L'arbre-monde : Le livre de Richard Powers

*L'Arbre-Monde* est un long voyage. À travers les neuf personnages au cœur du récit, nous traversons les forêts, les époques et les émotions. Le thème de la place des arbres et de la nature est essentiel et plutôt bien maîtrisé. Cependant, le récit traîne parfois en longueur, le traitement de certains personnages est inégal, et le but initial s’essouffle. Malgré ces quelques faiblesses, *L'Arbre-Monde* reste un bon livre, avec de très beaux passages et un message fort sur l’importance des autres, de la famille, des êtres vivants, qu’ils soient végétaux ou animaux, et sur l’ADN de notre passé. Il ne s’agit malheureusement pas du coup de cœur bouleversant annoncé, mais cela n’engage que le lecteur que je suis.

Ouch !! 535 pages. Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait l'effort de plonger dans un tel fleuve. Mais sous les recommandations de ma dulcinée et pour conforter ma fibre écologiste, je me lance. Les arbres communiquent entre eux et forment une entité vivante qui s'auto-entretient. Mais même les arbres vieux de plusieurs siècles dont la circonférence est plus grande que votre jardin ne peuvent résister aux tronçonneuses. Après la présentation des protagonistes - 30% du livre - la lecture donne le sentiment d'absorber alternativement des empilements de connaissances, des consignes de bonne conduite ou des morceaux d'histoires sur le milieu végétal. Tantôt agréables, tantôt effrayantes ou parfois indigestes. Les descriptions successives dans un langage d'érudit végétal ou une prose métaphorique - tendant parfois vers le mystique - sont quelquefois difficiles à ingurgiter et il est fréquent de revenir une ou plusieurs pages en arrière pour être sûr d’assimiler un passage. Les personnages sont pour la plupart rationnels au début du roman mais évoluent progressivement vers un militantisme vert, voire un écoterrorisme. Ils sont sensés renforcer le message mais paraissent pourtant perdus dans le foisonnement des envolées lyriques et ne sont là que pour servir une vérité rabâchée tout au long du roman sur la nécessité vitale de retrouver le langage des arbres et communiquer avec eux, nos amis, comme c'était le cas au commencement. Le romanesque peine à trouver une place. Si je souscris totalement aux messages écologistes de préserver les arbres et la biodiversité, et trouve absurde de raser des forêts primaires pour le profit, je dois avouer que je termine la lecture de ce livre fatigué (mais je l’ai terminé ! #128522;). J'ai eu du mal à avoir de l'empathie pour les personnages, trop éclipsés qu'ils étaient, indistincts derrière un rideau de messages verts et n'ai pas été sensible à leur "sacrifice" pour la cause. Il n'en reste pas moins que ce roman est riche en enseignements sur le monde des arbres essentiellement aux Etats unis, ainsi que sur l’importance de la déforestation mondiale.

Aujourd'hui, je ne vous parle pas d'un livre, mais d'un arbre. Plus de 700 pages d'humus, de souches en décomposition, de troncs majestueux qui s'élancent vers le ciel et de réseaux interminables de racines qui plongent sous la terre. Les personnages déambulent autour de ces monuments végétaux, même si la vie d'un Homme ne représente qu'une poignée de secondes à l'échelle de ces géants millénaires. Pourtant, il ne faut que quelques heures pour abattre des arbres plus vieux que les pays où ils s'élèvent et détruire des hectares de forêts. Un livre dense et documenté, qui fera évoluer votre regard sur les arbres. Si je devais faire un reproche, je dirais qu'il y a quelques longueurs et qu'il faut avoir du temps devant soi pour s'y lancer, mais accéder à cette forêt, ça se mérite.

Ce livre est doux (parfois violent), poétique et intelligent. Une merveille !! La première partie « racine » décrit la vie de différents personnages qui ont tous un lien de près ou de loin avec les arbres (un arbre planté pour chaque naissance, une passion commune pour la sylviculture avec son papa, un accident...). Même si ce livre n'a rien à voir avec Betty, j'ai ressenti le même apaisement et la même douceur pendant la première partie de cette lecture. Dans l'un j'étais dans les étoiles, dans l'autre sous les arbres