Seules les vignes : Le livre de Lolita Sene

Les femmes qui grisent sont dangereuses. « Seules les vignes » : plus délectable qu’une étude sociologique, plus efficace qu’un discours technocratique et très éloigné des rêves de dégustations sur papier glacé. Lolita Sene, écrivain vigneronne ou vigneronne écrivain, met en scène les héros quotidiens de la vigne dans le Sud-Est de la France et, au-delà, adresse un fraternel salut à la condition paysanne. Après « Un été chez Jida », déjà édité au Cherche-Midi et sélection du grand site d’actualité littéraire Mare Nostrum, elle signe son deuxième roman à l’écriture aussi puissante que le vin naturel qu’elle produit autour de Rochefort-du-Gard. Une vraie fête du vocabulaire. Savez-vous faire « la différence entre un sarment et un courson, un rouleau Faca et un griffon, une barrique et un foudre » ? Le foisonnement de mots techniques, oubliés ou ignorés mais toujours gouleyants glisse entre les pages des senteurs de thym et des arômes de vin fait. A l’évocation du climat, parfois rude, les lecteurs de l’Uzège et du Gard reconnaîtront leur territoire et son évolution, au-delà même de celle de la vigne. Les autres se prendront aussi à aimer le récit, étendu sur les quatre saisons, de l’affrontement physique et mental de deux vignerons, l’un aguerri, l’autre plus jeune, entre l’homme et la terre. Sous le clavier de Lolita Sene, comme naguère sous la plume de Giono, cette tragédie revêt une dimension universelle. L’écriture, alerte, vigoureuse, épamprée se mue parfois en prose libre pour rompre la cadence et nous faire mieux entendre le vrai parler. Mais oui, main à la plume vaut main au sécateur !

C’est l’histoire d’Arnaud, Nathalie, Le jeune et bien d’autres. Tous ceux qui vivent de la terre, qui scrutent le ciel et qui frissonnent devant Dame Nature. Tous ceux qui se battent chaque jour pour que le prochain soit plus clair, plus doux, plus rassurant. Tous ceux qui survivent dans nos campagnes, qu’ils aient ou non choisi d’être là, au cœur de leurs vignes… Seules les vignes de Lolita Sene est un roman touchant sur deux couples, mais aussi sur le monde des viticulteurs. Exerçant elle-même ce métier, on sent toute la tendresse et les difficultés quotidiennes que demandent ce travail. Arnaud était prof et a choisi de vivre de la vigne. Il exerce au Clos de la Chouette. Aguerri, il sait que sa terre ne reviendra pas à ses enfants, qui ont choisi d’autres chemins. Nathalie, son épouse, est à ses côtés. Elle non plus n’était pas du métier, mais elle se bat vaillamment pour que chaque jour soit plus léger que le précédent. Et puis il y a Le jeune, qui appelle chaque jour, pour ne pas sombrer devant toute cette pluie et ce mildiou. Avec une écriture fine, les paragraphes courts donnent du rythme au récit, à l’image peut-être de tout ce qui passe dans la tête de ces vignerons. Pour anticiper, pour affronter, pour tomber et se relever…

Seules les vignes par Lolita Sene, Éditions Le cherche-Midi Dans le sud-esr de la France, deux couples de vignerons partagent les difficultés du métier : la sécheresse, la grêle, la maladie de la vigne... Lolita Sene a le don de nous toucher en plein cœur dans ses romans très courts. Après un été chez Jida, roman d'à peine 170 pages et dans lequel l’auteure nous affronte à un sujet sensible et douloureux, elle réitère avec succès dans Seules les vignes, court roman de 128 pages. Dans ce dernier, Lolita Sene nous raconte avec sensibilité et délicatesse le dur métier de vigneron. Nous découvrons la vie des personnages qui ont une belle profession mais dont il n'est pas facile d'en vivre. La nature est la plus forte et les hommes doivent s'adapter et surtout accepter. Et ce n'est pas toujours facile. Ce roman est touchant, court, facile à lire. Je ne peux que vous le conseiller. Merci à #NetGalleyFrance et aux éditions du Cherche-Midi pour l'acceptation de ma demande de lecture.

Seules les vignes par Lolita Sene Le cherche Midi « Tout commence ici. A cet instant précis où les bourgeons éclatent en boutons ». Je voudrais que vous lisiez ce livre. C'est un livre tout simple qui parle de la terre et de comment elle nous tient. Plus que la terre, la vigne. le travail de la vigne est un travail de chaque instant, un indéniable sacrifice pour ceux qui la cultive, le vin que nous avons plaisir à boire est le résultat d'un labeur sans fin. Lolita Sene nous conte le quotidien de deux couples au fil des saisons. La vigne était là avant eux. Ils en prennent soin, il faut lutter contre la maladie et les insectes, la pluie et la sècheresse, les nouvelles mesures agricoles et les nouveaux traitements, les saisonniers qui envahissent et les voisins qui attendent qu'on se casse la pipe, et puis la fatigue, les courbatures, être vigneron c'est physique ! Arnaud est un terrien pragmatique, il sait ce qui l'attend, il sait prendre du recul et regarder ailleurs puis revenir à la tâche. Nathalie son épouse a choisi la vigne, elle aurait pu faire autrement, elle avait étudié, on l'attendait ailleurs mais elle a choisi Arnaud et elle a choisi la vigne. Elle est là lorsqu'il doute. le côté alchimiste du vin, c'est elle. Le jeune, il n'en voulait pas de la vigne, mais quand son père a déserté le foyer il n'a eu d'autres choix. Quitte à y être, il voit tout en grand et ses voisins le sentent bien venir le désastre. La dernière partie donne la parole à la vigne ancestrale. Elle a été plantée au début du siècle précédent, ceux qui l'exploitent ne sont jamais les mêmes, ils ne font que passer, elle, est toujours debout, demandant plus encore parce que aujourd'hui la condition agricole est plus difficile que jamais. Un très court roman qui raconte l'essentiel et le quotidien de la vie de vigneron. Une narration documentée qui colle au terrain et rend hommage à ceux qui travaillent la terre en général et la vigne en particulier.