Les Maîtres de Bayreuth : Le livre de Charlie Roquin

Le Festival de Bayreuth la musique de Wagner. « Le Ring est l’œuvre du renoncement, de l’éternel recommencement. La musique, la vie ne sont que mouvement ». A partir de l’une des œuvres les plus extraordinaires jamais conçues, « L’Anneau de Nibelung » ou « Le Ring », défi suprême pour les interprètes et metteurs en scène, formidable terrain de jeu pour les critiques, l’auteur construit un roman qui m’a passionnée. Autour du Festival de Bayreuth, où foison d’histoires et de traditions se sont tissés au fil du temps depuis sa création par le Maître, Richard Wagner, de nombreux maîtres s’y sont succédés, producteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre, interprètes musiciens et chanteurs, critiques… et à travers le célèbre « Ring » - création complexe et contradictoire – j’ai aimé suivre les aventures de Moshe Griebnisch critique wagnérien fidèle du Festival. Quarante années qu’il est invité sur la fameuse Colline sacrée ! Aussi, ses fameux avis, élogieux ou criant aux massacres, sont attendus ardemment chaque année par les festivaliers réunis. Le célèbre critique est accueilli à son arrivée par la directrice du Festival Petula Stark. Mais voilà qu’au cours de cette saison, un évènement inattendu se produit à l’issue d’une représentation… N’ayant lu ni résumé ni quatrième de couverture avant ma lecture, je ne vous en dévoile pas plus ! [masquer] « Dans la Cinquième Symphonie de Beethoven, l’irruption du destin est marquée par des coups d’archer imitant ceux d’un poing contre une porte. Dans notre récit, ce furent les coups d’une patte de lapin en fonte. » [/masquer] Alors tous sur le Ring ! Et préparez-vous aux joutes verbales virtuoses et jubilatoires que nous offre ce roman. Une découverte en quatre actes comme les quatre opéras de cette Tétralogie wagnérienne. A la fin du livre, des annexes dont un glossaire synthétique sur Le Ring sont d’une aide précieuse. Une lecture tout en transition après « Cosima la sublime » de Françoise Giroud. * J’ai beaucoup aimé les références liées à l’œuvre de Wagner – une création mêlant musique, théâtre et poésie. La Tétralogie de Richard Wagner est en effet une œuvre vertigineuse inspirée des légendes nordiques et germaniques ; imprégnée de traditions médiévales et de drames antiques, elle se prête tout à fait au tragique et au romanesque. Elle est puissamment complexe et offre de par son ampleur, plusieurs clés d’interprétation. Pas moins de quatre opéras (L’Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried, le Crépuscule des Dieux – environ quinze heures d’écoute totale…) et multitude de personnages composent « L’Anneau de Nibelung ». Intrigues, monde fantastique, sentiments, puissance, vengeance, différentes temporalités, c’est foisonnant ! Politique, écologie avec une Nature omniprésente dans l’œuvre et le fragile équilibre du monde, il y a tant à interpréter et débattre. Wagner avait une vision du monde étonnamment et résolument (tragiquement aussi) moderne. La question des mises en scène des opéras est un sujet qui m’intéresse. Modernité, excentricité, créativités artistiques pompeuses, dépouillées ou futuristes, souvent audacieuses, parfois dérangeantes, il arrive que certaines adaptations gênent les puristes. Il y a de quoi débattre, c’est un vivier pour les critiques. Retombées élogieuses ou adaptation huée, œuvre sacrée ou sacrilège ? Il y a matière à analyse sur les avis divergents suscités ; j’aime cette pertinence et ces découvertes. Par exemple, pour le Ring dit « du centenaire » (1976, Pierre Boulez à la baguette de l’orchestre et Patrice Chéreau à la mise en scène), à son lendemain ce fût un scandale avant d’être un triomphe retentissant quelques années plus tard.