Sophie de Habsbourg - L'impératrice de l'ombre : Le livre de Jean-Paul Bled

Il faut commencer par Sissi, ou plutôt par les trois films que lui a consacré Marischka dans les années cinquante, avec dans le rôle -titre une adorable Romy Schneider de dix huit ans. Par parenthèse, elle ne ressemblait pas à son modèle historique, et quant à l'histoire...eh bien c'est une belle histoire, romantique à souhait, d'ailleurs on repasse régulièrement les films aux alentours de Noël et vous avez une bonne chance de les avoir vu l'une ou l'autre fois. Il y a eu plusieurs remakes,le dernier récemment sur Netflix, pas mal mais juste un peu moins infidèle à la réalité historique. En tout cas, c'est ainsi que la plupart d'entre nous ( moi en tout cas) ont fait connaissance avec l'Archiduchesse Sophie La méchante Archiduchesse Sophie Méchante ? Pas si sûr. En tout cas, ce n'est pas l'avis de Jean -Paul Bled, historien universitaire réputé, spécialiste du monde germanique, qui lui a consacré cette biographie, réhabilitation qui tourne même parfois de façon gênante à l'hagiographie. Avouons tout : c'est la série de Netflix susvisée qui m'a donné envie de lire ce livre, et d'abord pour préciser un peu les relations familiales. Parce que ce n'est pas très clair dans les films. Donc. Dans la noblesse allemande il ne faut pas confondre les Von et les Zu. En Bavière, il y a deux ducs : un Duc de Bavière (Von) qui est un Prince régnant (et va d'ailleurs prendre le titre de Roi dans le cadre de la Confédération de l'Allemagne du Sud voulu par Napoléon ; c'est le père de l'Archiduchesse Sophie, qui va épouser l'Archiduc François-Charles,deuxième fils de l'empereur d'Autriche François Premier ; c'est la mère du futur Empereur François -Joseph. La sœur de Sophie épouse, elle, le chef de la branche cadette des Wittelsbach, qui porte le titre de Duc en Bavière (Zu) et ne règne pas. Ce sont les parents d'Elisabeth, dite Siss, et d'Hélène. Sissi est donc la nièce de Sophie, mère de François -Joseph, qui va devenir sa belle-mère. Sophie est une femme remarquable, qui se préoccupe moins de persecuter sa belle -fille que de veiller aux destinées de l'Empire, qu'elle gouvernera plus ou moins, avec des résultats mitigés. Dès la naissance de son fils aîné François Joseph, elle se fixe pour but de le faire accéder au trône, tant par ambition maternelle qu'en raison de la nullité de son beau -frere, heritier presomptif du trône, à peu près idiot, et de son propre mari, second dans l'ordre de succession, qui ne brille pas non plus par ses facultés intellectuelles. A la mort de l'empereur François, Metternich parvient à faire respecter l'ordre dynastique et à faire accéder Ferdinand au trône. Il exerce alors le pouvoir, conjointement avec Sophie, auquel cet arrangement ne suffit pas. La Révolution de 1848, à laquelle elle est violemment opposée, va paradoxalement lui faciliter les choses. Le désordre lui permet de pousser son beau -frere à la démission, et de convaincre son mari de renoncer au trône. François -Joseph y accède donc et l'ordre est oppornement rétabli dans l'empire grâce à l'intervention de l'armée russe, à la demande du gouvernement autrichien. François -Joseph a dix huit ans et dans ses premières années il est très largement influencé par sa mère,qui le pousse à mener une politique réactionnaire, qu'il continuera ensuite car elle est conforme à ses penchants.(Il mènera aussi une politique étrangère calamiteuse qui reussira à lui aliéner la France, la Russie et la Prusse, laquelle tirera les marrons du feu à ses dépens Mais continuer plus loin nous conduirait à raconter une bonne partie de l'histoire du XIXeme siècle européene jusqu'à evoquer les causes de la première guerre mondiale. Revenons donc à Sophie. Dans l'ensemble, sa vie sera assez malheureuse. Ses relations avec son mari n'ont guère été que de convenance. Sa politique a largement échoué. Surtout elle a perdu son second fils, Maximilien, éphémère empereur du Mexique par la grâce de Napoléon III, renversé et fusillé par ses sujets révoltés. Rt ses relations avec Sissi. Bien meilleures qu'il n'apparaît dans les diverses fictions qui leur ont été consacrées. Sophie n'éprouvait aucune hostilité de principe à l' égard de sa nièce et n'était pas mécontente de son accession au trône. Elle ne chercha pas à la brimer, mais à lui faciliter de jouer son rôle dans l'intérêt de la monarchie, sa seule préoccupation réelle, et sans oublier qu'Elizabeth était l'impératrice Malheureusement ce rôle n'intéressait pas Sissi, et les torts entre les deux femmes furent sans doute partagés Malgré tout, une femme remarquable, dont un diplomate français aurait dit qu'elle était le seul homme de la famille ( je sais, je sais, c'est un comportement problématique,patriarcal, machiste, politiquement incorrect, et que sais -je encore)