Les petites filles modèles : Le livre de Sophie de Comtesse de Ségur, Claire Degans
Modèles, Camille et Madeleine de Fleurville le sont assurément ! Âgées de 8 et de 7 ans, ces deux sœurs sont si bonnes, si généreuses et si aimables qu'à leur contact la petite Marguerite de Rosbourg, qui vit avec elles au château, apprend à modérer ses emportements. Même Sophie, la malheureuse orpheline battue par sa belle-mère Madame Fichini et dont les bêtises sont innombrables (et mémorables !), tentera de progresser pour plaire à ses douces amies...
De (auteur) : Sophie de Comtesse de Ségur
Illustré par : Claire Degans
Expérience de lecture
Avis Babelio
chrysalde
• Il y a 7 mois
J’ai trouvé dans la bibliothèque de la maison de campagne de belle maman le livre « les petites filles modèles », bibliothèque rose de chez Hachette, couverture toilée, ouvrage illustré de 20 vignettes par Bertall, ne mentionnant pas de date de parution. Sachant que c’est une lecture de jeune fille d’environ 12 ans et que belle-maman est née en 1930, j’estime qu’il s’agit d’un livre publié vers 1940. Constatation: alors que le livre actuel proposé sur Babelio compte 184 pages , celui-ci en compte 314. Je ne possède pas d’édition récente donc je ne peux pas comparer mais je sais que d’édition en édition, les textes sont expurgés, simplifiés, je présume que c’est le cas pour ces petites filles modèles également. (Il ne s’agit pas d’un recueil reprenant les malheurs de Sophie, je parle bien du livre des petites filles modèles uniquement). Les petites de Fleurville ont 8 et 7 ans. Camille et Madeleine sont élevées par leur maman et leur bonne Elisa. Un matin, alors que les petites sont en promenade, elles sont témoins d’un accident de calèche. Madame de Rosbourg et sa fille Marguerite, âgée de 4 ans sont accueillies chez les de Fleurville le temps qu’elles se rétablissent. Ces dames sont veuves, s’entendent bien, les petites aussi, très naturellement Madame de Fleurville propose à Madame de Rosbourg de s’installer chez elle à demeure. Celle-ci accepte sans se faire prier. Les trois fillettes nagent dans le bonheur, elles sont douces, prévenantes, généreuses, pieuses (ça c’est vraiment un fil rouge de tous les textes de la Comtesse de Ségur, les bondieuseries sont omniprésentes) et enchantées de vivre toutes ensemble pour toujours. Il y avait à une lieue du château de Fleurville une petite fille âgée de 6 ans, qui s’appelait Sophie. A 4 ans elle avait perdu sa mère dans un naufrage, son père se remaria et mourut aussi peu de temps après. Sophie resta avec sa belle-mère, Mme Fichini. Elles venaient quelquefois rendre visite chez Mme de Fleurville. Hélas Sophie n’était ni aussi bonne ni aussi sage que Camille et Madeleine. Il faut dire que Mme Fichini ne s’intéresse absolument pas à Sophie, elle est d’une cruauté rare envers cette petite souffre-douleur. Tout ceci étant posé, la comtesse de Ségur nous propose des tranches de vie au château. Camille et Madeleine, les aînées sont toujours réfléchies et magnanimes. Il est à noter que les hommes sont absolument absents de cette "famille". Si on en croise un c'est le garde-chasse ou un voisin, un jardinier, mais sans rôle réel dans la vie de ces dames. Marguerite, la plus petite, est parfois capricieuse mais il s’agit plutôt d’impulsivité due à son jeune âge, en exemple le jour où elle décide de cueillir toutes les fleurs du jardin pour en faire de jolis bouquets qui décoreront les pièces du château. Elle ne se rend évidemment pas compte qu’en cueillant toutes les fleurs sans méthode, elles seront toutes gâchées, et que le jardin sera désespérément triste sans la moindre floraison restante. Mais dès qu’on lui explique en quoi c’est une bêtise elle comprend, s’excuse et promet de ne plus recommencer. Pour Sophie, c’est autre chose. Elle est présentée comme menteuse, voleuse, sournoise, dissimulatrice. La pauvrette est bien jeune encore pour avoir la maturité des ainées et elle n’a pas été épargnée par la vie. Elle n’est pas éduquée, elle est simplement dressée comme un chien sauvage. Elle ne reçoit pas suffisamment à manger, pas étonnant qu’elle se gave de cassis dès que l’opportunité se présente, même si elle finit par se rendre malade. Pas surprenant non plus qu’elle n’avoue pas une bêtise, puisque même quand elle n’est pas coupable, c’est elle que l’on accuse d’office et qui prend des coups jusqu’à ce que le bâton rompe. Les livres de la Comtesse de Ségur sont profondément datés, les valeurs morales et sociétales véhiculées sont terriblement éloignées de notre époque et pourtant elle est toujours publiée, achetée et lue. Pourquoi ? Est-ce parce que de génération en génération on se les transmet et qu’ils font office de madeleine de Proust pour les lectrices qui en parlent ensuite à leurs enfants ? Est-ce parce que la qualité de l’écriture, l’emploi d’un vocabulaire suranné nous donne à penser que l’on s’intellectualise en la lisant ? Ou est-ce parce qu’on en profite pour analyser le chemin parcouru entre l’époque et nos principes d’éducation actuels ? Soyons de bon compte, ces textes prônent aussi la générosité, la tempérance, le partage, la politesse, la patience, l’amitié. J’apprécie particulièrement dans cet ouvrage les visées pédagogiques développées. En effet, Camille et Madeleine ne sont jamais battues, presque jamais punies ni privées de quoi que ce soit et elles sont calmes et posées. Sophie qui est perpétuellement rabrouée et battue est quant à elle beaucoup plus rebelle et espiègle, voire retorse. La Comtesse de Ségur prend nettement position pour un mode d’éducation par la parole, l’écoute la confiance vs la violence et les brimades. En ce qui me concerne, c’est avec un souvenir attendri que je la relis, puisqu’elle a fait partie de mes premières lectures d’enfance. Je me rendais compte que Sophie n’était pas gentille mais cela me plaisait, je n’aurais pas osé agir comme elle, mais lire qu’elle osait, même en sachant qu’elle allait être punie me plaisait. Mon côté rebelle par procuration. Avec mon regard d’adulte, j’ai relevé quelques passages savoureux qui m’ont fait sourire … Après l’accident de calèche, le médecin était venu voir Mme De Rosbourg : il jugea que la quantité de sang qu’elle avait perdu rendait une saignée inutile. Cependant il mit sur la blessure un certain onguent de colimaçons, recouvrit le tout de feuille de laitue que l’on devait changer toutes les heures, et il recommanda la plus grande tranquillité (page 17). La petite se fait mordre par un chien enragé. Comment sait-elle qu’il est enragé ? A sa queue trainante, à sa tête basse, à sa langue pendante, à sa démarche trottinante. (page 34). Et comment sera-t-elle soignée ? En trempant tous les jours, pendant 10 minutes, matins et soirs durant 8 jours sa main dans de l’eau fraîche et très salée, et en mangeant suivant la même posologie deux fortes pincées de sel et une petite gousse d’ail. (page 38). Ce faisant elle a échappé au pire, on aurait pu appliquer un fer rouge sur la morsure. Tout le texte est empreint de bonté, de générosité, de modération. On prie beaucoup, on demande beaucoup au bon dieu, on demande aussi beaucoup pardon. On pleure énormément, mais après chaque bêtise on se demande pardon, on s’embrasse et on n’y pense plus, jusqu’à la prochaine. Les petites sont très jeunes, et pourtant elles raisonnent déjà comme des adultes, Marguerite qui a 4 ans à peine a compris que « Mme Fichini est trop méchante pour devenir bonne, qu’elle déteste trop Sophie pour la rendre heureuse et que, si elle revient de son long voyage en bateau (comme il y a beaucoup de naufrages avec un peu de chance elle ne réapparaitra plus), elle reprendra Sophie pour la rendre malheureuse ». (page 141). Heureusement, le bon Dieu peut tout ce qu’il veut : il peut donc changer le cœur de Mme Fichini. Sophie, qui doit obéir à Dieu et respecter sa belle-mère, doit demander de devenir assez bonne pour l’attendrir et s’en faire aimer (page 142). On pourrait penser qu’il s’agit d’un livre de développement personnel avant l’heure : tout est possible à qui le veut, c’est à toi de faire en sorte que tout aille bien, si ce n’est pas le cas, tant pis pour toi, à toi de changer ta destinée. En conclusion, j’apprécie toujours autant me replonger dans l’écriture de la Comtesse de Ségur, même si elle m’exaspère, même si j’ai parfois envie de les secouer, je lis toujours avec autant de plaisir ces petites saynètes dont je connais si bien l’épilogue, mais qui me ravissent malgré tout comme il y a cinquante ans.
BenedicteBiblio
• Il y a 10 mois
Madame de Fleurville vit en pleine campagne, dans son château normand, en compagnie de ses deux filles : Camille et Madeleine. Suite à un accident de calèche qui aurait pu être fatal, elles accueillent Madame de Rosbourg et la petite Marguerite. Se dessine un quotidien fait de rires, de jeux, de promenades dans la forêt. Puis, Sophie de Réan revient des Amériques. Sophie est désormais orpheline, et fait régulièrement les frais des méthodes brutales de sa belle-mère. Par sa douceur et son soutien, Madame de Fleurville parviendra-t-elle à faire de Sophie une petite fille modèle ? Car aussi chipie soit-elle, notre héroïne aimerait tellement se montrer aussi sage que ses petites voisines. Deuxième volet de la trilogie de Fleurville, Les petites filles modèles (1858) conserve pour moi ce doux parfum propre à l’enfance. Petite, je m’identifiais surtout au personnage de Madeleine qui est plus calme que sa soeur, et j’aimais forcément beaucoup Madame de Fleurville tant elle se montre tendre et protectrice envers Sophie qui traverse bien des drames et injustices. L’ensemble a certes vieilli, oui. On demande à nos petites filles modèles d’être pieuses et charitables (la religion tenait une place très importante à l’époque) ; Camille attrape la petite vérole ; et Sophie, mordue par un chien enragé, reçoit (pour seul et unique soin) un rinçage de la plaie à grande eau ! Ces sujets ne parleront plus aux petits lecteurs d’aujourd’hui. Reste qu’ils s’y retrouveront sur d’autres thématiques telles que la force de l’amitié, l’amour maternel, l’intérêt d’obéir aux adultes afin d’éviter des situations bien embêtantes, ou encore tous ces petits moments si légers qui font le sel de l’enfance. Comme pour Les malheurs de Sophie, Les petites filles modèles offre une photographie de l’aristocratie du Second Empire. La domesticité et le monde paysan ne sont pas oubliés : la misère du peuple et la place des domestiques sont ici particulièrement illustrées. Cette trilogie n’est donc pas uniquement réservée à un public jeunesse ; il est tout à fait intéressant de s’y pencher avec un regard adulte pour mieux se représenter le quotidien de cette époque. Autre intérêt, la comtesse de Ségur a sans doute mis beaucoup d’elle-même dans cet écrit. On pourrait imaginer le château de Fleurville comme illustration de son (cher) domaine des Nouettes, lui aussi situé en Normandie. Et que dire de notre petite Sophie qui fait tant face au fouet de Madame Fichini… On sait que la comtesse (née Rostopchine) a vécu une enfance stricte voire très rude en Russie. Lorsqu’il s’agit d’esquisser les portraits de ses petites filles modèles, la comtesse de Ségur ne peut en tout cas pas se montrer plus claire. Elle s’est ainsi inspirée de ses propres petites-filles : Camille et Madeleine de Malaret. Les petites filles modèles est donc un écrit plus profond, plus engagé, qu’on pourrait le penser au premier abord. La comtesse de Ségur tourne en ridicule le personnage de Madame Fichini, mais fait surtout passer le message que tout acte de violence / maltraitance sur un enfant va avoir un impact très fort sur le développement et la manière dont cet enfant pourra ensuite se construire. Ce regard était peut-être novateur dans cette société de la seconde moitié du XIXe siècle, non ? Cette lecture reste un coup de cœur dans ma vie de lectrice. Et quel bonheur de retrouver ses dix ans le temps de quelques pages ! J’ai adoré me goinfrer de cassis (en cachette) en compagnie de Sophie ; m’émerveiller face aux préparatifs de la fête des lampions à Fleurville, ou encore m’inquiéter pour Sophie et Marguerite lorsqu’elles manquent de passer la nuit dans la forêt. Je compte bien sûr poursuivre sur ma lancée en ouvrant Les vacances (1859) cet été, un roman où les hommes (qui jusque là se montrent totalement absents) occupent une place plus importante dans l’intrigue.
lafilleauxchaussures
• Il y a 1 an
Un classique que toutes les petites filles devraient lire. Ma nièce adore déjà l'animé, donc je vais le lui lire. Les livres de la comtesse de Ségur se lit tellement facilement que je ne comprends pas pourquoi cette écrivaine ainsi que d'autres, ont ne les fait pas apprendre dès le CP.
tessy2
• Il y a 1 an
Je continue ma plongée en enfance avec le tome 2 , les petites filles modèles, une BD adaptée par louis-carpentier pour le dessin et Jean-Claude Lowenthal pour le scénario. On ne présente plus ce roman. Très proche du texte original, cette bande dessinée est très réussie. Je dois dire que la vilaine, affreuse madame de Fichini n'a pas perdu une ride, toujours aussi méchante, terrifiante et souvent tournée en ridicule, ce qui dédramatise un peu cette histoire de maltraitance. On rit toujours un peu jaune et on espère que la malicieuse Sophie va se sortir des griffes de cette marâtre. Même plusieurs décennies après mes premières lectures, ça marche toujours ! Lecture jubilatoire mais histoire plus dure que dans le tome précédent, quand on remet tout ceci à notre époque, c'est même carrément glaçant. Mais les dessins de Louis-Michel Carpentier sont là pour amener de la douceur, par la bonhommie de ses personnages et une petite touche d'espièglerie, avec des dessins très vivants et des méchants tournés en ridicule. Une grande bouffée de fraîcheur !
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Enfants , Roman Enfant 8-12 ans
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- EAN
- 9782700032352
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- Collection ou Série
- Lectures de toujours
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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