Piranèse : Le livre de Susanna Clarke

Un univers onirique intéressant, j’ai apprécié déambuler dans le palais tellement que le retour à la réalité m’a presque paru barbare. Piranèse est un livre qui se dévore tant il y’a de questions, cependant la fin m’a peut être à moitié satisfaite, j’aurais voulu en savoir plus sur cet univers et sûrement avoir plus de réponses. Lecture tout de même rafraîchissante et qui laisse rêveur.

c'est tout ce que j'aime !

Piranèse est le genre de roman où il ne faut rien savoir avant de le commencer. Tout ce que vous devez savoir, c'est qu'il s'agit d'un immense palais composé d'innombrables salles, si vaste et complexe qu'il ressemble à un labyrinthe gigantesque. Ce lieu mystérieux est animé par des marées qui peuvent tout submerger si l'on n'y prend pas garde. On se déplace sous le regard étrange d'une multitude de statues plus fascinantes les unes que les autres. Au début, c'est très déstabilisant car on ne sait rien ni du temps ni de l'époque. On avance à l'aveugle dans ce lieu énigmatique sans savoir ce qu'il renferme comme secret. J'ai été époustouflée par ce récit qui est juste dingue. C'est tellement bien écrit qu'on a vraiment l'impression que tout est réel. J'étais à fond dans ma lecture et je n'avais plus du tout envie de lâcher le livre jusqu'à la fin. Une histoire que je n'oublierai pas et qui fera j'en suis sûre partie de mes meilleures lectures de cette nouvelle année. Une vraie pépite !

« Quand la Lune se leva dans la Troisième Salle Nord, je me rendis dans le Neuvième Vestibule pour assister à la jonction des trois Marées. C’est un phénomène qui survient seulement tous les huit ans. » Il est difficile pour moi de proposer une critique pour Piranèse tant ce roman m’a fait ressentir de choses. Il est en même temps celui qui m’a replongé dans un sentiment profond de tristesse et de solitude, et en même temps celui qui m’en a détachée. « Entrée pour le Premier Jour du Cinquième mois de l’An où l’Albatros est arrivé dans les Salles Sud-Ouest. » J’ai lu cette histoire comme si j’étais le sujet d’une expérience, un peu trop investie avec le protagoniste (ainsi appelé Piranèse par l’Autre). Beaucoup d’interrogations s’imposent, on obtient des réponses qu’à moitié convaincantes, on se crée nos propres hypothèses, toujours en alerte (la Seizième Personne nous observe-t-elle ?). Ce roman est une illusion, captivante et envoûtante. Nous errons dans le Palais, traversons les Salles, prenons une pause dans un Vestibule, nous nous asseyons au pied des Statues, préparons les offrandes pour nos Personnes, évitons les Marées. Et nous retrouvons l’Autre, pour nos Rendez-Vous de la Semaine. Le récit se présente sous la forme du journal de Piranèse, un peu perturbant au premier abord, je me suis très vite habituée à son écriture. À sa façon de nommer les jours, de nommer les éléments. J’ai aimé comme il faisait part de ses découvertes, comme il indexait chaque événement, chaque phénomène. J’ai souvent été admirative, triste et terrifiée. Les trois à la fois, au court de cette lecture particulière. Je ne dirai rien du dénouement. J’aimerais juste dire que Piranèse me manque, que ce personnage a crée un Vide dans mon propre Palais. Et que j’aurais aimé le suivre encore plus longtemps. Susanna Clarke a un grand talent d’écriture et je n’ai besoin que de ce roman pour m’en assurer. Ce n’est sans doute pas une histoire qui s’adresse à tout le monde : j’ai la sensation que l’on aime ou bien que l’on déteste. J’ai vu nombre d’avis aussi positifs que négatifs, mais je ne peux que vous conseiller de mettre un pied dans cet étrange Palais. Ce ne sera pas le cinq étoiles que j’avais espéré, mais ça reste pour moi un coup de cœur. Un roman que je garde au chaud dans mon Cœur. Qui m’a Détruit et qui me Guérit.