Zadig suivi de Micromégas : Le livre de Voltaire

Quand j’ai commencé Zadig ou la Destinée de Voltaire, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je pensais tomber sur un vieux conte un peu poussiéreux, mais j’ai été agréablement surprise par la vivacité du style et l’humour mordant de l’auteur. Dès les premières pages, je me suis retrouvée plongée dans cette Babylone imaginaire, aux côtés de Zadig, un jeune homme parfait en apparence – beau, intelligent, juste – mais que la vie semble vouloir malmener à chaque tournant. Ce qui m’a vraiment plu, c’est la façon dont Voltaire se sert de cette histoire en apparence légère pour glisser des critiques très fines de son époque. Derrière chaque mésaventure de Zadig, on sent une vraie dénonciation de l’injustice, du fanatisme religieux, de l’hypocrisie sociale. Et ce qui est fou, c’est que beaucoup de ces réflexions restent encore très actuelles. Certains thèmes m’ont particulièrement touchée. D’abord, la question de la destinée : Zadig a beau faire tout ce qu’il peut pour agir avec droiture, il se retrouve toujours confronté à des situations absurdes ou injustes. Ça m’a fait réfléchir à notre propre rapport au hasard, à ce qu’on maîtrise ou pas dans nos vies. Le thème de l’injustice aussi m’a marquée – ce sentiment d’absurdité face à un monde qui récompense parfois les pires et punit les meilleurs. J’ai aussi été sensible à la manière dont Voltaire remet en question la notion de bien et de mal : les intentions de Zadig sont bonnes, mais elles sont souvent mal interprétées. Et à travers cela, il critique sans détour les dogmes religieux ou les vérités imposées, sans tomber dans le rejet brutal – juste avec intelligence et ironie. Le style de Voltaire est très agréable, à la fois élégant et accessible. Les chapitres sont courts, rythmés, ça se lit facilement. Mais ce que j’ai aimé, c’est que derrière la légèreté du ton, il y a une vraie profondeur. Ce livre m’a fait sourire, parfois rire, mais il m’a aussi donné envie de réfléchir, de remettre en question certaines choses.

Belle surprise pour ce court ouvrage rafraîchissant et intéressant ! N'étant pas un grand amateur du Voltaire philosophe, j'ai été surpris par la qualité d'écriture de cette nouvelle, par ses personnages intéressants et bien construits, par ses scènes qui incitent réellement à la réflexion. Tout y est maîtrisé ! L'immersion dans le monde perse est réussie et l'on prend plaisir à suivre les pérégrinations de Zadig ; de son ostracisme jusqu'à sa redemption, de ses doutes jusqu'à ses conclusions. C'est en réalité une belle illustration de l'adage zoroastrien : bien penser, bien parler, bien agir.

Avec Zadig, Voltaire nous livre une satire des mœurs de son temps. Il n’épargne rien, ni personne. Un long pamphlet en coupe réglée. Il fallait pourtant un sacré courage, à une époque où l’on embastillait les libres penseurs, pour oser s’exprimer ainsi. Chapeau bas Monsieur Voltaire.

Je ne me souvenais plus que j'aimais tant Voltaire. Je le trouve à la fois drôle et percutant, sachant jouer de l'équilibre entre le ridicule et le didactique, et diablement ingénieux. Je préfère cet ouvrage à l'Ingénu, que j'ai lui il y a quelque temps déjà, surtout pour le côté conte Oriental, la fin positive et l'optimisme amusant qui s'en dégage.