L'herbe du diable et la petite fumée : Le livre de Carlos Castaneda

C’est à un arrêt de bus que Carlos Castaneda, étudiant en anthropologie à l’université de Californie, rencontre pour la première fois Don Juan. Il ne sait pas encore qu’il fait face à un sorcier Yaqui et qu’il a été « choisi » par une puissance impersonnelle pour devenir son « escogido » (son apprenti) et « l’homme de savoir » au bout de quatre années d’initiation aux rites. Pour ce faire, Don Juan lui explique que pour atteindre cet objectif il sera aidé par trois « alliés » qui sont en fait « trois plantes hallucinogènes : le peyotl (Lophophora williamsii), la stramoine ou Jimson weed (Datura inoxia syn. D. meteloides), et un champignon (peut-être Psilocybe mexicana). » Carlos Castaneda raconte dans son livre « L’herbe du diable et la petite fumée » son expérience dans cette aventure qui va durer de 1960 à 1964. Sorti de la lecture de cette histoire hors norme, un doute subsiste quant à l’existence de cet esprit, Mescalito ou Humito, quant à son influence et son pouvoir et aux facultés extraordinaires dont est doué celui qui en fait l’expérience. Tous ces phénomènes ne semblent apparaître qu’avec la prise de psychotropes. Ces derniers faussent la donne. Ils semblent plus qu’ils fassent remonter à la surface des données déjà présentes dans le disque dur de l’expérimentant, c’est-à-dire depuis sa mémoire, et, en les combinant de façon aléatoire, qu’ils forment l’hallucination. La prise de ces molécules a plus pour effet l’empoisonnement de la pensée, sa corruption, qu’une élévation mystique de l’âme ou l’acquisition de dons surnaturels et magiques. Mais ce n’est qu’une hypothèse. Libre à chacun de croire ce qu’il a envie ou ce qui l’arrange... Ce livre sort alors que le mouvement Beat Génération est à son apogée et que Ken Kesey a traversé les États-Unis à bord de son bus rempli de hippies pour distribuer aux populations locales des verres de jus d’orange bourrés de LSD. Autant dire que l’ouvrage de Carlos Castaneda est rapidement un best-seller et que l’auteur saura exploiter ce filon pendant longtemps. Publié en 1968. Préface d’Yves Buin. Traduction de Michel Doury. Editions Christian Bourgois, 10 / 18,253 pages.