L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme : Le livre de Max Weber

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Max Weber décrit le grand bouleversement des Temps modernes, la transformation dans les mentalités du rapport à l'argent et à la fortune.

Aux consciences médiévales marquées par la parole évangélique selon laquelle " il est plus aisé pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer dans le royaume de Dieu " (Marc, X, 25), le protestantisme affirme que l'homme est sur terre pour se livrer à des œuvres terrestres, et que le succès de ses entreprises est le signe de la grâce divine. L'essor du capitalisme se fonde sur cette révolution des esprits, engendrée par la tourmente luthérienne.

Max Weber est le premier à donner une explication spécifique de l'essor du capitalisme. À travers cette magistrale leçon de sociologie, il éclaire d'un jour nouveau notre civilisation.

De (auteur) : Max Weber

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finitysend

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Ethique protestante et esprit du capitalisme se situe pour moi dans le cadre d'une relecture récente. C'est un ouvrage extrêmement solide et infiniment utile si on s'interroge sur l'impact de la naissance de la religion protestante et sur l'essor du capitalisme. L'analyse de Weber n'est pas idéologique et elle porte sur l'Europe et de facto principalement sur le nord de ce continent. L'ouvrage définit en premier lieu la spécificité du capitalisme en tant que système ou comme élément isolé. Grosso modo, disons qu'il s'agit de faire un bénéfice dans le cadre d'une transaction effectuée dans un cadre professionnel et dans un esprit de profit. On est aussi dans le cadre d'une économie réelle et non dans celui d'une économie de finance. L'activité économique dans l'occident chrétien est anciennement encadrée par une vision morale stricte et l'aspect bancaire avec les prêts à usure pour les financements sont méjugés moralement. Le prêt est pour la sainte église du pape ,un mal nécessaire et il est de ce fait très encadré et très mal vu. il est le contraire d'une oeuvre sacrée. Toute l'économie ne tourne pas autour du prêt mais le financement est par nature nécessaire aux activités entrepreneuriales. Avec le protestantisme nait dès le départ l'éthique du capitalisme et ce peut sembler être un cercle vicieux pour hiérarchiser historiquement l'apparition ces deux systèmes concomitants. Si on se penche sur la vie économique d'une région qui va de la Frise à la Baltique on voit naitre un réseau citadin porté sur des échanges économiques qui requièrent des activités déjà financières. A mon humble avis l'apparition d'un univers économique d'un type nouveau précède l'éthique protestante. Le protestantisme part de la sacralisation de l'idée de métier qui est relié au moment de son exercice à la vocation et à l'ascèse du chrétien. L'auteur constate entre autres découvertes que les protestants sont plus riches que les catholiques selon sa documentation . Le gain n'est plus un péché mais il est le fruit d'une ascèse divinement rétribuée (Luther). La réflexion de Weber se poursuit au fil de l'évolution du capitalisme qui finit par ne plus être ni ascétique , ni riche en gains moraux bien que cela ne soit pas intrinsèquement et nouvellement exclu par nature. Fondamentalement on peux alimenter une lecture des évangiles qui valorise le travail et les activités de subsistances et c'est sans le moindre doute que le travail est une oeuvre évangélique. Et la pauvreté est aussi un sommet moral, en soi ,comme en atteste l'expérience monastique. Les protestants feront de la richesse le produit d'une ascèse et d'une vocation. Le glissement des valeurs vient aussi rehausser la vie laïque qui est également désormais le lieu d'une oeuvre et les oeuvres se nichent dans le produit du travail alors que la richesse acquière une âme (sourires). Le sacré fertilise donc désormais la vie d'une nouvelle manière. L'accumulation de capital devient moralement possible et c'est une effraction, un séisme dans l'histoire des mentalités occidentales où l'argent devient possiblement le produit de l'exercice moral. Accumulation de mérite apporte l'accumulation de richesses. Ce qui pour conclure me donne envie de détourner du Baudelaire : "La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers."

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Esthehr

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Max Weber est un sociologue et économiste allemand, considéré comme le fondateur de la sociologie moderne. L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, paru en 1904, est un livre fondamental qui sert encore de référence à tous ceux qui s’intéressent à ce sujet. Partant du constat que les chefs d’entreprise et les détenteurs de capitaux sont souvent de confession protestante, Max Weber démontre de façon rigoureuse et toujours nuancée, que le protestantisme, né au XVIè siècle, a permis l’émergence du capitalisme et répondait à une attente dans les régions économiquement les plus avancées. Au Moyen Age, l’activité est en grande partie conditionnée par les besoins personnels. L’Eglise condamne la pratique de l’usure. Le plus bel « investissement » est dans le salut par l’aumône. Les mentalités vont progressivement changer à l’époque moderne avec pour point de départ, la Réforme. Au XVIè siècle, une contestation profonde des pratiques de l’Eglise, menée par Luther puis par Calvin va bouleverser l’horizon religieux. La Réforme s’impose dans certains Etats du Nord de l’Europe et permet la diffusion de l’éthique protestante. Calvin considère que l’homme ne peut gagner la grâce par ses œuvres. Dieu, seul, décide de qui sera élu. En attendant le salut éternel et pour plaire à Dieu, chaque homme doit assumer la tâche qui lui est impartie sur terre. L’exercice d’une profession devient une fin, un but en soi, une vocation « envers laquelle l’individu se sent une obligation morale ». L’acquisition de richesses trouve ainsi une justification éthique et se lit comme un signe de l’élection divine. Mais le fidèle se garde de jouir des biens matériels. Alors l’argent est réinvesti pour augmenter la gloire de Dieu. On comprend ainsi comment, progressivement, les profits seront poursuivis au-delà de la limite fixée pour les besoins… Ceci n’est qu’une partie de l’argumentation complexe, subtile et largement illustrée de Max Weber. L’auteur analyse en profondeur l’éthique protestante et le changement qu’elle a opéré dans les mentalités au point de bouleverser l’économie traditionnelle des pays occidentaux. Pour illustrer ce propos, j’ajouterais un extrait du « sermon » de Benjamin Franklin, l'un des « pères fondateurs des États-Unis », cité par Max Weber dans son livre : « Souviens toi, que le temps, c’est de l’argent. Celui qui, pouvant gagner dix shillings par jour en travaillant, se promène ou reste à paresser la moitié du temps, bien que ses plaisirs, sa paresse ne lui coûtent que six pence, celui-là ne doit pas se borner à compter cette seule dépense. Il a dépensé en outre, jeté plutôt, cinq autres shillings.» (Conseils à un jeune négociant, 1748) Un livre passionnant et essentiel pour comprendre le monde actuel et sa genèse.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Sciences Humaines & Savoirs , Sciences Humaines & Sociales
  • EAN
    9782266034029
  • Collection ou Série
    Agora
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    288
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

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9,00 € Poche 288 pages