L'Embaumeuse : Le livre de Juliette Cuisinier-Raynal

Roman très facile à lire avec des histoires de 1-2 pages par défunt, on découvre que les enjeux financiers sont partout y compris devant le cercueil. Je suis un peu restée sur ma faim, j'aurais aimé en savoir plus sur le milieu et creuser les raisons qui l'ont amenée à changer de voie professionnelle au bout d'un an

Juliette est depuis toujours passionnée par l' Égypte antique et les rites funéraires en particulier. En parallèle, son sens de l'esthétisme l'a conduite à mener une carrière de créatrice de bijoux. C'est autour de la quarantaine, lorsqu'elle prend le temps de se poser sur ses choix professionnels qu'elle décide de transposer son sens du beau dans le métier singulier de thanatopractrice, où elle redonne dignité aux défunts. "Embaumer, c'est mettre du baume sur le cœur des vivants endeuillés en prenant soin de leurs morts " Cette expérience durera un an. L'autrice explore alors la fragilité de la vie, se confronte aux chagrins, aux secrets enfouis, à des morts plus ou moins abîmés, à des situations parfois cocasses, parfois tragiques, parfois comiques... À travers des anecdotes touchantes et des réflexions intimes, elle nous livre le récit de ces soins apportés avec un profond respect pour l'être désormais sans vie. Elle s'attache à redonner dignité avec une profonde humanité. Un récit sans fard, sans artifice sur le métier singulier de thanatopracteur, méconnu, mystérieux, souvent tabou. Juliette Cuisinier-Raynal nous offre un regard emprunt d'une poésie incomparable sur ces étapes douloureuses. Elle dénonce aussi les abus mercantiles du commerce funéraire, choquée à juste titre par des pratiques parfois peu honorables. Un hommage touchant, tendre et lumineux sur ces étapes à franchir.

Halloween est passé, et *L’Embaumeuse* nous rappelle que c’est toute l’année qu’il faut prendre soin de nos morts. Juliette Cuisinier-Raynal raconte comment elle a exercé le métier de thanatopracteuse (du grec « thanos », la mort, et « praxis », l’action) pendant quatre saisons, en prodiguant des soins à la demande des familles à presque 800 défunts. C’est un recueil d’anecdotes et d’histoires courtes, souvent racontées avec beaucoup d’humour, d’esprit, et un immense respect pour ces morts passés entre ses mains. Avant que cela ne nous arrive, on ne se demande pas ce qu’il se passera avec précision à la mort d’un de nos proches. Ils sont nombreux pourtant à nous entourer et déployer leur soutien expert : conseillers funéraires, porteurs, maîtres de cérémonie, agents de dépositoire, thanatopracteurs. Vous en apprendrez beaucoup sur ce métier très spécial de thanatopracteur, entre le soin pour « guérir » un corps blessé (arrêter des saignements, laver le corps, éponger les fluides de toute sorte) et l’art du maquillage et du travestissement (tâcher de reproduire une coupe de cheveux d’après photographie, appliquer du fard, du rouge à lèvre, estomper les couleurs des blessures). C’est un métier physique et exigeant - il y a un concours et une formation donnant un diplôme national. Depuis l’Egypte Antique, on attend des embaumeurs qu’ils protègent les morts dans les règles de l’art. Aujourd’hui, l’hygiène est aussi un élément capital du métier ; âmes sensibles s’abstenir face aux descriptions des corps qui font appel aux cinq sens simultanément, en fonction des conditions… et de la date du décès. Un sujet sensible aussi, souvent rappelé par l’autrice : la mort est un marché comme un autre, et des sociétés ont une vision très lucrative du deuil en proposant des soins refacturés quand nos morts n’en ont pas besoin, parce qu’ils ont déjà été pris en charge ou qu’ils sont toujours beaux comme cela. Vraiment un ouvrage intéressant, qui rend hommage à un métier de l’ombre, et à nos morts.

En ouverture du Grand Prix des Lecteurs Pocket 2025 pour la catégorie non-fiction, j’ai découvert "L’Embaumeuse" de Juliette Cuisinier Raynal qui annonce, dès les premières pages : « S’occuper des défunts, c’est les mettre tous sur un pied d’égalité. » (p. 23) Avec beaucoup d’honnêteté, elle aborde les questions que suscite son métier et qui l’ont poussée à parfois répondre qu’elle était esthéticienne afin d’éviter le regard, parfois étonné mais souvent dégoûté, que notre société projette sur la mort et sur les gens qui la côtoient comme les thanatopracteurs. Avec un humour désarmant (et nécessaire pour dédramatiser !), elle se penche sur différents sujets comme l’importance de faire preuve d’humanité même dans la mort, l’intimité dans laquelle les professionnels se retrouvent propulsés au cours de leurs manipulation du défunt, ou encore les raisons de la mort qui ne comptent finalement que pour nous, les vivants. Quel contrôle, en effet, avons-nous sur la façon dont nous disparaîtrons ? Là où son travail est le plus intéressant, c’est lorsqu’elle remet du réel dans son sujet : oui, le corps humain, même dans la mort, produit des fluides, gaz et autres substances qui rendent sa manipulation délicate ; non, un cadavre n’est pas un objet lisse, propre, facile à approcher. Si l’autrice mentionne l’évolution des pratiques funéraires et le nombre terrible de décès dus au cancer, je regrette que ce livre ne dépasse pas le cadre du simple témoignage, de l’anecdotique quand il y a tant à dire sur un thème aussi invisibilisé par nos sociétés.