L'herbe bleue : Le livre de Anonyme

Un roman tragique et touchant qui nous rend vulnérables face à la descente aux enfers de cette adolescente. Inspirée de ses patients, cette fiction écrite par une psychologue américaine est présentée sous forme de journal intime. C'est l'histoire d'une jeune femme de quinze ans qui va faire l'expérience de la drogue et commencer à l'apprécier. Elle devient rapidement accro et s'enfonce dans cette spirale infernale. Elle aspire à s'en sortir, et nous, nous voulons tout faire pour qu'elle s'en sorte de cette saleté. Malheureusement, tout éléments négatifs qui la touchent, ne l'aident pas à décrocher. Plus on avance et plus elle va toucher le fond. Cette lecture est déroutante. Elle nous montre que cela peut arriver à tout le monde. Cette jeune fille était sainte avant tout ceci, on se rend compte comment elle se détruit à chaque shoot, sans qu'on ne puisse rien y faire. Nous sommes démunis devant ses actions, simple spectateur de cette destruction humaine. Certes la drogue apaise son mal-être et lui fait tout oublier sur le moment. Mais elle ne fait que décaler les problèmes, ne les règle jamais et ne fait que les aggraver. Ce livre n'est pas une mesure préventive. Une véritable prévention ne peut pas être entreprise de cette manière, car elle repose avant tout sur l'information. La drogue n'est pas une solution.

L’avis de Camille, 14 ans J’ai bien aimé le livre, car la narratrice alerte sur les dangers de la drogue. J’ai aussi apprécié qu’elle parle de sujets plus légers qui préoccupent habituellement les adolescents. Cependant, j’ai relevé beaucoup de « clichés », par exemple des relations amicales ressemblant à celles d’autres histoires. J’ai l’impression qu’elles pourraient se trouver dans n’importe quel livre, que rien ne les distingue. Je pense aux amitiés qui se font et se défont. Il m’a aussi permis de reconnaître que je n’aimais pas la forme du journal intime, car la narratrice passe d’un sujet à l’autre, sans les approfondir, et cette forme décousue ne m’a pas plu. En conclusion, j’ai aimé l’histoire et les thèmes, mais pas la forme. L’avis de la maman Quand j’étais adolescente, j’avais lu L’herbe bleue et c’était un des livres qui m’avaient le plus marquée avec Moi, Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée. Un jour, sur les réseaux, ma fille a vu une influenceuse parler du deuxième livre et a voulu que je lui achète. J’avais alors ajouté L’herbe bleue et je lui avais conseillé de commencer par celui-là, car je me rappelais que Christiane F était très dur émotionnellement. Lorsqu’elle l’a commencé, je l’ai lu à son rythme. Alors que j’avais un souvenir ému de L’herbe bleue, j’ai eu beaucoup de mal à le lire en tant que maman. Quand je discutais avec ma fille de la partie du jour, elle semblait prendre plaisir à sa lecture, alors que moi, je me forçais à le lire, car je m’ennuyais, même si contrairement à Camille, la forme du journal intime me convenait, car je trouvais que cela rendait le rythme plus dynamique. Cependant, je vivais très mal ce que me disait ma fille. Elle me confiait être étonnée, car l’expérience de la narratrice donnait presqu’envie d’essayer la drogue (pendant une partie du récit, la narratrice évoque du plaisir dans cette addiction). Heureusement, ma puce avait conscience que c’était très dangereux. La suite du journal l’a d’ailleurs confirmé. Je suis heureuse d’avoir pu accompagner cette lecture pour aborder les points sensibles de l’histoire. Ma puce a bien compris que, par exemple, prendre de la drogue, pour tenter d’échapper à certains problèmes, en crée d’autres. Elle connaît les risques, également. De plus, elle a été choquée que la jeune fille ait été entraînée dans cette spirale, après avoir été droguée à son insu. J’ai pu aborder avec elle l’obligation de surveiller son verre (quand elle sortira plus tard) et les dangers des influences de certains copains. Enfin, le livre illustre ce que je lui ai toujours dit : que si elle fait une bêtise, dans n’importe quel domaine, il ne faut pas attendre pour en parler, il ne faut pas sombrer dans un engrenage, en enchaînant les mensonges qui conduisent à des situations de plus en plus dangereuses. Au final, L’herbe bleue a rempli son rôle puisque ma fille a parfaitement intégré les dangers de la drogue. Enfin, j’ai appris, qu’un mensonge entourerait l’écriture de cet ouvrage. Contrairement à ce qui est indiqué, ce n’est pas le vrai journal d’une adolescente. Beatrice Sparks, une journaliste, a reconnu en être l’auteure quelques années après sa parution. Ma fille est toujours déterminée à lire Moi, Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée… Nous allons le commencer prochainement. Après la lecture de L’herbe bleue, il me semble que c’est une lecture nécessaire qui lui montrera la réalité, sans fioritures. J’espère que mon souvenir n’est pas faussé et qu’il lui procurera un électrochoc tel que je l’ai vécu adolescente. Je pense que le fait que je ne me suis jamais approchée de la drogue lui est imputable.

D'abord publié anonymement (en 1971), ce livre a depuis été attribué à la romancière américaine Beatrice Sparks qui a reconnu en être l'autrice. Elle expliquait dans une interview que le livre se composait en partie du journal intime d'une de ses patientes mais également d'événements fictifs inspirés par son travail avec d'autres adolescents en difficulté. Le but était de "mettre en garde la jeunesse" (source: Wikipedia). En trouvant ce livre dans mon CDI, je me suis demandé s'il était toujours d'actualité et si cela valait la peine d'en acheter une édition plus récente. C'est le cas! Le texte a assez peu vieilli. Les préoccupations de la narratrice sont les mêmes que celles des adolescentes d'aujourd'hui: les copines, les garçons, les cours, la famille... Comme beaucoup, c'est une adolescente mal dans sa peau, d'autant plus depuis qu'elle a intégré un nouveau lycée où elle ne connaît personne. Alors quand sa nouvelle copine l'emmène à une fête, elle a à cœur de faire comme les autres. Certes, la première fois, elle est droguée à son insu, mais elle n'aura aucune hésitation à suivre la consommation de petits comprimés de son amie Chris, alternant excitants et tranquillisants. Les effets de la drogue (sensations, hallucinations) sont bien expliqués. Avec le hasch, "je n'ai jamais été aussi détendue de ma vie", "toutes mes inhibitions disparaissaient". Elle se sent libérée et son enthousiasme la rend populaire, ce qui renforce l'idée que la drogue lui fait du bien. Mais par la suite, le ressenti ressemblera davantage à un bad trip... L'adolescente passe un premier cap lorsqu'elle se fait dealeuse afin d'aider son petit ami fournisseur, Richie ("On n'a pas de fric"). Puis vient le temps des remords ("Quelle personne faible et méprisable je suis devenue"), qui ne va cesser d'alterner avec les rechutes et les fugues. Elle atteint le fond avec les premiers abus sexuels ("Ces enfants de salauds nous avaient vidées") et la prostitution ("Toute la saloperie qui marche de pair avec la drogue" parce qu'elles sont "jeunes et fraîches" dans un milieu de vieux riches). Bientôt tout ne tourne plus qu'autour de la drogue, où et comment se fournir. Malgré le soutien de sa famille, la narratrice continue sa descente aux enfers à cause de l'accoutumance ("Nous n'avons plus d'herbe, plus de fric, et nous avons faim."). Elle alterne les périodes de lucidité ("Je ne comprends pas comment j'ai pu me comporter si mal alors que j'avais une si bonne famille. La pauvre Doris n'a jamais rien connu que de la merde depuis l'âge de dix ans.") et de manque. Et puis chaque fois qu'elle prend de bonnes résolutions ("marcher droit"), sa réputation de "camée" la rattrape ("Pourquoi me harcèlent-ils comme ça?"). Lorsque l'adolescente se retrouve à l'hôpital, le récit devient alarmant: que s'est-il passé? Qu'est-ce qui l'a mise dans un tel état ("Je me sens si seule, perdue, terrifiée")? La fin du journal nous laisse sur une jeune fille qui semble avoir gagné en maturité ("Lorsqu'une personne devient plus âgée elle doit pouvoir discuter de ses problèmes et de ses pensées avec d'autres personnes, au lieu de parler à une partie d'elle-même comme toi"). Du coup l'épilogue surprend... C'est là que l'on voit le côté moralisateur du livre. Prochaine étape: relire "Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée" qui a marqué mon adolescence!

J’ai fini ce livre en étant partagée. Je me suis attachée à « Alice » et ai espéré avec elle. J’ai aussi été touchée par les parents en me demandant assez souvent ce qu’ils devaient ressentir. Par contre j’ai eu du mal avec le côté « jeune » du récit mais surtout avec la très mauvaise traduction française! Je découvre par contre via les autres commentaires que ce n’est finalement pas un vrai témoignage, ce qui me déçoit vraiment et change forcément mon regard.