dont la seule issue possible serait la mort selon Maxime Lavoie. Ces symptômes sont souvent associés à la déprime ou la dépression, cependant je m'interroge. Au delà, des thérapies inutiles et des traitements qui ne peuvent être pris à vie pour masquer ce vide, peut-on vraiment vivre sans passion ?

Trois hommes différents, trois existences que tout sépare. Or, contre toute attente, leurs chemins se croiseront bientôt et leur vie en sera bouleversée à jamais. Tout comme celle de milliers de gens... tout comme la vôtre !... La trame policière est avant tout un fil rouge permettant d'explorer, au travers des destins des protagonistes, certaines dérives de la société actuelle. Patrick Senécal y dénonce les méfaits de la téléréalité qui fait le culte de choses futiles et insignifiantes. Et qui pousse les gens à fantasmer sur des vies par procuration dénuées de sens. Des vies fades, sans saveurs, si elles ne sont pas mises en vitrine par le miroir déformant de la téléréalité. Le chef-d'oeuvre du maître du thriller Canadien. Un roman majuscule !