Les Cousines : Le livre de Aurora Venturini

Grand format

Robert Laffont

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" Un roman de femmes extrêmes, malades, maniaques, maltraitées. " Mariana Enríquez

Yuna, jeune fille souffrant de problèmes cognitifs, tient un journal. Elle y raconte la vie de sa famille extravagante et dégénérée dans l'Argentine des années 1940. Mariages insolites ou endogames, romances brèves et scandaleuses, sexualité obscure, destins improbables... La vie révèle mille drames et déceptions, dont Yuna se fait l'observatrice impitoyable. Et si la jeune fille montre très tôt des dons exceptionnels en peinture, personne, dans sa famille, n'en comprend la valeur ni la signification. Pourtant,
Yuna est une promesse, la promesse d'une résurrection possible à travers la création.
Saga familiale surréaliste, cruelle, poétique et tragicomique, ce récit
inclassable a valu à Aurora Venturini le prix Página/12 en 2007 et
la reconnaissance dans son pays, à quatre-vingt-cinq ans, où elle est
désormais considérée comme l'une des figures incontournables
de la littérature argentine.

De (auteur) : Aurora Venturini
Traduit par : Marianne Millon
Préface de : Mariana Enriquez

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Expérience de lecture

Avis Babelio

VALENTYNE

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 5 ans

Genre : petit bijou Yuna, la narratrice, a 12 ans au début du livre et 19 à la fin. Betina, sa soeur d'un an plus jeune qu'elle, est dans un fauteuil roulant, elle souffre d'une malformation de la colonne vertébrale et elle est également handicapée mentale. Yuna bien que « normale physiquement » est considérée par tous comme "simplette" et "dans son monde" (de nos jours on dirait autiste, l'action se passe dans les années 40 en Argentine). Yuna a un vocabulaire très pauvre et ne réussit pas à apprendre car elle est dyslexique (elle arrête sa scolarité en 6ème) Dans la première partie cette enfant de 12 ans parle de sa famille et c'est à la fois très frais, candide et un peu effrayant (elle est scolarisée dans une institution et sa façon de parler des handicapés lourds est assez gênante : il y a un enfant goret, il y a d'autres enfants qu'elle appelle des enfants cannellonis). Elle s'interroge qu'est-ce que l'âme ? elle compare l'âme avec un drap intérieur (la couette de la couverture ?) Le père a abandonné la famille et la mère est institutrice (avec une règle en fer qui s'abat au moindre prétexte). La tante Nené est folle, Carina la cousine a six doigts et se fait "engrosser" (c'est Yuna qui le dit) par le voisin. Petra, la deuxième cousine, est naine, délurée .... quelle galerie de personnages... Yuna grandit, se passionne pour la peinture dès 14 ans et devient une peintre reconnue grâce au soutien, un peu ambigu, d'un professeur des Beaux Arts. Elle dépasse son handicap en lisant le dictionnaire et en se passionnant pour la peinture... Un tout petit livre (173 pages) très marquant qui traite donc de folie, de handicap, d'avortement , de deuils, de peinture dans une débauche de couleurs et de lumière. Un livre qui m'a fait penser à La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaetan Soucy pour l'inventivité de la langue (le secsoral et son énigme) et des images colorées, inattendues qui apportent à la fois sourire devant tant de naïveté et tristesse devant tant de misère humaine ...

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choumette

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 12 ans

Au début : lecture un peu dure à cause des longues phrases et manque de ponctuation volontaire de l'auteur (mais on finit par s'y faire !) histoire un peu étrange et dérangeante. Mais au final : très bonne lecture, très bonne histoire. livre atypique J'ai aimé !

Ziliz

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 13 ans

Argentine années 1940. Yuna est considérée par ses proches et la société comme handicapée - est-elle juste dyslexique et naïve ? on a du mal à cerner. "Je descendais d'une dynastie dégénérée et en piteux état." (p. 155). Yuna est paraît-il jolie comme la "Femme avec cravate" de Modigliani (ci-dessus). Elle tient son journal de 12 à 19 ans dans un style très enfantin, candide. Elle évoque sa famille, pour le moins insolite : sa mère est très autoritaire, sa soeur est lourdement handicapée, ses deux cousines plus légèrement, un pédophile vient vivre avec elle... Le style est fluide, agréable au début, on a envie de lire le récit sans s'arrêter. Ca change au tiers du roman où les phrases deviennent très longues, maladroites comme la pensée confuse de la jeune fille, qui se justifie en outre longuement sur l'usage des points et des virgules qui la fatiguent... ce qui lasse aussi le lecteur. Au même moment le roman se focalise sur les (més)aventures sexuelles des cousines, principalement celles narrées par la délurée Petra et dont le récit perturbe et dégoûte Yuna... Le tout est cru, scato... Heureusement, au milieu de cet atmosphère étouffante et malsaine, il y a la passion de Yuna : son activité de peintre où s'expriment sa grande sensibilité, ses angoisses non (ou mal) formulées (l'avortement, par exemple) : "(...) je porte tant d'ombres en moi que lorsqu'elles m'asphyxient, je les expulse dans mes tableaux (...)" (p.118)... J'ai découvert grâce à cet ouvrage un artiste argentin Emilio Pettoruti, son oeuvre et celle de Yuna sont censées être proches... Un roman pour le moins étrange et dérangeant. Mon avis est mitigé en raison du style que j'ai trouvé désagréable...

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Zazette97

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 14 ans

"Les cousines" est le dernier roman de l'écrivain argentin Aurora Venturini, amie d'Eva Perron mais aussi de Sartre, Ionesco, Camus et Simone de Beauvoir. Ce roman fut publié en 2007 en Argentine et est paru la semaine passée aux Editions Robert Laffont. Il s'agit du premier roman de l'auteure à être traduit en langue française. "Les cousines" est le récit d'une famille argentine laquelle, en apparence étriquée et soucieuse du qu'en dira-t-on, abrite une belle brochette de "simples d'esprits"... Au milieu du jeu de quilles se trouve Yuna, la narratrice, une jeune femme souffrant également de retard mental mais qui a pour elle un indéniable talent pour la peinture qui la préserve de la folie ambiante. Alors que Yuna perce rapidement dans le milieu artistique avec l'aide d'un professeur qui lui promet une brillante carrière, le reste de la famille dégénère... Avortements, prostitution, décès, Yuna raconte de ses 12 à ses 19 ans le quotidien d'une famille pas comme les autres. La narratrice, bien que d'un niveau intellectuel nettement supérieur à celui de toute sa famille réunie, souffre d'un certain retard, chose qu'elle ne manque d'ailleurs pas de rappeler au lecteur tout au long du roman. Des virgules omises volontairement, des justifications quant à l'emploi du dictionnaire, des retours en arrière sur certains événements, des répétitions quant aux liens familiaux unissant les personnages (qui de temps à autre n'étaient d'ailleurs pas superflues, tant j'ai du mal à me repérer dans les (pré)noms à consonance étrangère...). Au fil de ma lecture, l'impression de devoir m'adapter constamment au niveau de la narratrice ne m'a pas quittée. C'est une sensation à la fois dérangeante (frustrante même) mais laquelle provoque un effet "plus vrai que nature" assez bien réussi puisque j'ai vraiment eu le sentiment de partager la vie de cette narratrice un brin...particulière. Quand j'ai commencé à lire ce roman, j'ai de prime abord trouvé Yuna détestable. Le dégoût qu'elle manifestait envers sa famille, son ton supérieur additionné de mots très durs employés à l'encontre de sa soeur me révulsaient (à cet effet, j'ai souvent pensé à des extraits lus de "Où on va papa?" de Fournier). Mais c'était sans compter la centaine de pages qui m'attendait encore et dont la lecture m'a ouvert les yeux quant à toutes les injustices commises à l'égard de la jeune fille. Car si elle déteste sa famille, ce n'est pas sans raison, cette même famille le lui rend bien. Or, si la différence est bien une affaire de naissance, l'indifférence n'a, elle, rien de génétique. Ce n'est que lorsque Yuna commence à rapporter de l'argent à la maison que sa famille la laisse un peu plus tranquille, mais on est bien loin des démonstrations de fierté ou de tendresse. C'est sans doute cet aspect qui m'a le plus secouée dans ce roman, cette absence totale d'affection qui m'avait déjà frappé, certes de façon moins extrême, dans "Mal de pierres". Pour pouvoir canaliser ses émotions, Yuna transpose ses souvenirs sur la toile, la peinture lui évitant ainsi de sombrer dans la folie ou du moins réussit-elle à la maintenir suffisamment lucide que pour pouvoir différencier le bien du mal. La peinture est son refuge (comme ce fut le cas pour Séraphine de Senlis ou Frida Kahlo) comme le sont les mots, piochés dans le dictionnaire pour pallier toutes les explications que Yuna ne peut recevoir de sa famille. Bien que j'ai souri à quelques démonstrations d'"innocence"( je pense notamment à l'explication sur le "secsoral"), j'ai rapidement réalisé à quel point cette naïveté pouvait être dangereuse et que celle-ci était incontestablement à l'origine de ce prisme de malheur entourant la famille. La question du sexe est assez présente dans ce récit campé en majorité par des femmes. C'est même à elle seule qu'elle détermine leur rapport au sexe opposé. Ici encore, les sentiments sont absents. Certains faits peuvent choquer, sans compter la façon "rustre" dont ils sont évoqués. Cette ambiance sombre et crue ne m'a pas semblé dissonante dans la mesure où les personnages sont tous "tarés" et que, partie de cet état de fait, je ne m'attendais pas à un langage très élaboré ni à des actes bien glorieux. Non pas que j'attribue la méchanceté et le vice à toutes les personnes handicapées, loin de là. Mais disons que comme le lecteur est très rapidement mis en situation, cela ne présage rien de "normal" pour la suite. Bien que j'ai trouvé le regard extérieur de Yuna froid, impitoyable (mais souvent juste), maladroitement exprimé dans un style qui peut fatiguer à la lecture (j'ai tout de même mis quelques jours pour lire ce roman qui fait moins de 200 pages) et malgré que l'absence de tous sentiments dans le roman m'ait glacé le sang, j'ai trouvé ce récit parfaitement bien mené du début à la fin. Les personnages sont bien cernés et fidèles dans leurs faits et gestes (l'auteure est psy, ce n'est pas un hasard). Tandis que bon nombre d'entre eux périclitent, Yuna évolue au fil des années, ce qui se ressent dans le style qui devient plus phrasé que parlé. Enfin, j'ai aimé la force et le courage de la narratrice à lutter seule face à son handicap par la peinture et l'apprentissage des mots. Bref une lecture peu commune que je ne recommanderais pas à tout le monde. Je conseillerais ce roman aux lecteurs avertis qui ne craignent pas d'être "dérangés dans leur normalité", aux personnes que le handicap mental intéresse et qui se sentent prêtes à le voir secoué par un regard extérieur. J'ajouterais également que comme il est de mise concernant les sujets délicats, il est préférable de choisir un bon moment pour lire ce roman.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782221259207
  • Collection ou Série
    Pavillons Poche
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    224
  • Dimensions
    184 x 124 mm

L'auteur

Aurora Venturini

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9,00 € Grand format 224 pages