Termush, côte Atlantique : Le livre de Sven Holm

Un conflit nucléaire généralisé a dévasté la planète. La radioactivité est omniprésente, finissant en quelque sorte le travail. Parmi les survivants, une poignée s'en est sortie sans trop de dommages. Qui sont-ils ? Ceux ayant eu la bonne idée (et les moyens financiers) de remplir le formulaire d'inscription au programme de prévoyance Termush, du nom d'un hôtel situé sur la côte Atlantique et reconverti en refuge. D'un abord plutôt attirant avec sa couverture évocatrice et stylisée, ce petit livre de la collection Labo Ailleurs deman est une première traduction française de l'auteur danois Sven Holm. Avec ses 150 pages bien aérées et sa trentaine de chapitres, ce roman court se lit d'un trait. L'écriture aide aussi : claire et fluide, quoiqu'inhabituelle. L'auteur fait en effet parler son personnage narrateur dans un style particulièrement analytique, détaché et désuet pour décrire le quotidien des « hôtes ». L'effet produit un sentiment de tranquillité qui tranche avec la dure réalité. Une perception éthérée de l'horreur. J'ai beaucoup aimé ce traitement psychologique. Sur la forme, on est dans un huis clos parfait, avec un dénouement logique pour ce genre de scénario. Là où je suis mitigé, c'est au niveau l'intrigue et des thèmes abordés. le problème de ce roman est qu'il ne va jamais au bout de ce qu'il initie, et c'est vraiment dommage car il y a pourtant beaucoup de matière intéressante. Quelques exemples : - le délégué est typique des personnages anonymes qui se révèlent meneurs et tyranniques à l'occasion des situations de crise. Son ascension est très bien rendue, malheureusement le développement ne suit pas. - La direction de l'hôtel jouit d'un pouvoir manifeste, sans paraître en abuser franchement. le doute au sujet de ses intentions et de sa morale est savamment entretenu, mais c'est tout. - le groupe des « éclaireurs » ouvre une trame intéressante mais vite abandonnée. - La relation entre le narrateur et la femme prénommée Maria est touchante, mais manque de visibilité. La comparaison avec le film d'auteur récent « Concrete Utopia » (réalisé par Um Tae-hwa) est saisissante. On y retrouve presque tout : le huis clos survivaliste, la recherche de normalité, le personnage principal humain, le délégué odieux, le problème des ressources, les groupes d'exploration, la menace grandissante de rescapés qui arrivent. Mais à la différence du roman, ses aspects sont parfaitement exploités. À voir absolument, si vous en avez l'occasion ! https://www.youtube.com/watch?v=Bvd60nJU29g Dans une tout autre ambiance (pulp), allez donc faire un tour dans le camp survivaliste des montagnes de l'Idaho de l'excellent Swan Song, de Robert R. McCammon. Le classique de la dystopie « Nous autres », de Evgueni Zamiatine, présente également des similarités, notamment dans la narration distanciée.

Cette nouvelle philosophique est très divertissante. Le protagoniste s'interroge (dans un langage un peu démodé qui le rend tellement sympathique) dès le départ sur les décisions qui sont prises quant à l'organisation post catastrophe nucléaire au sein d'un hôtel. Et plus on avance dans ce huis clos, plus on ressent un malaise vis à vis du comportement de la direction mais aussi des autres habitants..