Le temps où nous chantions : Le livre de Richard Powers

Je découvre ce roman paru en 2006. Je sors de cette lecture émerveillée, transformée. Simone Weil a écrit « il y a une grande différence entre savoir une chose et la savoir de toute son âme ». Je crois que je sais enfin à quel point il est absurde de différencier les humains par la couleur de leur peau. La belle affaire me direz-vous, nous le savons déjà… oui, bien sûr… encore que… lisez… Septembre 1939, Marian Anderson chante sur le Mémorial de Lincoln. Dans la foule immense, Délia étudiante en musique à Philadelphie rencontre David un physicien mélomane qui a fui l’Allemagne nazie. Délia est noire. David est blanc et juif. Trois enfants naissent de leur union. David et Délia rêvent de mêler leurs origines leurs appartenances leurs cultures comme ils mêlent toutes les musiques en jouant chaque soir en famille, il suffit de trouver la bonne entrée. Leurs enfants doivent s’inventer, ni noirs, ni blancs, ni juifs… mais musiciens, ils se cherchent et sont rattrapés à chaque page par des assignations identitaires d’une violence intolérable. Les personnages traversent ainsi 50 années de discrimination raciale décrite avec une précision et une sensibilité extraordinaires. La musique accompagne chaque mouvement de ce roman complexe par la quête obstinée d’une harmonie impossible entre des univers trop différents, elle colore chaque événement , chaque émotion et fabrique une symphonie en contrepoint, majestueuse

En 1939 un juif Allemand échappé de l'Allemagne nazi, et une jeune femme noire passionnée de chant et de musique, se rencontrent lors d'un concert a Washington et fondent une famille métissée. Avec un sens profond de la narration; l'auteur jongle d'une époque à une autre, et suit l'évolution du racisme et de la lutte pour les droits civiques Américains sur plus de cinquante ans. Un roman passionnant qui évoque la musique avec un vocabulaire riche et varié, parfois poétique, mais aussi, et c'est dommage, un peu trop technique, notamment sur quelques passages un peu longuet dans la première partie. Au final, un grand roman sur la famille, la musique et sur les préjugés racistes aux Etats-Unis.