Le Lac : Le livre de Yana Vagner

Au bout de la route, aux confins du monde : un lac. Vongozero. Huit adultes, trois enfants : onze survivants. L'épidémie qui a ravagé la Russie les a rejetés là, sur la berge gelée, parmi les pins obscurs. Sains et saufs. Mais pour Anna, Sergueï et les autres, l'épreuve ne fait que commencer. Le froid, la faim, les tensions : comment rester soudés quand la glace empêche la pêche ? Quand la promiscuité, la paranoïa et la folie entachent le quotidien ? Vongozero, refuge ou tombeau ?... Yana Vagner maîtrise de main de maître les ressorts du thriller psychologique. Un huit-clos obsédant, un frisson qui s'intéresse à leur survie d'un lac, un endroit très étroit et inhospitalier qui promet tensions, désespoirs et incertitudes qui révèlent un peu plus la nature humaine de ces gens désormais sans destination et sans autre but que tenir le coup. Une lecture sans surprise ainsi qu'un profond sentiment de solitude grâce à une écriture ciselée et tranchante. Un huis-clos certes, mais ni stressant ni angoissant, juste une histoire de survie en milieu hostile. Un thriller sans grand intérêt, un deuxième ouvrage qui se lit très bien, mais on ne retrouve pas le rythme trépidant du tome précédent.

Dans "Vongozero" Yana Vagner nous racontait le voyage d'un petit groupe d'une dizaine de personnes, faisant route vers un lac situé au nord de la Russie pour échapper à une épidémie dévastatrice .... Le Lac nous raconte la vie de ces survivants, pendant ce premier hiver passé au bord du lac. Comment ils vont trouver les ressources pour survivre et surtout tenter de vivre ensemble dans cet espace étriqué, la maisonnette sur une île isolée, au cœur d'un hiver polaire, sans s'entretuer ni perdre la raison... Ce n'est pas toujours le cas, mais j'ai trouvé que la suite est encore plus réussie que le premier tome. Les personnages, notamment les personnages secondaires, ont pris du relief, la narratrice nous révélant quelques éléments de leur vie passée. Surtout, même si tout le roman se situe sur ce lac et dans ses abords, même si l'intrigue est finalement assez ténue, l'autrice nous tient parfaitement en haleine jouant tant avec les nerfs de ses personnages qu'avec les nôtres. Par ailleurs je ne suis pas russophone ; je ne sais pas ce que vaut le texte original, ni si la traduction lui est fidèle. Mais le texte français ,traduit par Raphaëlle Pache, est de toute beauté. On ne salue que rarement les traducteurs mais le travail de Raphaëlle Pache est à mes yeux pour beaucoup dans le grand plaisir que j'ai eu à lire ce magnifique roman.

TOME 2 À quatre cents kilomètres du cercle polaire, la suite du premier tome @Vongozero est tout aussi prenante ! Toujours en Russie, le lecteur suit les mêmes personnages dans leur nouvel environnement, installés dans l'inconnu. Malheureusement, tout pour compliquer les choses - parce qu'il s'agit d'une question de vie ou de mort - il faut que cela survienne pendant la période la plus froide de l'année. L'avenir n'est ainsi pas très reluisant dans "Le lac", où chaque jour est une bataille, l'imprévu constant, un stress d'être incapable d'envisager plus loin que demain, à vivre au jour le jour comme si cela était le dernier. C'est le climat qui a le dernier mot... Et puis, en des contrées aussi lointaines, n'importe quoi peut tout faire chavirer. " Nous comprîmes soudain, pour le constater de visu, que la moindre broutille, depuis une banale crise d'appendicite jusqu'à un malencontreux clou rouillé qui vous transperçait la peau et vous injectait dans le sang le bacille tétanique somnolent entre ses écailles corrodées, la moindre broutille, donc, était susceptible de faire périr sans sourciller l'un ou l'autre d'entre nous, comme ça, inopinément et quel que soit son âge. Bons ou mauvais, dignes ou non d'être sauvés, qu'importe, (...)." Anna et son entourage devront faire montre de beaucoup de résilience pour réussir à endurer les nouvelles épreuves dans un contexte non moins difficile que la fuite. Manque de ressources, manque d'espace, d'intimité, dissensions au sein du groupe, craintes à propos du futur... À nouveau, j'ai beaucoup aimé cette histoire malgré le tempérament désagréable de certains personnages. Il est étonnant de constater à quel point l'écriture d'un auteur peut tout-à-fait nous embarquer...ou pas. Les tomes 1 et 2 ne sont pas d'un rythme trépidant mais il se tient, fort, tout le long. Encore ici, je ne me suis pas du tout ennuyée, je pense réellement que cela est dû au talent de l'autrice - tout comme celui de la traductrice ! - à sa manière tangible d'impliquer tous les personnages même s'ils ne font pas nécessairement grand-chose. Le noyau est solide. Alors que parfois, la suite tend à s'essouffler, ici j'ai apprécié tant le deuxième que le premier tome. L'ambiance est réussie : angoissante, pesante, le lecteur arrive à se représenter le lieu, le ressenti des autres, absolument tout. Yana Vagner, à travers ses phrases longues et superbes, dépeint un portrait plutôt sombre d'un monde dont lequel nous ne sommes point à l'abri... "Une obscurité pareille, absolue, complète, silencieuse, on n'en rencontre jamais en ville - les nuits urbaines reculent devant la lumière jaune des réverbères et vibrent de la circulation automobile, du doux bourdonnement des appareils électriques, de millions d'organismes pulsant, respirant alentour ; dans l'endroit où nous nous sommes enterrés de notre plein gré, il suffit de s'écarter à deux pas de notre maison et tout se dissout instantanément dans l'encre d'épaisses ténèbres, alors on se hâte de rentrer, on court presque, les bras tendus devant soi, terrifié à l'idée que pendant ces quelques minutes d'absence, la maisonnette et tout ce qui se trouve à l'intérieur, dont l'existence ne faisait jusqu'alors aucun doute, aient disparu sans laisser de traces ; on aura beau avancer alors, nos mains ne rencontreront plus qu'un vide opaque." Ce roman d'hiver imprévisible se dévore dans des conditions idéales pour nous lecteurs, installés dans nos modes de vie confortables et sécuritaires, chanceux que nous sommes. Il est à souhaiter de ne jamais nous retrouver confrontés à des conditions similaires...et pourtant...chaque jour, l'existence nous rappelle à quel point l'humain est vulnérable. Frissons garantis ! CHALLENGE PLUMES FÉMININES 2025

Le récit commence exactement là où il se terminait dans Vongozero et comme il n’y a pas de bref rappel du passé de chacun des personnages j’ai remis peu à peu en place le « qui fait quoi » en lisant le premier tiers de l’histoire. L’histoire aurait peu être terriblement ennuyeuse avec ce huis clos étouffant mais l’autrice réussit à créer des situations stressantes et des retournements de situations tout au long du récit. Il y a juste quelques longueurs au milieu du livre. Le roman est très bien écrit dans la tradition russe avec la description de quelques us et coutumes locaux. Au final, une duologie plaisante à lire