Les Invités de Marc : Le livre de Tiphaine du Boÿs

C'est un ensemble de phrases courtes, une plume acérée et une écriture plutôt surprenante qui nous font entrer dans ce roman pas comme les autres. Les personnages qui composent ce roman représentent un groupe d'amis de longue date, diplômés de commerce, invités chez un certain Marc pour une soirée d'anniversaire dans le chic quartier du XVIe arrondissement de Paris. Mais rien ne se passe comme prévu et la soirée sera définie comme « horrible ». Léo fait partie des invités et se réjouit de cette soirée, soirée qui doit lui permettre de rencontrer le mystérieux Marc. Que dire de cette histoire qui nous emmène dans les tribulations de trentenaires dont les préoccupations principales sont d'avoir une bouteille d'alcool dans une main et un téléphone portable dans l'autre (au cas où un message de la plus haute importance échapperait à son destinataire !). En effet tout au long des pages les utilisations de l'alcool et de la messagerie sont à leur paroxysme. Ces trentenaires ressemblent à une jeunesse qui m'est étrangère et qui ne ressemble en rien à ce que j'observe autour de moi. Ce groupe est bien loin des préoccupations ordinaires, bien loin du commun et évolue visiblement dans un autre monde. Ces personnages donnent le sentiment de trainer une vie creuse, de ne communiquer que par messages interposés et de noyer le temps dans alcool et futilités. Le texte est ponctué et pimenté de nombreux flash-back qui nous permettent de comprendre les liens qui unissent ces amis. Sous le récit d'une soirée leurs relations vont se transformer, qui sont véritablement les amis de Léo ? Ce roman est comme la photographie d'une jeunesse en souffrance, les masques tombent et on devine petit à petit la tristesse et les attentes déçues : « J'attends la suite mais rien ne vient, ni réconfort, ni compassion, ni mot doux. Je repense à Jeanne, qui pleure le revers de Ben. A Charlie, qui espérait noyer ses doutes dans la nuit. A Mathis, harassé dans sa berline. Nous sommes les porcs épics de Schopenhauer. Notre soif d'amour et de chaleur nous a attirés les uns vers les autres. Celle-ci à peine étanchée, nos épines nous ont transpercé la chair, et nous nous sommes quittés blessés, plus seuls que jamais. » Léo va-t-elle se réveiller ?