Les Routes oubliées : Le livre de S. A. Cosby

Cela faisait un bon moment que je voulais découvrir cet auteur. J’ai vu que ces trois romans étaient en version Pocket. Et comme j’aime commencer par le début, j’ai pris #lesroutesoubliées Si Dennis Lehanne dit de ce livre que c’est « un véritable bijou du roman noir américain », on peut y aller les yeux fermés. Et quelle histoire ! Les routes oubliées sont celles que personne ne prend plus par lassitude, désintérêt ou car elles sont pleines de nids de poules. Mais ce sont également des routes que le cœur cherche à barricader car elles peuvent nous appeler et dérouler un ruban d’asphalte qui permettra de faire crisser les pneus. Pour Beauregard Montage alias Bug, ces routes pourraient bien être celles de son dernier voyage. Quand l’argent vient à manquer malgré tout la bonne volonté et l’ardeur au travail, il est fort possible que la route la plus directe vers l’argent sera choisie. Un roman qui se dévore à pleine vitesse !

C'est le premier polar de Cosby mais je le lis après les deux autres, "Le sang des innocents" et "La colère". Toujours fluide, efficace, souvent percutant, parfois un peu brutal. Mais cela participe aussi au climat général de vie du principal protagoniste. Certaines scènes d'actions sont plus dépouillées que dans les autres ouvrages, ce qui peut laisser penser que l'auteur fait évoluer son style. Les dimensions des personnalités sont soignées, l'histoire est cohérente. L'aspect familial a toujours une place importante. Mais cette fois-ci, j'ai moins perçu la dimension sociologique, l'attachement à des causes humaines.

Beauregard a acheté un garage, il bosse dur, finis les braquages. Enfin, c'est ce qu'il croit ... parce qu'entre les lunettes du petit, l'appareil du dentaire de l'aîné, la maison de retraite de sa mère, et la concurrence qui siphonne la clientèle de son commerce, ça ne va pas si fort. Et donc le coup proposé par Ronnie, un ex-partenaire pourtant pas très fiable, paraît tomber à point nommé. L'ex-as du volant, pourtant rangé, est prêt à reprendre du service. Juste une fois. Sauf que le braquage ne se passe pas comme prévu... Dans la plus pure tradition du roman noir, Cosby signe un polar bien ficelé et mené d'une main de maître par ce nouveau venu dans le genre (pas de renouvellement, mais c'est bien fait !). Il est question de rédemption, de relation père(s)-fils, de vitesse. Le tout sur fond de racisme ordinaire au fin fond de la Virginie rurale, où de jeunes gens paumés oscillent entre misère et désespoir social. Vraiment pas mal !

Là encore, avec ce premier livre de l’américain S.A. Cosby édité en format poche, il s’agit d’une histoire d’héritage paternel, de filiation tumultueuse. Transposée cette fois-ci à Red Hill, ville rurale de Virginie où Beauregard Montage, mari aimant et bon père de famille, a décidé de se ranger après plusieurs années passées en prison. Mais peut-on échapper à son destin quand on est comme lui un Afro-Américain livré en pâture à la ségrégation dans cette Amérique rurale, où tenter d’échapper à la pauvreté ne peut se faire qu’en prenant des sentiers escarpés, des routes oubliées par la concorde universelle ? A noter que le dernier polar de cet auteur, Le sang des innocents, vient d’obtenir le Grand Prix des Lectrices Elle, catégorie policier 2024.