Dyscool - Le renard de Morlange : Le livre de Alain Surget, Philippe Mignon

La rencontre avec le comte de Morlange, appelé Renaud, s'effectue lors d'une chasse au sanglier. Le récit est rythmé d'entrée de jeu, dans une course à travers champs. Mais si le seigneur a fière allure sur son destrier, il détruit sur son passage les champs de blés que serfs et vilains ont tant de peine à labourer, semer et récolter. Le Sire de Morlange se lance à la poursuite de la bête pourchassée... Il parvient à tuer le sanglier. Mais malheur à celui qui chasse sur son fief sans son accord ! Car le comte de Morlange est un seigneur sans pitié pour les paysans. Il les dépouille aussi de leurs biens : ses vassaux plient sous le poids des corvées et des taxes prélevées sur ce qui leur reste pour vivre... Les vassaux doivent mener de durs travaux : réparer le château et les chemins en pierre du domaine, couper le bois pour l'hiver. Le comte Renaud n'a guère d'égard pour sa femme non plus. En effet, il empêche la comtesse Mathilde de participer aux fêtes et même de sortir se promener dans les bois. Le seigneur de Morlange se présente comme une personnalité, fière de régner sur son fief. - Tous redoutent cependant son arrogance, son mauvais caractère, ses mouvements de colère et ses injustices. Au hasard d'une promenade, le comte Renaud croise un ermite qui lui conseille de faire pénitence... le comte Renaud se met à l'insulter et à le battre. Ni une, ni deux : l'ermite lui lance une terrible malédiction : le seigneur se changera désormais en renard toutes les nuits de pleine lune. A la pleine lune, il se sent attiré par la forêt et en particulier par une source : il veut à tout prix s'y baigner.... Il se métamorphose alors en renard. Mais il se rassure en se disant qu'après tout, ce n'est l'affaire que d'une nuit. Il apprend peu à peu à évoluer dans le corps d'un renard. Il doit aussi respecter les codes d'une autre existence : le territoire des autres renards par exemple. Mais, sa femme surprend son secret : elle enlève les vêtements laissés près de la source . Or la légende dit que l'homme métamorphosé en animal ne peut reprendre forme humaine s'il ne remet pas ses propres habits. Voilà le seigneur de Morlange bien attrapé ! Il doit désormais vivre dans la peau d'un renard. Et pour combien de temps ? Est-ce définitif ? Nul ne le sait. Il vit d'abord dans les sous-bois. Il apprend à chasser, et à et se contenter de peu. D'ailleurs, il se fait pourchasser à son tour... Il apprend aussi la faim et la dureté de la vie... A son tour, il se fait voler ce qu'il a pu saisir dans les bois lorsqu'il a affaire à plus fort que lui. Peu à peu, il comprend le mal qu'il a semé autour de lui: auprès de ses vassaux, mais aussi auprès de sa femme, la comtesse Mathilde. Parviendra t-il à retrouver forme humaine ? Fera-t-il amende honorable ? Le récit est vivant. le lecteur ne s'ennuie pas une seconde : il est plongé dans le récit de cette métamorphose du comte en renard – il suit les traces du renard et aussi la lente transformation du seigneur arrogant en un être plus humain sous la peau d'un animal sauvage... Dans ce roman, Alain Surget a dressé le spectacle de la société médiévale. L'auteur fait participer aux rites médiévaux : chasse dans la forêt, et repas au château, avec jongleurs et ménestrel, tournoi chez un duc ... A cheval, les participants ont d'ailleurs belle allure, fièrement harnachés. C'est d'ailleurs lors des festivités chez le duc de Lorraine que le renard désormais apprivoisé rencontre à nouveau son épouse : la comtesse Mathilde se tient aux côtés d'un autre seigneur, Robert de Florange, qui faisait les yeux doux à sa femme. Le comte de Morlange retrouvera-t-il l'amour aux côtés de sa belle comtesse ? Aura-t-il la possibilité de se lier – et de se réconcilier – avec elle ? J'ai apprécié ce roman bien écrit, avec des tournures médiévales: un roman qui traite d'une métamorphose mais qui présente aussi l'époque du Moyen-âge d'une façon vivante et animée – ce qui n'est pas chose aisée pour un roman historique -. Une époque que j'aime beaucoup, et que j'ai étudiée avec plaisir dans ma jeunesse. Je trouve d'ailleurs l'écriture particulièrement réussi, avec la transposition d'un conte sur un goupil en roman médiéval, avec une transformation psychologique d'un seigneur dur et malavisé : il ne reprend forme humaine que lorsqu'il a compris ses erreurs passées. D'ailleurs le roman évoque l'amour courtois que le chevalier a pour sa dame (dans les chants des ménestrels). Il fait appel au motif de la femme mal mariée (souvent présent dans la littérature médiévale). Il fait référence aussi aux lais : les beaux poèmes de Marie de France. Il ne reste qu'à rêver encore et encore des récits de l'amour courtois ou passionné, ceux de preux chevaliers et de belles dames cousant près de la fenêtre une tapisserie comme celle de la dame à la licorne...

J'ai bien aimé l'histoire même si je la trouve très rapide, je ne suis pas arrivée à aimer le personnage principal malgré son évolution notamment à cause du fait que les éléments ne prennent pas le temps d'être posés. L'idée de la transformation est très intéressante, mais va pas assez loin, le personnage rencontre des difficultés mais on ne comprend pas vraiment le changement qui s'opère en lui, il change car il rencontre des problèmes et se confronte à la solitude, j'aurai préféré qu'on aille plus loin.

Le seigneur de Morlange sème la terreur sur ses terres. Il ne voit aucun problème à détruire les récoltes quand il chasse, détruire les maisons pour trouver le butin du braconnage, séquestrer sa femme au château pour qu'elle reste complètement disponible... il tombe sur un ermite qui vit dans sa forêt, le seigneur de Morlange veut le chasser ou lui faire payer le droit de vivre là, mais l'ermite lui jette un sort : toutes les nuits de pleine lune, il se transformera en renard. En dehors du côté historique et révoltant de la vie de ce seigneur, j'ai trouvé sympa cette découverte de la nature à hauteur de renard. Car si l'homme se transforme en renard, il garde son cerveau humain. On sent le roman jeunesse des années 90 avec sa morale, mais après tout, ça n'est pas complètement inutile !